Colère en Cisjordanie après la mort d'un militant des droits humains, peu après son arrestation

Manifestation à Ramallah le 24 juin, après la mort du militant Nizar Banat.
Manifestation à Ramallah le 24 juin, après la mort du militant Nizar Banat. Tous droits réservés Nasser Nasser/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Par Euronews avec AFP
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Nizar Banat avait été arrêté à l'aube par les forces de sécurité palestiniennes près de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, puis conduit en détention. Il serait décédé moins d'une heure après.

Indignation et colère en Cisjordanie. De nombreux Palestiniens ont manifesté jeudi, après la mort d'un militant des droits humains critique de l'Autorité palestinienne peu après son arrestation par les forces de sécurité palestiniennes.

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Nizar Banat, 43 ans, était connu pour ses vidéos postées sur Facebook critiquant l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, qu'il accuse de corruption.

Lors d'une conférence de presse en soirée à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, le médecin ayant pratiqué son autopsie a fait état de traces de coups à la tête, à la poitrine, au cou, aux jambes et aux mains. Moins d'une heure s'est écoulée entre les coups et sa mort, a indiqué Samir Abou Zarzour.

Nizar Banat avait été arrêté à l'aube au domicile de son oncle à Dura, près de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, puis conduit en détention, selon sa famille. Là, "son état de santé s'est détérioré et il a été immédiatement transféré vers l'hôpital gouvernemental de Hébron où les médecins l'ont examiné et où (...) il a été déclaré mort", a indiqué Jibrin al-Bakri, le gouverneur de Hébron, sans autre précision sur les motifs de son arrestation ni sur les causes de son décès.

Dans une déclaration au site d'actualités palestinien Quds, la famille du militant a accusé les forces de sécurité palestiniennes de l'avoir "assassiné". Son cousin, Hussein Banat, a raconté à l'AFP son arrestation en pleine nuit. "A 03h30 du matin, une vingtaine de personnes ont pénétré dans la maison", a-t-il déclaré.

Nizar Banat a d'abord été frappé avec un objet pointu à la tête alors qu'il dormait, puis plusieurs hommes l'ont battu, a-t-il ajouté.

Appel à une enquête indépendante

Les forces de sécurité "ont pointé leurs armes vers nous et nous ont empêché de bouger et de parler", a-t-il dit. Sollicitées par l'AFP, ces dernières n'ont pas souhaité commenter. Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a lui annoncé l'ouverture d'une enquête.

"Le fait que Nizar Banat décède si vite après son arrestation très brutale soulève de graves préoccupations", a estimé Saleh Higazi, directeur adjoint d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. "Les autorités palestiniennes doivent s'assurer que les circonstances de sa mort, dont le fait de savoir s'il a été torturé en détention, font l'objet d'une enquête indépendante, impartiale et transparente".

"C'est un jour noir pour l'histoire du peuple palestinien", a estimé Farid al-Atrach, de la Commission indépendante des droits humains, une organisation palestinienne. Nizar Banat avait été candidat sur une liste d'indépendants aux législatives palestiniennes qui devaient se tenir en mai avant d'être reportées sine die par Mahmoud Abbas.

Peu de temps après l'annonce de sa mort, des centaines de Palestiniens ont manifesté à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, ainsi qu'à Hébron, brandissant des portraits du militant.

"Abbas pars !"

"Abbas, pars !", "le peuple veut la chute du régime", "les arrestations ne nous font pas peur", ont-ils scandé. Alors qu'ils se dirigeaient vers la Mouqataa, le palais présidentiel à Ramallah, les manifestants ont essuyé des tirs de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes des forces de sécurité palestiniennes, a constaté un journaliste de l'AFP.

"On en a assez de ce régime corrompu", a affirmé Sameh Abou Awwad, un protestataire. "Nizar Banat n'hésitait pas à dire la vérité, quoi qu'il en coûte". Quelque 84% des Palestiniens estiment que l'Autorité palestinienne est corrompue, selon une enquête d'opinion publiée mi-juin par un institut de sondage à Ramallah.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, rival du parti Fatah de M. Abbas et au pouvoir dans l'enclave palestinienne de Gaza, a affirmé dans un communiqué tenir le président palestinien "pleinement responsable de toutes les conséquences" de la mort du militant.

L'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, s'est dit "alarmé et attristé" par ce décès, appelant à une enquête "indépendante et transparente".

Mardi, un militant palestinien des droits humains basé à Hébron, Issa Amro, avait affirmé sur Twitter avoir été brièvement détenu après une publication sur Facebook critiquant les arrestations politiques. L'Autorité palestinienne exerce des pouvoirs limités sur environ 40% de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 1967.

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