Une guerre civile pourrait s'embraser d'un moment à l'autre en Birmanie. Alors qu'on fait état de 510 civils tués par les militaires de la junte, des groupes armés de différentes rébellions se disent prêts à monter au créneau pour défendre les manifestants dans les rues.
Trop de sang a coulé depuis presque deux mois dans les rues des villes birmanes. Un bilan minimal de 510 civils tués par les militaires et les policiers vient d'être évalué par une ONG, l'Association d'assistance aux prisonniers politiques. Plusieurs groupes armés rebelles, en guerre larvée de très longue date avec le pouvoir central, ne supportent plus ces tueries quotidiennes, et se disent prêts désormais à entrer en guerre contre la junte qui a mené son coup d'Etat le 1er février dernier.
"Si les militaires continuent à tuer des civils (...) nous riposterons !"
La menace de ces mouvements est à prendre très au sérieux car ils défendent jusqu'à présent leurs propres causes, le plus souvent ethniques et extrêmement variées, chacun dans son coin, ou plus exactement au coeur de régions devenue semi-autonomes.
Mais mardi 30 mars 2021, ils ont franchi un pas décisif en s'unissant pour publier un communiqué commun, signé notamment par l'Union nationale karen, l'une des plus puissantes rébellions de Birmanie, et par la non moins importante Armée d'Arakan, qui a des milliers de combattants aguerris dans ses rangs et dispose d'un armement conséquent.
Voici la phrase-clé du communiqué :
Au bord d'un embrasement général ?
La Fédération internationale pour les droits humains estime que le nombre de victimes de la répression impitoyable des généraux reste sous-évalué car des centaines de protestataires, en majorité des étudiants birmans ou de simples adolescents, sont portés disparus depuis qu'ils ont été arrêtés. Un constat amer est donc fait, par la voix de Debbie Stothard auprès de l'Agence France-Presse :
Et sa conclusion est forcément inquiétante :
Les Karens bombardés et révoltés
Le cessez-le-feu qui tient depuis quelques années avec l'Armée d'Arakan pourrait bien être rompu rapidement. Quant à l'Union nationale karen - qui défend son peuple minoritaire d'environ 5 millions de personnes, installé dans le sud-est de la Birmanie -, elle est sur le pied de guerre après les frappes aériennes de l'armée menées sur son territoire le week-end dernier. D'autant plus que cela fait une vingtaine d'années que les Karens n'avaient été visés par de tels raids.
Environ 3 000 d'entre eux ont été obligés de fuir le pilonnage et se sont réfugiés en partie (voir la photographie ci-dessus) dans le pays voisin, la Thaïlande, où vit déjà environ 10% de la population karen.