Les incidents violents dans les banlieues françaises font craindre un embrasement

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Par Anelise BorgesMaxime Biosse Duplan
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Après Villeneuve-La-Garenne, Gennevilliers, Clamart, Champigny-sur-Marne ont connu des affrontements avec la police la nuit dernière. Reportage d'Anelise Borgès.

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Les incidents violents dans les banlieues françaises sont dues à "la dureté" du confinement. C'est en tout cas ce qu'estime Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur. Gennevilliers, Clamart, Champigny-sur-Marne ont connu des affrontements avec la police la nuit dernière, après la nuit de violences à Villeneuve-la-Garenne.

Anelise Borges, correspondante à Paris : «C'est ici qu'a eu lieu l'incident qui a déclenché cette dernière vague de violence. Un accident a impliqué un motard de 30 ans et une voiture de police banalisée qui aurait, selon certains habitants, délibérément ouvert la porte pour le blesser. »`

De son lit d'hôpital, le blessé a appelé la population de son quartier au calme. Mais si les habitants disent qu'ils ne veulent pas que les choses dégénèrent, ils expliquent aussi que l'intimidation et l'humiliation durent depuis trop longtemps.

Mohsen Troudi, résident de Villeneuve-la-Garenne : "Il y a eu beaucoup plus d'incidents ces quatre, cinq dernières années... nous avons un jeune gars qui habite à côté qui s'est fait tirer dessus à huit reprises parce qu'il avait refusé d'être contrôlé par la police (...) Nous voulons être égaux ... parce que c'est ce qui résume la France - égalité, fraternité. Mais nous ne nous sentons pas traités comme des égaux. Si vous venez d'une banlieue, et surtout d'une banlieue perçue comme tendue, vous êtes un citoyen de seconde zone. Et si vous êtes arabe, ou noir ou musulman…"

Les règles de confinement ont évidemment durci des conditions de vie déjà difficiles et ajouté aux tensions latentes entre certains habitants des cités et les représentants de l'Etat.

Les initiatives de distribution d'aide humanitaire se sont multipliées et certains ici, trop gênés pour montrer leurs visages, viennent pour la première fois.

«Le plus difficile, dit cette habitante de Clichy-Sous-Bois, c'est les enfants… quand ils disent "maman, je veux ceci ou cela". Et quand nous ne pouvons pas payer les factures."

Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois : «Dans les quartiers populaires, cette crise de santé publique a doublé avec une crise sociale. Et nous n'avons peut-être pas anticipé l'impact. Rester à la maison et cesser de travailler - même des emplois informels - cela accentue les difficultés."

Pour l'homme qui a documenté les tensions - et dont nous avons utilisé les photos dans ce reportage - le stress économique supplémentaire et l'absence de confiance du public dans la police peut pousser les banlieues au bord du gouffre : « Pour moi, ce ne sont pas des émeutes juste pour des émeutes. Ce sont des appels à l'aide. Ce qui se passe dans ces quartiers, c'est un appel au secours - au gouvernement, à l'État, au président. Ce n'est peut-être pas la meilleure façon de le faire, mais c'est la seule façon pour beaucoup ici d'être entendus. »

A Gennevilliers, une quinzaine d'engins incendiaires artisanaux ont été découvert par la police, qui a arrêté une quinzaine de personnes sur tout le territoire.

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