Londres : manifestation "souterraine" contre un projet de ligne de train à grande vitesse

C'est ce qui s'appelle une action "underground" ! Depuis plusieurs jours, une petite troupe s'est retranchée dans un tunnel clandestin que ces activistes ont creusé près d'une des rues les plus passantes de Londres. Cette action s'inscrit dans un mouvement plus large d'opposition à la construction d'une ligne à grande vitesse (LGV) desservant le centre et le nord de l'Angleterre. Parmi ce petit groupe se trouve Blue Sandford, 18 ans, qui se dit prête à tout pour faire dérailler la HS2, ce projet de ligne à grande vitesse entre la capitale britannique et les Midlands, au nord de l'Angleterre.
Blue Sandford, surnommée la Greta Thunberg britannique, en référence à la militante suédoise pour le climat, est devenue une figure de proue du mouvement de protestation contre la HS2, un chantier colossal contesté à la fois pour son coût faramineux, ses retards à répétition et son potentiel coût environnemental.
Tandis que les autorités tentent depuis plusieurs jours de déloger une dizaine de protestataires du tunnel creusé sous Euston Square Gardens, petit espace vert à côté de la gare de Euston, Blue jure de rendre leur tâche la plus difficile possible.
"J_e suis très fatiguée. Je suis prête à partir s'il le faut mais je suis là pour le long terme_", assure-t-elle du fond de sa galerie.
Selon elle, les militants ont suffisamment de provisions pour tenir encore plusieurs semaines dans l'ouvrage de 30 mètres de long, situé un peu moins d'un mètre sous terre.
L'un des protestataires du groupe HS2 Rebellion est Daniel Hooper, connu aussi sous le nom de "Swampy", qui avait déjà passé une semaine dans un tunnel en 1996 afin de tenter de stopper la construction d'une route dans le sud-ouest de l'Angleterre. Cette fois, il est accompagné de son fils adolescent.
Empêcher un "projet vaniteux"
En février 2020, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait validé le projet High Speed Two (HS2) malgré un coût astronomique qui pourrait dépasser les 100 milliards de livres (environ 112,5 milliards d'euros) et l'opposition d'une partie de la classe politique, certains réclamant plutôt des investissements pour moderniser les lignes régionales existantes.
Il s'agira de la deuxième ligne à grande vitesse du Royaume-Uni après la HS1, utilisée par l'Eurostar reliant Londres à la France, la Belgique et les Pays-Bas.
Pour les opposants à la HS2, le chantier, dont le coup d'envoi a été donné l'an dernier, détruira un ancien bois et compromet les efforts du pays pour atteindre ses objectifs climatiques.
La HS2 est "un projet vaniteux qui va détruire d'innombrables forêts et tuer des gens à travers le climat", estime Blue Sandford. Le tunnel est "vraiment très extrême, mais on est dans une situation extrême", justifie-t-elle.
En octobre, pour marquer leur opposition au projet, des militants écologistes avaient grimpé au sommet d'arbres dans le Buckinghamshire (centre de l'Angleterre), dans une forêt réputée pour avoir inspiré l'univers fantastique des livres de Roald Dahl.
A Euston Square Gardens, des activistes ont été délogés d'arbres où ils s'étaient "enchaînés" pour protester. Ils avaient également construit un camp sur place. Il a été depuis évacué par les autorités qui tentent maintenant d'extraire les protestataires abrités sous terre. Un tunnel parallèle a été construit pour y parvenir.
Ce jeudi les activistes avaient d'ailleurs posté plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux les montrant en train de défendre "leur tunnel" contre les employés de la compagnie H2ltd, en charge des travaux de la LGV, venus les déloger.
La jeune fille, originaire du nord de Londres, est comparée à Greta Thunberg depuis qu'elle a observé "une grève scolaire" pour se consacrer au mouvement écologiste Extinction Rebellion il y a plus d'un an. Elle trouve cette comparaison "assez flatteuse" parce que Greta Thunberg est "cool et inspirante".
Le frère de Blue, Lazer, est également présent dans le tunnel. Leur père est aussi un militant écologiste, qui vit de manière reculée sur une île d'Ecosse selon les médias britanniques.
Les activistes ont lancé d'autres actions comme d'inciter les personnes opposées au projet de cette ligne à grande vitesse d'envoyer une lettre au Premier ministre Boris Johnson ou au maire de Londres, Sadiq Khan. Une pétition demandant l'arrêt immédiat des travaux de la HS2 a été aussi lancé sur le site du Parlement britannique. A ce jour, elle compte 148 530 signatures bien plus que le seuil des 100 000 requis pour qu'une pétition donne lieu à un débat à la Chambre des communes.