"La solidarité n'est pas un délit", clame Cédric Herrou : le défenseur des migrants est relaxé

Cédric Herrou invité au 71ème Festival de Cannes - France - le 18 mai 2018
Cédric Herrou invité au 71ème Festival de Cannes - France - le 18 mai 2018 Tous droits réservés Vianney Le Caer/Invision/AP
Par Joël Chatreau
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Il aura fallu trois procès et l'intervention du Conseil constitutionnel pour que Cédric Herrou se tire d'un mauvais pas. Cet agriculteur français, qui avait accueilli chez lui environ 200 migrants près de la frontière avec l'Italie, a été relaxé ce mercredi par la Cour d'appel de Lyon.

Je suis relaxé !!!!! La solidarité n’est pas un délit et ne le sera jamais
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C'est le cri du coeur lancé ce mercredi par le jeune agriculteur français Cédric Herrou sur son compte Facebook. Il marque la fin heureuse du parcours du combattant... des droits de tout migrant dans le monde : le militant vient en effet d'être relaxé par la Cour d'appel de Lyon, la grande ville du sud-est de la France. "Renvoyé de toutes les poursuites" à son encontre, dit exactement le jugement, après des années d'ennuis judiciaires.

L'exploitant agricole installé dans la vallée de la Roya, située à la frontière franco-italienne, a également évité une peine pour des faits annexes concernant une "installation en réunion sur un terrain appartenant à autrui sans autorisation". Il s'agissait de l'emplacement d'une ancienne colonie de vacances abandonnée par la SNCF, qu'un collectif d'associations avait transformée en centre d'accueil de fortune. Un jour de 2016, Cédric Herrou y avait conduit environ 200 migrants, des Soudanais et des Erythréens en majorité, en les guidant à travers la montagne.

Trois procès et une saisine du Conseil constitutionnel plus tard...

Poursuivi pour "aide à l'entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d'étrangers en France", le prévenu avait été condamné à une simple amende début 2017 à Nice, mais au mois d'août suivant à quatre mois de prison avec sursis par la Cour d'appel d'Aix-en-Provence. Cédric Herrou avait alors saisi le Conseil constitutionnel. Moins d'un an plus tard, en juillet 2018, ce dernier avait tranché en sa faveur, prenant une décision historique qui reposait sur un principe fort :

Une aide désintéressée aux migrants, qu'elle soit individuelle ou militante et organisée, ne doit pas être poursuivie

La Cour de cassation a ensuite enchaîné en entérinant ce "principe de fraternité". Dès le mois de décembre 2018, elle a donc "cassé" la peine d'emprisonnement de l'agriculteur défenseur des migrants, et a renvoyé l'affaire devant la Cour d'appel de Lyon. Ce 13 mai 2020, la boucle est bouclée.

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