Pour que le parc retrouve sa splendeur d'antan, il faudrait l'équivalent en eau de 1 300 grands stades de football.
C'est l'une des zones humides les plus précieuses d'Europe. Le parc des Tablas de Daimiel, situé dans le sud de l'Espagne, à 200 km de Madrid, est une étape obligée pour les oiseaux lors de leur migration. Ce territoire reconnu comme réserve de biosphère par l'Unesco est un écosystème rare aujourd'hui menacé par la sécheresse.
Julio Escuderos, le dernier pêcheur du parc, se souvient d'un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître : "Nous avions l'habitude de venir ici quand le niveau de l'eau était haut, que le fleuve Guadiana coulait et qu'il y avait de bons crabes", se remémore-t-il.
Pour que le parc retrouve sa splendeur d'antan, il faudrait l'équivalent en eau de 1 300 grands stades de football. Mais l'assèchement des sols n'a pas juste transformé les paysages, il a aussi fait souffrir de nombreuses entreprises du secteur du tourisme. "Nous avons encore des clients parce que nous travaillons dans l'écotourisme depuis de nombreuses années, mais le nombre d'employés ou d'activités a été réduit", explique Dario Rodriguez, directeur d'Ecodestinos.
La surexploitation agricole mise en cause
Moins d'un cinquième de la surface inondable du parc est actuellement recouvert d'eau. "L'Espagne a jusqu'en 2027 pour se conformer à la directive-cadre européenne sur l'eau qui vise à améliorer l'état des rivières, des lacs et des nappes phréatiques", détaille Carlos Marlasca, correspondant d'euronews en Espagne. "C'est l'un des endroits où des mesures urgentes sont nécessaires pour atteindre cet objectif".
La surexploitation des réserves d'eau souterraines pour l'irrigation des cultures agricoles est l'une des raisons qui explique l'état du parc, même si le secteur agricole affirme avoir réduit son utilisation de l'eau. "Nous avons des vignes et des cultures de plantes ligneuses qui sont alimentées par un système d'irrigation au goutte à goutte et un approvisionnement en eau que la Confédération hydrographique du fleuve Guadiana nous assigne chaque année", souligne Jesus Pozuelo, agriculteur.
Mais les écologistes veulent aller plus loin et demandent l'arrêt des cultures qui surexploitent les eaux souterraines. "En pleine pandémie de coronavirus, de nombreux experts et scientifiques disent que tout cela n'est qu'un symptôme de la dégradation de l'environnement. Les conséquences de la détérioration des écosystèmes vont donc bien au-delà. Mais à court terme, cela va entraîner des problèmes d'approvisionnement en eau", prévient Jose Manuel Hernandez, porte-parole régional d'"Ecologistes en action".