Climat : les menaces que font peser l'inexorable recul des glaciers dans les Alpes

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Par Guillaume Petit
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Plus de 2 km en un siècle... Le plus grand des glaciers français réduit comme peau de chagrin. Si la menace principale que fait peser le réchauffement climatique sur ce sanctuaire naturel est d'abord environnementale, les activités humaines, comme le tourisme, en pâtissent également.

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A l'occasion de la semaine consacrée à l'environnement que propose euronews avec le programme "Green Tomorrow", notre reporter Guillaume Petit est parti explorer les conséquences du changement climatique dans le massif du Mont-Blanc et autour. L'objectif était simple : montrer les impacts concrets de la hausse des températures - de la fonte des glaciers et du permafrost jusqu'aux conséquences sur la biodiversité, les ressources naturelles, le tourisme et l'agriculture - à travers les yeux de ceux qui les vivent. Ce premier épisode nous emmène à haute altitude parmi les plus grands glaciers français du massif du Mont-Blanc. La menace que fait peser le réchauffement climatique sur ces sanctuaires naturels est non seulement grave pour l'environnement, mais elle l'est aussi pour les infrastructures de haute montagne, la pratique de l'alpinisme et à terme, très probablement, pour le tourisme.

Napoléon III, Victor Hugo, George Sand… : ils ont tous séjourné, près de la Mer de Glace. Le plus grand glacier français, dans le massif du Mont-Blanc, aura traversé les millénaires et les siècles. Mais il vit peut-être actuellement son dernier. Cela fait 20 ans que le glaciologue Luc Moreau l’observe en permanence.

Et chaque année, la Mer de Glace fond encore un peu plus et plusieurs nouvelles marches d’escalier doivent être ajoutées pour l’atteindre. Ce spécialiste nous explique "qu'Il y a 200 ans, le sommet arrivait au sommet des roches polies. Et depuis deux siècles, le glacier a diminué et donc on voit très bien l’érosion du glacier, avec ces sables et graviers qui montrent le niveau du glacier d’il y a 200 ans".

En plus d’un siècle, la mer de glace a perdu plus d’un quart de son épaisseur et reculé d'environ 2 kilomètres. Le résultat visible à l’œil nu de décennies de réchauffement climatique.

Pourquoi est-ce un cercle vicieux pour notre environnement ?

Depuis la moitié du 19ème siècle dans les Alpes, nous constatons un réchauffement des températures annuelles moyennes d’environ 2° C, ce qui est plus de deux fois plus important que le réchauffement mesuré à l’échelle mondiale.

D’après les études scientifiques, la Mer de Glace va continuer à se rétrécir et pourrait même disparaître si les émissions carbone ne sont pas stabilisées avant la fin du siècle. Le glacier d’Argentière, déjà invisible depuis la vallée, aura lui complètement disparu. Un processus qui accélère à son tour le réchauffement climatique.

"Plus le climat se réchauffe, plus les glaciers reculent. Et moins nous avons de surfaces blanches, qui renvoient le rayonnement solaire" nous explique le géomorphologue français Ludovic Ravanel en ajoutant que "la fonte des glaciers entraîne une augmentation des surfaces grises, ce qui accélère le processus de réchauffement".

Quelles conséquences pour nos activités humaines en haute montagne ?

D’autres conséquences sont moins visibles de prime abord. La hausse des températures entraîne par exemple une fonte du pergélisol, ce gel permanent décrit par les scientifiques comme le ciment des montagnes. Sa disparition déstabilise déjà les parois rocheuses, provoque des éboulements et pose des risques à venir pour des centaines d’installations dans les Alpes.

Un point sur lequel Ludovic Ravanel est affirmatif : "C’est vrai que depuis une vingtaine d’années on voit une multiplication d’instabilités de remontées mécaniques, de refuges, et donc aujourd’hui il faut mieux anticiperais terrains pour mieux anticiper le changement climatique".

Anticiper, c’est ce que doivent également faire les guides de haute montagne, dont l’activité est en première ligne face au réchauffement climatique. Dans le massif du Mont-Blanc, la période enneigée a diminué de 40 jours en dessous des 2500 mètres d’altitude et la pratique de l'alpinisme devient de plus en plus technique.

"Certains itinéraires deviennent infréquentables. Et c’est vrai que quand le phénomène est rapide il est plus délicat de s’adapter, on pratiquera différemment, peut-être un peu moins, mais le métier de guide perdurera" selon Olivier Gréber, le président de la Compagnie des guides de Chamonix, qui ajoute toutefois que ce sera plus un "métier d'appoint".

A l’inverse, l’augmentation du nombre de jours plus doux pourrait permettre de développer le tourisme hors-saison, sans assurance que cela viendra compenser les pertes liées au le climat. Le tourisme représente près de 20% de l’économie de la région. L’imaginaire de la montagne n’en sera ainsi pas le seul bouleversé, si le réchauffement climatique continue d’atteindre des sommets.

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