Une galerie d'art à ciel ouvert, des illusionnistes et des artistes en tous genres

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Par Rebecca McLaughlin-Eastham avec Salim Essaid
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Inspire Middle East part à la découverte du Fine Arts Festival de RAK et de sa galerie à ciel ouvert, rencontre des jeunes magiciens émiratis et des artistes qui repoussent les limites de la créativité

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Dans cette édition, Inspire Middle East fait la part belle aux arts sous toutes leurs formes.

Au programme :

- Une visite au Festival des beaux-arts de Ras el Khaïmah (RAK), au nord des Émirats arabes unis : une vitrine des talents locaux et internationaux dans les domaines de la photo, de l'art et du cinéma.

- Et le récit de magiciens et illusionnistes sur la façon dont ils vivent leur métier et dont il est perçu.

Coup de projecteur sur un festival qui met en lumière la créativité des artistes

Ras el Khaïmah, un émirat situé à la pointe nord des Émirats arabes unis, signifie littéralement « sommet de la tente ». Très apprécié pour ses plages de rêve, ses paysages désertiques et ses imposantes montagnes, il offre depuis 2013 un cadre idéal au « RAK Fine Arts Festival », le Festival des beaux-arts de RAK. Objectif de la manifestation : faire vivre la scène artistique de l'émirat et encourager son développement durant ces deux mois d'ateliers, de projections, d'expositions et de visites guidées.

La nouveauté de cette édition 2020, c'est une immense galerie à ciel ouvert à Al Jazirah Al Hamra, un village abandonné de pêcheurs de perles datant des années 60. Les visiteurs déambulent ainsi entre les maisons traditionnelles faites de pierres, de coquillages et de millions de fragments de corail. Rebecca McLaughlin-Eastham a exploré les lieux et en a appris un peu plus grâce à Suqrat bin Bisher, responsable de l'art et de la culture à la Sheikh Saud bin Saqr Al Qasimi Foundation.

Rebecca McLaughlin-Eastham : « Suqrat, je suis ravie de vous rencontrer, merci de nous recevoir à RAK. Pouvez-vous m'en dire une peu plus sur ce que ce festival a d'unique ? »

Suqrat bin Bisher : « Chaque année, le nombre des demandes est gigantesque, en particulier celles émanant d'artistes locaux ou issus du Conseil de coopération du Golfe. Donc nous pensons que nous devons jouer ce rôle de pont entre l'artiste et le public. L'aspect unique de ce festival, c'est qu'il a lieu dans l'ancien village d'Al Jazirah Al Hamra. C'est un village tout à fait singulier, et l'idée était de conjuguer, de faire se rencontrer l'ancien et la nouveauté. Plus de 160 œuvres sont exposées à travers le village. »

RME, euronews : « Il y a un certain nombre de festivals d'art aux Émirats arabes unis. En quoi celui-ci reflète-t-il la stratégie de l'émirat de RAK ? Pourquoi l'art devient-il plus important ? »

Suqrat bin Bisher  : « Le mouvement artistique de RAK est devenu un thème très important. Tout d'abord, en termes de tourisme, cela attire beaucoup de visiteurs. Ras el Khaïmah est déjà apprécié pour ses bâtiments uniques et incroyables, son patrimoine, son mode de vie. Alors imaginez si vous y ajoutez de l'art. Cela crée un décor magnifique pour les visiteurs étrangers, mais aussi pour les Émiratis, je pense notamment à la jeune génération. »

RME, euronews : « Quelle dimension voulez-vous donner à cet événement ? Quelles sont vos ambitions ? »

Suqrat bin Bisher : « Nous voulons nous concentrer sur l'essentiel, vous savez. Organiser davantage d'ateliers, accueillir des groupes musicaux, nous allons introduire de la musique dans ce festival. Dès que cette édition sera terminée en avril, nous commencerons à travailler sur le programme de l'édition 2021. »

RME, euronews : « Ça a été un plaisir. Shukran jazeelan. »

Suqrat bin Bisher : « Merci. »

Une œuvre pour laisser chacun s'exprimer

Le thème de cette année est celui des « communautés interconnectées ». L'artiste émiratie Nessa Al Shehhi s'est prêtée au jeu et a créé une œuvre intitulée « Qui suis-je ? ».

