Coronavirus : l'Eurogroupe divisé sur le plan de sauvetage de l'économie

Le président de l'Eurogroupe, Mario Centeno, à Bruxelles le 17 février 2020.
Le président de l'Eurogroupe, Mario Centeno, à Bruxelles le 17 février 2020. Tous droits réservés FRANCOIS WALSCHAERTS/AFP
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Par Euronews avec AFP
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Les ministres des Finances européens ne sont pas parvenus à s'entendre mardi sur de nouvelles mesures coordonnées de soutien à l'économie, laissant le soin à leurs dirigeants de décider des meilleures options face au choc engendré par le Covid-19.

Les ministres des Finances européens ne sont pas parvenus à s'entendre mardi sur de nouvelles mesures coordonnées de soutien à l'économie, laissant le soin à leurs dirigeants de décider des meilleures options face au choc engendré par le coronavirus.

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Les ministres se sont entretenus deux heures durant par visioconférence sans réussir à publier un communiqué commun. Le président de l'Eurogroupe, Mario Centeno a même dit attendre "avec impatience" les "orientations" des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, qui doivent s'entretenir jeudi par visioconférence.

"Nous sommes prêts à mettre en oeuvre leur décision peu de temps après", a-t-il ajouté.

Le Portugais a cependant souligné qu'il existait "un large soutien" parmi les ministres pour mettre l'énorme fonds de sauvetage de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité (MES), à disposition des Etats membres. Le MES, qui dispose d'une puissance de feu de plus de 400 milliards d'euros, a pour principale fonction de sauver les pays qui perdent l'accès à l'emprunt - ce qui n'est pas le cas actuellement.

Mais il peut également offrir aux pays qui le demandent une garantie de prêt, c'est-à-dire une somme importante, en principe jamais utilisée, qui agit comme un signal pour rassurer les marchés.

C'est cet "instrument" qui est envisagé par les Etats membres, a expliqué M. Centeno. "Bien que ces caractéristiques bénéficient d'un large soutien (...) les détails doivent encore être précisés", a-t-il ajouté.

Certains Etats membres trouvent en effet prématuré de songer dès maintenant à utiliser ce fonds.

"Nous sommes dans le brouillard et (...) nous ne savons pas si une phase plus difficile viendra plus tard", a ainsi expliqué le ministre néerlandais des Finances Wopke Hoekstra. "La logique veut que nous gardions notre arsenal et que nous ne dégainions pas prématurément", a-t-il ajouté.

Une scission entre Etats du Nord et du Sud

L'épidémie de Covid-19 a mis l'économie européenne à genoux, et l'Italie, particulièrement touchée, espère avec le soutien de la France et de l'Espagne une réponse massive de ses partenaires, dans un acte historique de solidarité financière.

La ministre espagnole de l'Economie, Nadia Calvino, avait même appelé avant la réunion, à "un plan Marshall" pour l'économie européenne.

Mais les pays du Nord, Berlin et La Haye en tête, estiment que la relance massive annoncée par la Banque centrale européenne (BCE), si elle est soutenue par des dépenses au niveau national, est pour l'instant suffisante.

Cette division n'est pas nouvelle : ces pays, plus vertueux en matière budgétaire, ont toujours observé avec méfiance les Etats du sud, qu'ils jugent plus laxistes, surtout depuis la crise de la dette de la zone euro.

Paris, Madrid ou Rome réclament depuis longtemps la création d'"euro-obligations", qui mutualiseraient les dettes des 19 pays ayant adopté la monnaie unique, afin de stabiliser la zone euro et de l'unifier un peu plus. Cet appel a récemment été renouvelé par l'Italie, qui a proposé la création de "corona-bonds", avec le soutien de la France, mais l'Allemagne a balayé cette idée.

"Je ne peux que recommander de ne pas organiser un faux débat pour des raisons idéologiques, dans lequel chacun déterre sa solution préférée d'il y a cinq ou dix ans", a déclaré le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, à Berlin. "Ce serait une erreur, pour le moment, et nous ne l'accepterons pas", a-t-il ajouté.

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