France : la découverte d'une nécropole antique met en lumière l'essor du christianisme

Sarcophage en pierre ouvert, le couvercle est posé à côté de la cuve
Sarcophage en pierre ouvert, le couvercle est posé à côté de la cuve Tous droits réservés © Christophe Fouquin, Inrap
Tous droits réservés © Christophe Fouquin, Inrap
Par Vincent Coste
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C'est une découverte extraordinaire. Des archéologues ont mis au jour en Bourgogne des centaines de tombeaux. Certains contiennent de véritables trésors datant de la Gaule romaine aux prémices de la christianisation.

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Connaissez-vous Autun ? Plusieurs centaines de sépultures ont été mises au jour dans cette ville de Saône-et-Loire, l'antique Augustodunum romaine. La datation de cette nécropole est d'importance puisqu'elle aurait été utilisée durant la période de l'Antiquité tardive, soit quelques siècles avant l'avènement du Moyen Âge. Une période où le christianisme s'est développé dans la Gaule, alors sous domination de l'empire romain.

© Christophe Fouquin, Inrap
Vue du site en cours de fouille avec, au premier plan, un cercueil en plomb© Christophe Fouquin, Inrap

Cette nécropole découverte dans cette ville de Bourgogne-Franche-Comté, par les équipes de l'Inrap, l'établissement public français en charge de l'archéologie préventive, a été en fonction entre les IIIe et Ve siècle. L'hypothèse soulevée par les archéologues et les anthropologues qui ont participé à ces fouilles dans le quartier de Saint-Pierre-l’Estrier est que certains des défunts inhumés en ces lieux étaient chrétiens. A cette époque, en effet, la christianisation n'est encore que balbutiante aux marges de l'empire romain. Des conversions ont été attestées dès le IIe siècle à Autun.

Une grande nécropole où "tout est mélangé"

Les différentes sépultures découvertes sur le site ne répondent pas à un schéma identique, selon les spécialistes, attestant d'un "christianisme en construction" que l'on retrouve donc dans les pratiques funéraires non normalisées.

© Christophe Fouquin, Inrap
Sépulture d’enfant en cours de fouille© Christophe Fouquin, Inrap

Les archéologues ont ainsi mis au jour une très grande variété de mode d'inhumation couvrant les trois siècles où la nécropole a été utilisée. Des cercueils en bois, des coffrages et des sarcophages en pierre ou en plomb, ou encore une amphore contenant les restes d'un bébé (une pratique assez courante de l'antiquité à l'antiquité tardive) ont ainsi été mis au jour.

© Christophe Fouquin, Inrap
Examen et enregistrement anthropologique des éléments fouillés dans un sarcophage de pierre contenant un cercueil en plomb© Christophe Fouquin, Inrap

Des trésors appartenant à la haute aristocratie de la ville

Pour les scientifiques, ce site, qui abrite sans doute la dernières demeures des membres de la communauté chrétienne de la ville, se distingue aussi par la grande variété des origines sociales. Si certaines sépultures ne renferment que les corps des défunts, d'autres attestent d'une appartenance à une aristocratie locale. Des objets extrêmement rares en Gaule romaine ont ainsi été découverts dans certains sarcophages comme des épingles en ambre ou en jais, des anneaux, des bagues ou des boucles d’oreille en or. Des étoffes tissées de fils d’or ont été aussi exhumées de ces tombes.

Mais un objet encore le plus exceptionnel a été découvert : un vase diatrète. A ce jour, seulement une dizaine d’exemplaires complets de ces objets en verre ciselé ont été découverts. Ils étaient l'apanage d'une élite souvent proche du pouvoir impérial romain.

© Bérénice Bétend-Desgranges, Inrap
Vue rapprochée du vase diatrète, découvert dans le sarcophage© Bérénice Bétend-Desgranges, Inrap

Après la fin de cette campagne de fouilles, les objets découverts vont être étudiés en laboratoire pour livrer tous leurs secrets.

Autun ou l'abandon d'une culture celte

Autun, ou plutôt Augustodunum, a été fondée par l'empereur Auguste, quelque dizaines d'années avant notre ère. Dans cette région vivait un peuple celte, allié de longue date à Rome, les Éduens. Ces derniers se sont installés dans cette nouvelle cité, après avoir quitté Bibracte, leur antique capitale. A Autun, Ils ont peu à peu abandonné leur culture celte. Aucun de élément de tradition celte n'a d'ailleurs été découvert dans la nécropole.

Les Éduens pour se protéger d'autres peuples celtes, comme les Arvernes, avaient conclu vers le IIe siècle avant notre ère une alliance avec Rome. Bien que cette alliance ait pu se rompre, notamment durant la Guerre des Gaules où les Éduens ont pris le parti de Vercingétorix, ils ont tiré de grands profits de leur proximité avec l'empire romain.

Après leur installation à Autun, la "romanisation" des Éduens s'est donc accélérée. Ils ont adopté les pratiques et les usages de la civilisation romaine et la ville s'est parée d'amphithéâtres et de thermes. Autun est devenue un grand centre urbain et commercial, apportant richesse à sa population.

Au Moyen Âge, Autun se développera comme un grand pole ecclésiastique, à l'image de la Cathédrale Saint-Lazare édifiée au XIIe siècle.

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