Elle a placé des écorces de palmier dans un caisson et du sable local dans un autre. L’œuvre consiste à demander aux visiteurs de placer ces matières dans l'un des trois compartiments mis à disposition, selon leur état d'esprit.

La plupart des gens choisissent le contenant qui porte l'inscription « Je ne suis peut-être pas d'accord, mais je vous respecte », ce qui n'a pas vraiment surpris Nessa. Elle en a confié la raison à Rebecca McLaughlin-Eastham.

RME, euronews : « Parlez-moi de votre œuvre. Elle est assez originale, assez complexe, parlez-moi de son essence et de sa signification. »

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Nessa Al Shehhi , artiste contemporaine : « L'idée a été inspirée par l'approche du cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyane - le fondateur de l'approche des Émirats arabes unis - en faveur de la tolérance, de l'acceptation de l'autre et de la coexistence. Une approche consistant à respecter les autres, même s'ils ne sont pas issus de la même culture, n'ont pas le même passé que nous. L’œuvre principale est constituée de trois grandes boîtes et chacune d'elles correspond à un certain type de personne. Les visiteurs peuvent utiliser les écorces ou le sable et les mettre dans la boîte qui reflète leurs idées, leurs convictions ou qui ils sont. »

RME, euronews : « Vous êtes inspirée par la nature et les paysages des Émirats arabes unis, mais aussi par les matières qui en proviennent, ce qui est organique. Comment est-ce que vous faites cela ? »

Nessa Al Shehhi : « La nature a son propre langage. Nous sommes des humains vivant sur terre, et je pense qu'il est très important d'écouter le son de la nature et d'accorder davantage d'attention à la beauté de ses détails. Je fais toujours de mon mieux pour choisir un élément naturel qui soit tout à fait caractéristique des Émirats arabes unis mais que nous oublions parce que nous sommes habitués à le voir. »

RME : « Parlez-moi de votre carrière d'artiste. Il est plutôt atypique - si vous me permettez - de voir une jeune femme émiratie mener une carrière artistique. Est-ce que votre famille a eu du mal à l'accepter ? »

Nessa Al Shehhi : « Au début, c'était un défi parce que l'art dans la région n'était pas une chose courante. J'ai dû démontrer à ma famille et à la société que l'art peut constituer une carrière pour nous aussi, les locaux. Aujourd'hui, le gouvernement et la société y sont très favorables. Ils comprennent et apprécient l'art davantage qu'il y a 10 ans. »

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Des ateliers pour donner libre cours à la créativité

Durant le festival, des ateliers permettent aux participants de donner libre cours à leur créativité, en les initiant à la sculpture de l'argile ou à la peinture abstraite.

Lors de cette session, la jeune Hamama Al Shehhi, férue d'art, a encouragé les enfants comme les adultes à transférer sur la toile leur vision de l'espace.

Alors qui sait ? À mesure que le festival prend de l'ampleur, peut-être que l'un de ces talents émergents verra ses œuvres exposées aux côtés de celles d'artistes renommés à Ras el Khaïmah.

Des beaux-arts à l'art de l'illusion

Inspire Middle East est aussi allé à la rencontre d'un groupe d'artistes et de magiciens en quête de reconnaissance envers leur forme d'art. Salim Essaid a franchi le rideau rouge à Dubaï pour aller à leur rencontre.

Faire des merveilles à partir de rien. C'est la spécialité de cet aspirant professionnel de la magie. Suhail Al Bastaki a 28 ans, il pratique la manipulation, une branche des arts de l'illusion qui repose sur la dextérité et les petits objets. Dans son pays, le public a tendance à être surpris de voir un Émirati pratiquer la magie car dans certaines régions, elle peut être associée au mysticisme ou aux arts obscurs.

