Pologne : la loi controversée sur les médias adoptée, l'avenir de la majorité reste incertain

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Par euronews  avec AFP
TVN dénonce une "attaque sans précédent contre la liberté d'expression et l'indépendance des médias"
TVN dénonce une "attaque sans précédent contre la liberté d'expression et l'indépendance des médias"   -  Tous droits réservés  Czarek Sokolowski/The Associated Press

Le Parlement polonais a adopté mercredi soir une loi controversée sur les médias qui menace la liberté de la presse, selon l'opposition, et qui inquiète les États-Unis.

Les critiques de l'opposition, et même de Washington, n'auront rien changé. En Pologne, au cours d'une session houleuse au Parlement, les députés ont adopté mercredi soir une loi sur les médias qui fait polémique.

"Attaque contre l'indépendance des médias"

Elle pourrait forcer le groupe américain Discovery à vendre la majeure partie de sa participation dans le réseau de télévision privé polonais TVN, souvent critique envers le gouvernement conservateur du Premier ministre Mateusz Morawiecki.

Alors que le pouvoir contrôle déjà la télévision publique TVP et une grande partie de la presse régionale, cette nouvelle loi constitue une "attaque sans précédent contre la liberté d'expression et l'indépendance des médias", a réagit la direction du groupe de télévision dans un communiqué.

"Le résultat du vote d'aujourd'hui porte atteinte aux droits de propriété, ce qui inquiète les investisseurs étrangers en Pologne. Elle sape aussi sans aucun doute les fondements de l'alliance polono-américaine construite au cours des 30 dernières années", a encore déclaré la direction de la télévision, qui a appelé le Sénat et le président à rejeter la loi.

Les États-Unis "profondément préoccupés"

Les Etats-Unis, par la voix du chef de la diplomatie Antony Blinken, se sont dits mercredi soir "profondément préoccupés" par le passage de la loi, qui s'est déroulée au lendemain de l'éclatement de la coalition au pouvoir dirigée par le parti Droit et Justice (PiS).

Elle a été provoquée par le limogeage de Jaroslaw Gowin, chef d'un des trois partis de la coalition qui s'oppose, entre autres, à cette loi.

Quel avenir pour le gouvernement ?

Avec le départ du parti de Jaroslaw Gowin, la majorité, de deux députés seulement, en perd dix. Mais l'éclatement de la coalition ne signifie pas que le gouvernement chute automatiquement car il faudrait un vote formel de défiance du Parlement.

Le gouvernement actuel peut donc se poursuivre en étant minoritaire au Parlement et en allant négocier avec des députés au cas par cas. Mais signe de sa fragilité, la droite au pouvoir a perdu au total quatre votes au Parlement mercredi.

Une situation qui fait dire à Donald Tusk, ancien chef de l'UE et leader de l'opposition, que "la majorité parlementaire s'effondre sous nos yeux".