Iran : dernier débat avant une élection présidentielle jouée d'avance

À gauche, le modéré Abdolnaser Hemmati ; à droite, l'ultra-conservateur Ebrahim Raïssi, le 12 juin 2021, lors du débat présidentiel, Téhéran, Iran
À gauche, le modéré Abdolnaser Hemmati ; à droite, l'ultra-conservateur Ebrahim Raïssi, le 12 juin 2021, lors du débat présidentiel, Téhéran, Iran Tous droits réservés Morteza Fakhri Nezhad/AP / Young journalists club
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Par Stephane HamalianEuronews avec AFP
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Présidentielle en Iran : le Conseil des Gardiens de la Constitution peut invalider des candidatures sans avoir à se justifier publiquement.

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En Iran, les sept candidats à la succession d'Hassan Rohani se sont affrontés lors d'un débat télévisé samedi, le troisième et dernier avant le scrutin présidentiel de vendredi. Cinq des prétendants sont des ultra-conservateurs, triés sur le volet par le Conseil des Gardiens de la Constitution.

"Je vous demande ce qui se passera si le pouvoir tombe entre les mains des extrémistes, entre vos mains" a lancé le candidat modéré Abdolnaser Hemmati, à Ebrahim Raïssi, ultra-conservateur quasi assuré de remporter l'élection.

"Laissez-moi le dire très clairement : de nouvelles sanctions avec un consensus mondial plus fort auront lieu" a-t-il ajouté lors du débat.

Accord de Vienne de 2015 sur le nucléaire

Favori de l'élection présidentielle, l'actuel chef de l'autorité judiciaire iranienne s'inscrit dans la droite ligne du guide suprême Ali Khamenei.

"Nous sommes engagés envers l'accord de Vienne comme un contrat et une obligation que le guide suprême a confirmé, comme les administrations doivent l'être envers les engagements" a indiqué Ebrahim Raïssi lors du débat présidentiel.

"Vous ne pouvez pas le mettre en oeuvre. L'accord doit être mis en oeuvre par une administration forte" a-t-il lancé à son adversaire politique.

 La fin de cette campagne présidentielle coïncide justement avec la reprise des négociations sur le programme nucléaire à Vienne, mais un accord est peu probable avant l'élection. 

"À titre personnel, je ne pense pas que nous puissions parvenir à une conclusion cette semaine", a déclaré Abbas Araghchi, négociateur en chef de l'Iran à la suite de la reprise du sixième round de négociations à Vienne.

Cet accord, (JCPOA, selon son acronyme anglais) offrait à l'Iran un allègement des sanctions en échange d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Signé sous l'administration Obama le 14 juillet 2015, il avait été torpillé par l'administration Trump, qui souhaitait exercer une pression maximale contre Téhéran, à coups de sanctions supplémentaires.

En riposte, l'Iran avait fait sauter depuis mai 2019 la plupart des limites qu'il avait consenties sur son programme nucléaire.

Forte abstention à prévoir

Joe Biden, qui a succédé à M. Trump en janvier, dit vouloir réintégrer les Etats-unis à l'accord de Vienne.

Engageant l'Iran et les autres Etats encore parties au pacte, ainsi que, indirectement, les Etats-Unis, les négociations en cours à Vienne tendent vers ce but.

Le gouvernement modéré-réformateur de M. Rohani a promis aux Iraniens la levée des sanctions avant la fin de son mandat. Il espère un compromis à Vienne avant de passer la main, en août, au prochain président.

L'un des défis de ce scrutin sera d'inciter les Iraniens à se rendre aux urnes. D'après un récent sondage seuls 36% des électeurs ont l'intention de voter.

La population semble plus préoccupée par la situation économique que par le choix du dirigeant qui sera chargé de trouver une issue à la crise qui frappe la République islamique.

Des candidatures invalidées

L'ancien président du Parlement Ali Larijani a réclamé samedi des explications publiques concernant l'invalidation de sa candidature à l'élection présidentielle iranienne le 18 juin, mais a essuyé un refus du conseil contrôlant le scrutin.

La candidature à la présidentielle de ce conservateur modéré a été invalidée par le Conseil des Gardiens de la Constitution, organe non élu chargé de la validation des candidatures, laissant la voix libre à Ebrahim Raïssi.

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Dans un communiqué sur Twitter, M. Larijani a exhorté le Conseil des Gardiens à "révéler officiellement et publiquement toutes les raisons" de son invalidation, les informations le concernant lui et sa famille s'étant avérées "fausses".

En réponse, le porte-parole du Conseil a déclaré que la loi n'obligeait pas ce dernier à justifier publiquement son raisonnement.

Le Conseil, composé de six mollahs et de six civils juristes, a approuvé sept candidatures, dont cinq d'ultraconservateurs, sur 600 dossiers déposés.

En plus de M. Larijani, conseiller du guide suprême Ali Khamenei, le Conseil a également invalidé les candidatures de l'actuel vice-président Eshaq Jahanguiri (réformateur) et de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad (populiste).

Le président Hassan Rohani, qui ne peut selon la loi prétendre à un troisième mandat consécutif, avait indiqué le mois dernier avoir envoyé une lettre à M. Khamenei lui demandant d'intervenir pour garantir une "compétition" électorale plus large.

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