Le policier blanc accusé du "meurtre" de George Floyd : Obama salue un "changement de mentalité"

L'ancien président américain Barack Obama en visioconférence le 3 juin 2020
L'ancien président américain Barack Obama en visioconférence le 3 juin 2020 Tous droits réservés My Brother's Keeper Alliance and The Obama Foundation via AP
Par Joël Chatreau
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La justice américaine accuse désormais le policier Derek Chauvin de "meurtre" à l'encontre de George Floyd. L'ex-président Obama salue donc un "changement de mentalité en cours" aux Etats-Unis.

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La société américaine reprend un peu d'"estime de soi". La mobilisation chaque jour plus forte de centaines de milliers de personnes dans la rue partout à travers les Etats-Unis, dans le but de dénoncer le racisme de certains policiers blancs, n'est pas étrangère à l'évolution de la décision judiciaire. Le procureur Keith Ellison qui enquête sur la mort par asphyxie le 25 mai dernier à Minneapolis de George Floyd, un Noir de 46 ans, a durci l'accusation à l'encontre de l'agent de police Derek Chauvin (ci-dessous).

Courtesy of Ramsey County Sheriff's Office via AP
Une photo de Derek Chauvin fournie par le bureau du shérif du comté de Ramsey, le 29 mai 2020Courtesy of Ramsey County Sheriff's Office via AP

La qualification d'"homicide involontaire" a été changée en "homicide VOLONTAIRE", c'est à dire de "meurtre non prémédité" selon la législation américaine. L'accusé, qui a déjà été écroué fin mai, risque désormais jusqu'à 40 ans d'emprisonnement. Le représentant du parquet de l'Etat du Minnesota a également fait monter la caution pour une éventuelle libération de Derek Chauvin à 1 million de dollars.

Hennepin County Sheriff's Office via AP
Photos des ex-policiers Alexander Kueng, Thomas Kiernan Lane et Tou Thao diffusées par le bureau du shérif du comté de HennepinHennepin County Sheriff's Office via AP

"Complicité de meurtre" pour trois autres agents

Quant aux trois anciens collègues du principal suspect - car comme lui, ils ont tous été limogés -, Alexander Kueng, Thomas Kiernan Lane et Tou Thao (photographiés ci-dessus de gauche à droite), ils sont maintenant poursuivis pour "complicité de meurtre". Le procureur estime qu'ils ont aidé leur camarade à plaquer George Floyd au sol, alors qu'il était menotté.

Il leur est aussi reproché leur totale passivité durant les 8 minutes, interminables pour la victime, au cours desquelles le policier exerçait une pression constante de son genou sur le cou de l'homme noir à terre, jusqu'à ce qu'asphyxie en suive, comme l'ont indiqué deux autopsies. Une vidéo montrant ce supplice a fait éclater le scandale, indignant de nombreux Américains et citoyens du monde entier.

Homicide jusqu'à la préméditation ?

La famille de George Floyd a fait part de sa reconnaissance dans un communiqué :

C'est un pas important sur la voie de la justice (...) Nous sommes reconnaissants de ce développement important avant que ne soit inhumé le corps de George Floyd

L'avocat des proches, Ben Crump, demande toutefois au parquet du Minnesota d'aller encore plus loin, en considérant que l'homicide était "prémédité".

La "révolution américaine" selon Obama

Sur le plan politique, tandis que le président Donald Trump s'enferre dans son intention de faire appel à l'armée "pour régler rapidement le problème" - de sa propre expression, le "problème" étant pour lui l'ampleur des manifestations rarement atteinte depuis des décennies aux Etats-Unis -, son prédécesseur a mis les pieds dans le plat.

Barack Obama a en effet salué jeudi 4 juin le "changement de mentalité en cours" sur le racisme au sein des forces de l'ordre, une évolution qui pourrait à ses yeux aboutir à des réformes au niveau national.

L'ancien président démocrate a notamment déclaré :

Rappelez vous que ce pays a été fondé sur un mouvement de protestation. Ca s'appelle la révolution américaine
Barack Obama

Tirs à boulets rouges sur la Maison Blanche

Dans le camp républicain de Trump, la dissonance se fait entendre, même jusqu'au sein du gouvernement. Le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, s'est permis mercredi 3 juin de rejeter l'idée de "son patron" de déployer beaucoup de soldats dans les grandes villes pour contrôler la protestation populaire.

Je ne suis pas favorable au décret de l'état d'insurrection (...) qui permettrait une telle mesure
Mark Esper

Un autre homme de la Défense, Jim Mattis (ci-dessus) - et pas n'importe lequel puisqu'il était le chef du Pentagone auprès de Donald Trump, avant de démissionner - n'a pas "raté" le président pour sa part, l'accusant de "diviser" l'Amérique.

De mon vivant, Donald Trump est le premier président qui n'essaye pas de rassembler les Américains, qui ne fait même pas semblant d'essayer
Jim Mattis

Le locataire de la Maison Blanche a beau être de plus en plus fâché avec l'entreprise Twitter, cela reste toujours sa dernière arme.

Voici ce qu'il a balancé au général Mattis :

Le général le plus surestimé du monde (...) Un chien fou (...) Je suis content qu'il soit parti !
Donald Trump
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