Londres : manifestation "souterraine" contre un projet de ligne de train à grande vitesse

Activiste dans le tunnel creusé par les membres de son groupe pour lutter contre le projet de la HS2, une ligne de train à grande vitesse. Londres, le 5 février 2021
Activiste dans le tunnel creusé par les membres de son groupe pour lutter contre le projet de la HS2, une ligne de train à grande vitesse. Londres, le 5 février 2021 Tous droits réservés MILLIE BOARDMAN / HS2 REBELLION / AFP
Par Vincent Coste avec AFP
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Des activistes se sont enfouis sous terre empêcher la construction de cette LGV qui ne respecte pas, selon eux, les engagements climatiques du gouvernement britannique. Ils dénoncent également les dérives budgétaires de ce projet.

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C'est ce qui s'appelle une action "underground" ! Depuis plusieurs jours, une petite troupe s'est retranchée dans un tunnel clandestin que ces activistes ont creusé près d'une des rues les plus passantes de Londres. Cette action s'inscrit dans un mouvement plus large d'opposition à la construction d'une ligne à grande vitesse (LGV) desservant le centre et le nord de l'Angleterre. Parmi ce petit groupe se trouve Blue Sandford, 18 ans, qui se dit prête à tout pour faire dérailler la HS2, ce projet de ligne à grande vitesse entre la capitale britannique et les Midlands, au nord de l'Angleterre.

Blue Sandford, surnommée la Greta Thunberg britannique, en référence à la militante suédoise pour le climat, est devenue une figure de proue du mouvement de protestation contre la HS2, un chantier colossal contesté à la fois pour son coût faramineux, ses retards à répétition et son potentiel coût environnemental.

Tandis que les autorités tentent depuis plusieurs jours de déloger une dizaine de protestataires du tunnel creusé sous Euston Square Gardens, petit espace vert à côté de la gare de Euston, Blue jure de rendre leur tâche la plus difficile possible.

MILLIE BOARDMAN/HS2 REBELLION
L'activiste Blue Sandford dans le tunnel construit avec ses camarades pour lutter contre la construction d'une LGV. Londres, le 4 février 2021MILLIE BOARDMAN/HS2 REBELLION

"J_e suis très fatiguée. Je suis prête à partir s'il le faut mais je suis là pour le long terme_", assure-t-elle du fond de sa galerie.

Selon elle, les militants ont suffisamment de provisions pour tenir encore plusieurs semaines dans l'ouvrage de 30 mètres de long, situé un peu moins d'un mètre sous terre.

L'un des protestataires du groupe HS2 Rebellion est Daniel Hooper, connu aussi sous le nom de "Swampy", qui avait déjà passé une semaine dans un tunnel en 1996 afin de tenter de stopper la construction d'une route dans le sud-ouest de l'Angleterre. Cette fois, il est accompagné de son fils adolescent.

Empêcher un "projet vaniteux"

En février 2020, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait validé le projet High Speed Two (HS2) malgré un coût astronomique qui pourrait dépasser les 100 milliards de livres (environ 112,5 milliards d'euros) et l'opposition d'une partie de la classe politique, certains réclamant plutôt des investissements pour moderniser les lignes régionales existantes.

gov.uk
Capture d'écran d'un document du gouvernement britannique montrant le tracé de la HS2gov.uk

Il s'agira de la deuxième ligne à grande vitesse du Royaume-Uni après la HS1, utilisée par l'Eurostar reliant Londres à la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Pour les opposants à la HS2, le chantier, dont le coup d'envoi a été donné l'an dernier, détruira un ancien bois et compromet les efforts du pays pour atteindre ses objectifs climatiques.

On est dans une situation extrême
Blue Sandford

La HS2 est "un projet vaniteux qui va détruire d'innombrables forêts et tuer des gens à travers le climat", estime Blue Sandford. Le tunnel est "vraiment très extrême, mais on est dans une situation extrême", justifie-t-elle.

En octobre, pour marquer leur opposition au projet, des militants écologistes avaient grimpé au sommet d'arbres dans le Buckinghamshire (centre de l'Angleterre), dans une forêt réputée pour avoir inspiré l'univers fantastique des livres de Roald Dahl.

JUSTIN TALLIS/AFP
Des "eco-warriors" dans des arbres près de la gare d'Euston dans le centre de Londres, le 28 janvier 2021JUSTIN TALLIS/AFP

A Euston Square Gardens, des activistes ont été délogés d'arbres où ils s'étaient "enchaînés" pour protester. Ils avaient également construit un camp sur place. Il a été depuis évacué par les autorités qui tentent maintenant d'extraire les protestataires abrités sous terre. Un tunnel parallèle a été construit pour y parvenir.

TOLGA AKMEN/AFP or licensors
sqsTOLGA AKMEN/AFP or licensors

Ce jeudi les activistes avaient d'ailleurs posté plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux les montrant en train de défendre "leur tunnel" contre les employés de la compagnie H2ltd, en charge des travaux de la LGV, venus les déloger.

La jeune fille, originaire du nord de Londres, est comparée à Greta Thunberg depuis qu'elle a observé "une grève scolaire" pour se consacrer au mouvement écologiste Extinction Rebellion il y a plus d'un an. Elle trouve cette comparaison "assez flatteuse" parce que Greta Thunberg est "cool et inspirante".

Le frère de Blue, Lazer, est également présent dans le tunnel. Leur père est aussi un militant écologiste, qui vit de manière reculée sur une île d'Ecosse selon les médias britanniques.

Les activistes ont lancé d'autres actions comme d'inciter les personnes opposées au projet de cette ligne à grande vitesse d'envoyer une lettre au Premier ministre Boris Johnson ou au maire de Londres, Sadiq Khan. Une pétition demandant l'arrêt immédiat des travaux de la HS2 a été aussi lancé sur le site du Parlement britannique. A ce jour, elle compte 148 530 signatures bien plus que le seuil des 100 000 requis pour qu'une pétition donne lieu à un débat à la Chambre des communes.

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