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« Quand les gens voient ma magie et mes tours de passe-passe, certains pensent à de la magie noire, mais ça n'a strictement rien à voir. Il s'agit d'adresse et de pratique », insiste Suhail.

Suhail travaille son art depuis huit ans. Il s'est formé en Corée du Sud et pratique au moins sept heures par jour. Il se produit dans divers théâtres à travers les Émirats arabes unis.

Si les magiciens originaires du Proche-Orient sont rares, il en est un qui a fait carrière dans son pays - la très conservatrice Arabie saoudite - puis sur la scène internationale. Mamdouh al-Marzouqi est connu du public sous le pseudonyme « The great Mumdo ». En 2013, il a reçu un « Merlin award », l'équivalent des Oscars pour la magie.

À ses débuts, en 2010, il se produisait seulement dans des fêtes privées. Mais avec la libéralisation progressive de l'offre culturelle en Arabie saoudite, la donne a changé et le succès est au rendez-vous. Mamdouh al-Marzouqi s'est même offert le luxe de faire apparaître un hélicoptère sur scène, un numéro qu'il a peaufiné une année durant.

Pour autant, il l'assure, l'art de la magie ne réside pas dans le sensationnel mais dans la connexion avec le public pour défier son sens de la réalité. Les tours avec un simple jeux de cartes ont beaucoup contribué à l'acceptation de cette forme d'art dans son royaume.

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« Aujourd'hui, je suis beaucoup plus à l'aise quand je dis aux gens que je suis un magicien, explique-t-il. Il y a 10 ans, j'étais un peu nerveux quand je devais annoncer aux gens que je faisais ce métier, parce que cela les faisait... disparaître. »

À mesure que l'Arabie saoudite et d'autres pays de la région s'ouvrent à la magie et à d'autres arts créatifs, les communautés d'artistes aux Émirats arabes unis se font aussi plus visibles. Et elles se sont unies pour se soutenir mutuellement et apprendre les unes des autres en se retrouvant une semaine sur deux.

Des professionnels chevronnés et de jeunes talents se réunissent à la « Home of Flow », pour montrer leurs performances et échanger sur les défis auxquels ils font face.

Créée il y a près de sept ans, cette communauté des danseuses aux rubans, des artistes du flow et des manieurs de lumière compte désormais une quarantaine de membres.

Parmi ses fondateurs, la Néerlando-tunisienne Salina Bakaoul, une ancienne professeure de yoga devenue performeuse de hula hoop. Elle peut en faire tourbillonner 30 à la fois.

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Salina est aussi contorsionniste et aime jouer avec le feu. Même si la vie de saltimbanque peut être financièrement instable, Salina n'y renoncerait pour rien au monde.

« Quand le public vous renvoie son énergie, c'est l'une des expériences les plus merveilleuses au monde, vraiment. C'est mon moteur, être là, voir le public heureux et faire le show », confie-t-elle.

Pour remplacer les agents, qui exigent des pourcentages conséquents et dont bien souvent ils ne peuvent pas se payer les services, ces artistes utilisent des applications mobiles.

Cela leur garantit une sécurité financière.

Suhail Khoury, un artiste polyvalent qui exerce depuis 10 ans et mêle notamment dans ses performances la magie et le feu, a appris de ses expériences. Il a développé une application qui garantit le paiement le jour suivant la performance.

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« Avant, il n'y avait pas vraiment de transparence sur les prix du marché, explique Suhail. Alors les gens essayaient d'en profiter. Ils vous payaient moins, tout en gagnant beaucoup d'argent avec votre performance. Il y avait réellement un vide à combler. »

Avec sa solution mobile, Suhail dit rendre à la communauté un peu de ce qu'elle lui a apporté. Bientôt, les artistes en résidence devront quitter la « Home of flow », mais le groupe est soudé et ne craint pas les jeux d'équilibre qui vont de pair avec la vie d'artiste.

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