Haïti est sous tension pour les funérailles du président assassiné Jovenel Moïse, ses partisans réclament justice au Cap-Haïtien.
Les funérailles nationales du président haïtien assassiné Jovenel Moïse ont débuté vendredi 23 juillet, dans la ville natale de l'ancien chef d'État, à Cap-Haïtien. Une cérémonie placée sous haute sécurité après une journée de tensions jeudi.
Des policiers ont été déployés un peu partout dans les rues de Cap-Haïtien, où le cercueil de Jovenel Moïse, recouvert du drapeau national et de l'écharpe présidentielle, était exposé sur une esplanade, ornée de fleurs. La dépouille était gardée par des soldats des Forces armées d'Haïti, présentes pour rendre les honneurs militaires à l'ex président avant une cérémonie religieuse dirigée par cinq prêtres.
Jovenel Moïse, tué à 53 ans par un commando armé à son domicile de la capitale Port-au-Prince, le 7 juillet dernier, était originaire du Nord du pays.
Première apparition publique de veuve du président
L'ex Première Dame d'Ha¨ïti, Martine Moïse, gravement blessée dans l'attaque, était présente à Cap-Haïtien, le bras en écharpe après avoir été soignée dans un hôpital de Floride.
Des représentants de délégations étrangères, du corps diplomatique et les membres du gouvernement se succédaient pour lui présenter leurs condoléances. Le président américain Joe Biden a de son côté annoncé vendredi l'envoi en Haïti d'une délégation menée par Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU.
La veille, la veuve du président et ses trois enfants avaient assisté à une petite cérémonie religieuse avec des représentants du gouvernement, dont le nouveau Premier ministre Ariel Henry, qui a pris ses fonctions mardi. Pour sa première apparition publique depuis l'attaque du commando qui a tué son mari, elle n'a fait aucun commentaire public.
Des funérailles sous haute tension
L'assassinat de Jovenel Moïse a encore davantage plongé dans l'incertitude le pays et fait resurgir des tensions historiques au sein de la population. Et notamment l'ancien antagonisme entre entre le nord d'Haïti et l'ouest, où se trouve la capitale, Port-au-Prince. et de fait, les deux composantes de la population haïtienne, les Noirs descendants d'esclaves plus au nord et les métis qu'on appelait "mulâtres" plus au sud et à l'ouest.
La veille de l'enterrement, le Cap-Haïtien était sous haute tension. Coups de feu, routes bloquées, barricades incendiées, les partisans de Jovenel Moïse réclamaient justice et voulaient empêcher les habitants de Port-au-Prince de se rendre aux funérailles.
Ils accusaient l'élite haïtienne d'être derrière la mort de leur président, arguant que Jovenel Moïse est le cinquième chef d'État originaire du Nord à avoir été tué dans l'ouest.
Présent vendredi à Cap-Haïtien, le directeur général de la police nationale, Léon Charles, a notamment été pris à partie jeudi par des habitants qui lui reprochent d'avoir échoué à protéger le président Moïse, l'enfant du pays.
Les autorités continuent d'enquêter sur l'attaque du 7 juillet et jusqu'ici, 26 suspects ont été arrêtés, dont trois officiers de police et 18 anciens soldats colombiens.
Le nouveau Premier ministre, Ariel Henry, a quant à lui promis de traduire en justice les assassins de Jovenel Moïse.