Trump ne contient pas sa fureur : il menace de déployer des milliers de soldats dans Washington

Donald Trump traverse le parc Lafayette pour se rendre à l'église Saint John, à Washington, le 1er juin 2020
Donald Trump traverse le parc Lafayette pour se rendre à l'église Saint John, à Washington, le 1er juin 2020 Tous droits réservés AP Photo/Patrick Semansky
Tous droits réservés AP Photo/Patrick Semansky
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

C'est la première fois au cours de son mandat que le président américain est confronté à une telle rage dans la rue. Elle est provoquée par la mort de George Floyd, un Noir asphyxié par un policier blanc.

PUBLICITÉ

Donald Trump, fou furieux, a du mal à contenir sa colère et menace de lâcher des milliers de soldats dans un premier temps dans la capitale américaine, Washington, pour tenter de reprendre le contrôle de la situation et rétablir l'ordre. C'est la première fois au cours de son mandat pourtant tumultueux que le président des Etats-Unis est confronté à un tel débordement dans la rue. Des centaines de milliers de personnes ne digèrent pas la mort de George Floyd, un Noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc il y a huit jours à Minneapolis, dans l'Etat du Minnesota.

Main sur la Bible mais prêt à donner l'ordre à l'armée

Symboliquement, Donald Trump s'est rendu à pied lundi après-midi à l'église Saint John, toute proche de la Maison Blanche. L'édifice religieux avait été vandalisé par des manifestants dimanche soir, et ostensiblement, devançant de quelques mètres un petit groupe de membres de son cabinet, le chef de l'Etat est allé poser devant le lieu de culte, une bible en main.

AP Photo/Patrick Semansky
Le président Trump, la Bible en mains, devant l'église Saint John, à Washington, le 1er juin 2020AP Photo/Patrick Semansky

Plus tôt dans la journée, ce n'était pas un homme de paix qui s'exprimait : qualifiant les manifestations au coeur de Washington de "honte", le président américain a averti qu'il allait donner l'ordre de déployer dans la capitale des "milliers de soldats lourdement armés" pour mettre un terme "aux émeutes" et "aux pillages", qu'il a même qualifié de "terrorisme intérieur".

Il a également dit clairement aux gouverneurs des Etats où la protestation se propage, entraînant aussi des émeutes, que s'ils n'agissaient pas, il s'en chargerait lui-même :

Si une ville ou un Etat refuse de prendre les décisions nécessaires pour défendre la vie et les biens de ses résidents, je déploierai l'armée américaine pour régler rapidement le problème à leur place
Donald Trump

Biden attaque avec en tête l'électorat noir

Ce ras-le-bol du racisme et des inégalités sociales entre Blancs et Noirs aux Etat-Unis, renforcé par des violences policières récurrentes à l'encontre justement de la communauté noire, explose en pleine campagne pour l'élection présidentielle de novembre prochain.

Joe Biden, l'adversaire démocrate de l'actuel locataire de la Maison Blanche, candidat officiel des républicains, n'a donc pas raté l'occasion de tacler Donald Trump sur son compte Twitter :

Il utilise l'armée américaine contre le peuple américain. Il a fait tirer du gaz et des balles en caoutchouc sur des manifestants pacifiques... pour une photo (devant l'église Saint John)
Joe Biden

Comme Donald Trump, l'ancien vice-président américain au cours du mandat de Barack Obama est allé dans une église le 1er juin, mais l'église d'une paroisse noire dans son Etat du Delaware.

La rage se propage de ville en ville

La Maison Blanche ressemble désormais à un camp fortifié. Lundi, des centaines de manifestants ont défié les forces de sécurité qui défendent le prestigieux bâtiment, et des policiers ont utilisé du gaz lacrymogène pour les disperser. En soirée, plusieurs dizaines de protestataires ont été arrêtés parce qu'ils violaient le couvre-feu instauré à partir de 19H00 heure locale à Washington.

Gina Ferazzi, photographe de presse du Los Angeles Times, a pris les clichés spectaculaires ci-dessous lors d'une manifestation lundi à Riverside, une ville qui fait partie de l'agglomération de LA.

A Los Angeles, New York, Boston, Seattle, et dans plusieurs dizaines d'autres villes à travers les Etats-Unis, la colère se transforme en rage au sein des rassemblements, et des casseurs "professionnels" font tourner les événements au vinaigre. Plusieurs grands magasins de la célèbre 5ème Avenue new-yorkaise ont par exemple été pillés lundi soir. Le couvre-feu, qui était instauré dans la mégalopole de 23 heures à 5 heures du matin, va donc démarrer plus tôt, dès 20 heures ce mardi; c'est ce qu'a décidé le maire, Bill de Blasio.

"Je ne peux pas respirer"

Les deux autopsies réalisées sur le corps de George Floyd - l'une officielle, l'autre réalisée indépendamment à la demande de la famille du défunt - donnent des résultats à peu près similaires. La première conclut à une pression létale au niveau du cou de l'homme noir de 46 ans, qui a provoqué un arrêt du coeur. La seconde indique qu'il est mort asphyxié en raison d'une "pression forte et prolongée" exercée sur son cou et sa cage thoracique.

Voici pourquoi le slogan "I can't breathe" - "Je ne peux pas respirer" - revient sans cesse dans la bouche des protestataires : ce sont les derniers mots prononcés par la victime, recroquevillée sur le sol, menottée, et sur laquelle le policier Derek Chauvin appuyait fortement son genou... sans jamais relâcher la pression.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Mort de George Floyd : que risque le policier Derek Chauvin ?

Mike Pence : "Je crois que l'Amérique est le leader du monde libre"

Procès Trump : aucun juré choisi à l'issue du premier jour