Ankara a creusé le fossé diplomatique avec les dirigeants européens. Affaibli par la crise économique, le président turc Erdogan va t-il infléchir sa politique ?
Le fossé s'est creusé cette année entre la Turquie et l'Union européenne. Les crises diplomatiques se sont succédées. Le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 17 ans, a multiplié coups d'éclat et provocations pour galvaniser sa base électorale. Mais dans le même temps le pays s'est enfoncé un peu plus dans la crise économique, des difficultés qui commencent à nuire à sa popularité. La livre turque n'a cessé de chuter par rapport au dollar et à l'euro.
"L'économie de la Turquie a été soutenue par l'idée que le pays rejoindrait éventuellement l'Union européenne. Tandis que cette possibilité est devenue de plus en plus faible, l'économie turque a été vraiment touchée", analyse Borzou Daragahi, correspondant international pour le quotidien britannique The Independent.
Les discussions sur l'adhésion à l'UE sont au point mort depuis longtemps. La question des droits de l'homme reste un problème récurrent, de même que la liberté de la presse.
"Les relations entre l'UE et la Turquie ont toujours connu des hauts et des bas. Je pense personnellement que ces relations sont plus solides que ce que beaucoup pensent pour une raison simple : l'interdépendance", commente Ilke Toygur, analyste, à Elcano Royal Institute.
L'accord pour empêcher les migrants d'atteindre l'Europe en a été la preuve la plus évidente. Il a été remis en question à plusieurs reprises, mais a été essentiel pour endiguer le flux des demandeurs d'asile.
Parmi les grands sujets de discorde : les missions d'exploration gazière menées par Ankara en Méditerranée orientale dans des eaux disputées avec la Grèce et Chypre. Bruxelles a menacé d'imposer des sanctions si Ankara persiste et la question devrait être au coeur d'un sommet européen les 10 et 11 décembre prochain.