Bulgarie : le parti conservateur et le parti antisystème au coude-à-coude (sortie des urnes)

L'ancien Premier ministre Boïko Borissov en train de voter le 00 juillet 2021
L'ancien Premier ministre Boïko Borissov en train de voter le 00 juillet 2021 Tous droits réservés Visar Kryeziu/Arben Llapashtica
Par Euronews avec AFP
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Selon les différents sondages à la sortie des bureaux de vote, les deux formations étaient créditées de 21 à 23% des voix, le tout sur fond de forte abstention.

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Les Bulgares, qui élisaient dimanche leurs députés pour la deuxième fois en trois mois, ont placé un nouveau parti antisystème, mené par un chanteur et animateur de télévision populaire, au coude-à-coude avec les conservateurs de l'ancien Premier ministre Boïko Borissov, affaiblis par les accusations de corruption.

Selon les différents sondages à la sortie des bureaux de vote, les deux formations étaient créditées de 21 à 23 % des voix, le tout sur fond de forte abstention.

Il s'agit d'un net recul pour le Gerb de M. Borissov qui avait obtenu plus de 26 % en avril, tandis que le parti populiste de Slavi Trifonov, baptisé "Il y a un tel peuple" (ITP), fait une percée, comparé aux 17,6% réalisés auparavant.

Sur toutes les lèvres, une seule question : les partis réussiront-ils cette fois s'entendre pour former une coalition ? De l'avis des experts, Boïko Borissov "ne gouvernera pas car il est isolé", même si Gerb devait au final ressortir en tête.

Le précédent scrutin a en effet signé la fin d'une ère entamée en 2009, cet ex-garde du corps, qui a marqué de sa longévité l'histoire post-communiste bulgare, n'ayant pu trouver de partenaires.

"Que nos enfants n'émigrent pas"

Fragilisé par des manifestations massives pendant l'été 2020, M. Borissov, 62 ans, a encore perdu du terrain depuis, face au flot de révélations du gouvernement intérimaire sur la corruption qui gangrène la Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'Union européenne.

"Quel chaos ils ont semé !", a-t-il dénoncé en votant à la mi-journée, en chemise jaune et jean, s'estimant visé et menacé par les enquêtes.

A 16h (13h GMT), le taux de participation n'était que de 27,2 %, contre 40% le 4 avril à 17h, selon la Commission électorale.

En cause : les nombreux "départs en vacances" et l'installation de machines à voter dans la plupart des bureaux qui a pu décourager "les électeurs âgés ou illettrés", a commenté Julius Pavloff, le directeur du Centre d'analyses et marketing à Sofia, contacté par l'AFP.

Dans la capitale, les électeurs oscillaient entre optimisme et résignation. Victoria Nikolova, 34 ans, est allée voter avec son mari et ses deux fillettes "pour que la corruption diminue". Son vœu, dans ce pays dépeuplé : "que nos enfants n'émigrent pas quand ils seront grands". Mais Yulian Lazarov, un journaliste de 40 ans, dit "ne plus espérer de changements positifs". "Rien ne change jamais dans ce pays", souffle-t-il.

"Nouveaux visages"

M. Trifonov, 54 ans, refuse toute coopération avec les partis traditionnels à la réputation entachée, dont les socialistes et le parti de la minorité turque (MDL).

En revanche, il s'est dit prêt à négocier avec les représentants de ceux qui sont descendus dans la rue à l'été 2020 et sont galvanisés par le vent du changement : Bulgarie démocratique (droite), qui a réuni plus de 13% des voix selon les premières estimations, et Debout! Mafia dehors (gauche, autour de 5%).

"Il est temps d'achever ce que nous avons commencé et d'entièrement changer de modèle de gouvernance", a lancé Slavi Trifonov sur Facebook, qui veut, en cas de victoire, faire appel à "des jeunes, de nouveaux visages".

Crâne rasé et lunettes noires, "Slavi", comme l'appellent les Bulgares, a fait une campagne électorale très discrète et a priori ne briguera pas le poste de Premier ministre. Les trois forces protestataires réunies (le parti de M. Trifonov, Bulgarie démocratique et Mafia Dehors) n'obtiendraient toutefois que 110 sièges sur les 240 du Parlement, d'après le comptage des instituts d'analyse qui laisse augurer d'un paysage morcelé.

Les analystes mettent en garde contre "la lassitude de l'opinion publique" en cas de nouvelles élections, pour reprendre les termes de Boriana Dimitrova, la directrice de l'institut Alpha Research.

Pour ce nouveau scrutin, le gouvernement intérimaire s'en est pris à une vieille pratique, celle de l'achat de voix par les partis politiques, qui concerne entre 5% et 19% des suffrages, selon l'ONG Anticorruption Fund.

Plus de 900 personnes ont ainsi été interpellées ces dernières semaines car elles auraient tenté de soudoyer des électeurs, notamment dans les milieux défavorisés.

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