En 2020, le président turc a multiplié les postures agressives

Le président turc Erdogan au mausolée d'Ataturk, le 29 octobre 2020.
Le président turc Erdogan au mausolée d'Ataturk, le 29 octobre 2020. Tous droits réservés AP/AP
Par Euronews
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Le président turc a mené une politique étrangère agressive en 2020, multipliant les discours populistes pour conforter son électorat conservateur, et asseoir son autorité.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mené en 2020 une politique étrangère extrêmement agressive, tranchant avec la doctrine "zéro problème avec les voisins" théorisée par son ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu.

Sa décision de reconvertir l'ancienne basilique Sainte-Sophie en mosquée a fait les titres de la presse internationale. Un acte symbolique mais surtout politique, visant à consolider son alliance avec les nationalistes conservateurs du MHP, allié de l'AKP au parlement.

Cette manœuvre est aussi analysée comme un moyen de masquer la tourmente économique que traverse le pays, secoué par une dépréciation monétaire, tout ceci dans le contexte de pandémie de coronavirus.

Sur le plan international, cette reconversion a provoqué la consternation, suscitant les critiques du pape François et des dirigeants de l'église orthodoxe grecque, qui ont organisé des veillées pour ce qu'ils estiment être "un jour de deuil".

Provocations envers la France

Le président turc a également exacerbé les tensions avec la France au mois d'octobre. Après le meurtre de Samuel Paty, cet enseignant français sauvagement assassiné pour avoir montré des dessins du prophète Mahomet, Emmanuel Macron a défendu le droit de caricaturer toute figure religieuse, et a présenté un plan de défense de la laïcité et de lutte contre l'islam radical.

Une posture immédiatement exploitée par le leader turc, qui a accusé son homologue de poursuivre un programme anti-islamique. Ankara a par ailleurs appelé au boycott des produits français. Lors d'un rassemblement, le président turc est allé jusqu'à dire qu'Emmanuel Macron devrait faire des examens de santé mentale. Une déclaration qui a poussé Paris à rappeler son ambassadeur.

Cet antagonisme franco-turc va bien au-delà des questions de religion, Emmanuel Macron s'étant opposé à maintes reprises aux ambitions expansionnistes d'Erdogan. La France et la Turquie sont à couteaux tirés dans le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, mais également à propos de la Syrie, de la Libye et des droits maritimes en Méditerranée orientale.

La tension est montée d'un cran lorsque la Turquie a envoyé un navire de recherche sismique dans une zone contestée pour rechercher des gisements de pétrole et de gaz. Une situation explosive tant les relations entre Athènes et Ankara sont tendues depuis plusieurs décennies. Les deux États ont d'ailleurs mobilisé leurs forces navales et aériennes, Bruxelles se rangeant du côté de la Grèce. L'Union européenne a considéré que ces forages étaient illégaux, ce que la Turquie a contesté, affirmant travailler dans sa propre zone économique exclusive.

Cette politique de tension permanente met à rude épreuve la relation déjà fragile avec l'UE. La Turquie est membre de l'OTAN, et partenaire commercial de Bruxelles. Le pays endosse d'ailleurs le rôle de gardien des frontières de l'Europe, et menace occasionnellement d'ouvrir les portes de l'UE aux migrants.

Le temps d'une Turquie neutre sous Kemal Atatürk est révolu depuis longtemps. Erdogan poursuit avec l'aide de son armée sa nouvelle politique d'expansion à l'étranger, qui suit la devise "seul contre tous".

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