La floraison du désert, tous les 5 à 7 ans, est étudiée par les scientifiques notamment pour l'adaptation au changement climatique. Mais un projet visant à développer le tourisme menace l’écosystème fragile du site.
Le désert d'Atacama au Chili a retrouvé son parterre violet. Situé dans le nord du pays, cet endroit est considéré comme l'un des plus secs et les plus hostiles au monde.
Tous les 5 à 7 ans pourtant, des milliers de petites fleurs mauves et jaunes fleurissent entre août et novembre, si les conditions climatiques le permettent. Les graines dormantes enfouies sous le sable, peuvent survivre des décennies et attendre un minimum d'eau pour germer et fleurir, explique Andrea Loayza, biologiste à l'université de La Serena.
Un phénomène étudié par les scientifiques, notamment pour comprendre l'adaptation des espèces en climat extrême, alors que le réchauffement climatique entraînera davantage de sécheresses et de désertifications.
"_A l'heure actuelle, nous utilisons l'eau principalement pour l'agriculture, la production alimentaire. Donc pour pouvoir nous adapter à un scénario de crise climatique, nous devons comprendre les processus naturels. Ces espaces sont en fait des laboratoires naturels pour nous _et cela (sert) aussi à adapter les technologies, la sélection pour développer de nouvelles variétés adaptées à des conditions de plus en plus défavorables", poursuit Andrés Zurita, généticien à l'Institut chilien de recherche agricole universitaire.
Un projet touristique dénoncé
Un laboratoire pourtant menacé. Les autorités locales souhaitent en effet procéder à l'arrosage annuel du désert, pour que la floraison ait lieu chaque année, et que les touristes affluent dans cette région très impactée par la crise du Covid-19.
Mais pour les scientifiques, cette décision pourrait avoir des effets désastreux : "Ce sont des écosystèmes très fragiles, donc un peu moins de pluie ou un peu plus de pluie les sortira de l'équilibre dans lequel ils se trouvent et pourra les changer. Il s'agit d'écosystèmes uniques dans le sens où les plantes qui y survivent doivent adopter une série de stratégies très particulières", confirme Andrea Loayza
Le projet est aussi critiqué par les ONG de défense de l’environnement, qui dénoncent un gaspillage des ressources en eau, alors que le Chili est frappé depuis plusieurs années par une très grave sécheresse