Nucléaire et charbon : l'Allemagne peut-elle abandonner les deux ?

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Par Jona Källgren
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Deuxième épisode de notre série consacrée au nucléaire en Europe : l'Allemagne veut sortir du nucléaire, puis du charbon. Cette stratégie suscite l'inquiétude chez ceux qui tirent de ces énergies, une source de revenu et sur la capacité des énergies renouvelables à prendre le relais.

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Sortir du charbon et du nucléaire, c'est l'ambitieux projet de l'Allemagne pour contribuer à diminuer drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre tandis que certains de ses voisins européens tentent eux aussi de le faire à leur manière.

Une démarche qui suscite l'inquiétude chez certains, notamment à Brokdorf, au nord de Hambourg où cette centrale nucléaire produit de l'électricité depuis près de 35 ans. Mais cela va bientôt changer : au 31 décembre 2021, le site sera déconnecté du réseau en vue d'être démantelé.

Le gouvernement allemand a ainsi prévu de fermer toutes les centrales nucléaires du pays d'ici 2022.

"Où nos enfants vont-ils aller travailler ? C'est ça, le problème," s'interroge Elke Göttsche, la maire de Brokdorf.

Le nucléaire pourvoit de nombreux emplois. Et pendant des années, le village a aussi pu financer ses équipements, notamment une patinoire, grâce à l'ancienne taxe sur le nucléaire.

Des milliards d'euros en jeu

Le contraste est fort avec un autre grand projet énergétique de l'Allemagne : la fin des centrales à charbon : le gouvernement a promis 40 milliards d'euros d'aide aux régions touchées par la fermeture des centrales et mines à charbon.

"On a investi des milliards pour sortir du charbon," fait remarquer Elke Göttsche. "Le gouvernement fédéral devrait aussi envisager de soutenir la fin de l'énergie nucléaire," insiste-t-elle.

À une heure de route au sud de Brokdorf, le charbon fait encore fonctionner la centrale de Moorburg. Elle pourrait rester opérationnelle jusqu'en 2038, échéance à laquelle toutes les centrales à charbon allemandes devront être mises à l'arrêt.

Certains estiment impossible que le pays puisse sortir en même temps du charbon et du nucléaire.

Mais pour Manfred Braasch, leader des Amis de la Terre à Hambourg, remplir ce double objectif est une nécessité.

"Que ce soit le charbon ou le nucléaire, ils n'ont aucun avenir," estime-t-il. "Et c'est pour cela que nous devons transformer la production d'électricité en Allemagne et en Europe," affirme-t-il.

Les énergies renouvelables seront-elles à la hauteur ?

L'idée, c'est qu'à terme, la montée en puissance des énergies renouvelables compense l'arrêt des centrales nucléaires et à charbon.

L'an dernier, leur part dans la production électrique allemande a atteint 46% et dépassé pour la première fois, celle des combustibles fossiles.

Mais l'instauration de limites plus contraignantes de distance pour implanter des éoliennes a ralenti leur essor, insufflant le doute sur l'ensemble du plan de transition énergétique allemand.

C'est Angela Merkel qui a décidé après la catastrophe de Fukushima en 2011 d'imposer l'échéance de 2022 pour sortir du nucléaire. Mais pour juger sa politique, il faudra attendre bien plus longtemps, à savoir 2038 quand la dernière centrale à charbon sera arrêtée. Il faudra à ce moment-là que les énergies renouvelables soient réellement en mesure de prendre le relais pour qualifier ou non le plan allemand, de réussite.

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