L'horreur de la répression militaire en Birmanie

En Birmanie, malgré le danger, les manifestants pro-démocratie sont retournés dans les rues après la journée la plus meurtrière depuis le coup d'État de février.
La mort, samedi, d'une centaine de personnes dont sept enfants porte à plus de 459 le nombre de civils tués selon l'AAPP, une ONG locale qui recense le nombre des morts depuis le putsch.
Mais selon la chaîne Myawaddy TV, gérée par l'armée, le bilan de la journée de samedi est de 45 morts et de 552 arrestations. La télévision a justifié la répression en affirmant que les manifestants avaient fait usage d'armes à feu et de bombes contre les forces de sécurité.
Certains manifestants, principalement des jeunes, se défendent avec leur propre arsenal artisanal composé d'arcs, de flèches et de cocktails Molotov. Mais jusqu'à présent, leur principal but semble être de créer de la fumée pour confondre les forces de sécurité qui ouvrent le feu sur les civils.
Les funérailles des manifestants tués dans les violences sont désormais quotidiennes. Chacune d'entre elles attire de grandes foules. Les forces de sécurité sont accusées de tirer sans discernement non seulement sur les manifestants dans les rues, sur les maisons voisines, mais aussi sur les cortèges funéraires.
L'Union européenne a condamné "une escalade de la violence inacceptable", "une voie insensée" choisie par la junte birmane. Une délégation européenne en Birmanie a qualifié ce samedi de "jour d'horreur et de honte".
Tout comme le président américain Joe Biden :
"C'est terrible. C'est absolument scandaleux. Et d'après les rapports que j'ai reçus, un nombre impressionnant de personnes ont été tuées de manière totalement inutile."
La répression par les militaires a incité un expert des droits de l'homme de l'ONU à accuser la junte de commettre un "meurtre de masse".
L'UNICEF affirme qu'au moins 35 enfants ont été tués depuis le 1er février et qu'un millier sont détenus arbitrairement.
Outre le déchaînement de violence contre les manifestants, l'armée continue également à s'en prendre aux combattants de l'ethnie Karen dans l'est du pays. Environ 3 000 villageois du territoire Karen ont fui vers la frontière thaïlandaise dimanche après des bombardements de l'aviation militaire birmane.