"Nous faisons face probablement à la situation la plus dangereuse de ces 30 dernières années"

"Nous faisons face probablement à la situation la plus dangereuse de ces 30 dernières années"
Tous droits réservés Andriy Dubchak/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved.
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Par Méabh Mc MahonEuronews
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L’UE ne cache pas son inquiétude à l’égard de la posture très agressive de la Russie le long de la frontière avec l’Ukraine. Mais les dirigeants préviennent qu’en cas d’invasion il y aura de lourdes conséquences.

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Dernière ligne droite européenne avant la trêve de Noël. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se sont retrouvés à Bruxelles pour le dernier sommet de l’année. Concentrée sur une seule journée, la réunion était particulièrement dense.

Les 27 ont essayé d’harmoniser leur réponse au variant Omicron. Ils ont aussi évoqué les tensions avec la Russie. Selon différents rapports plus de 120 000 soldats russes sont rassemblés le long de la frontière avec l'Ukraine, prêts à intervenir.

L'Union européenne ne cache pas son inquiétude. "Nous faisons face probablement à la situation la plus dangereuse de ces 30 dernières années. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter le scénario du pire", insiste le président lituanien Gitanas Nauseda.

A l’issue de la rencontre les chefs d’Etat et de gouvernement ont voulu envoyer une message de fermeté à Moscou. "S’il devait y avoir une agression militaire contre l’Ukraine les conséquences seraient massives", souligne le président du Conseil européen Charles Michel.

A Strasbourg lors de la session plénière, les eurodéputés ont répondu à leur façon à la posture agressive de la Russie. Le Parlement a remis cette année son prix Sakharov à Alexeï Navalny. L'opposant russe est actuellement emprisonné. C'est donc sa fille qui a fait le déplacement pour recevoir la récompense.

Daria Navalnaya n'a pas mâché ses mots à propos de ceux qui veulent collaborer avec le pouvoir russe. "Nous ne voulons pas d'une Europe de chanceliers ou de ministres qui rêvent de rejoindre le conseil d'administration d'une entreprise détenue par l'Etat de Vladimir Poutine", a-t-elle dénoncé.

Le directeur de cabinet d'Alexeï Navalny était lui aussi à Strasbourg. Euronews s’est entretenu avec Leonid Volkov pour évoquer le sort de l’opposant.

Euronews :

Comment se porte Alexeï Navalny et quelle a été sa réaction lorsqu'il apprit qu'il était le lauréat du Prix Sakharov ?

Leonid Volkov :

Nous pouvons parler avec lui à travers ses avocats. Nous sommes en contact avec lui et nous avons pu lui annoncer qu'il avait reçu le Prix Sakharov. Il s'est senti non seulement honoré, mais il a aussi ressenti une grande responsabilité car c'est probablement la première fois que la lutte contre la corruption est reconnue comme un droit fondamental.

Euronews :

Pensez-vous que la politique de sanctions de l'Union européenne fonctionnera à l'encontre la Russie car cela n'a pas marché auparavant ?

Leonid Volkov :

Nous n'avons jamais vu de réelles et douloureuses sanctions. Toutes les mesures appliquées jusqu'à maintenant sont un cadeau au Kremlin. A chaque fois qu'une mesure sectorielle, économique contre la Russie est mise en oeuvre, je suis certain qu'ils font la fête au Kremlin et ouvrent une bouteille de champagne car chaque nouveau train de sanctions est une opportunité pour la propagande du pouvoir, pour expliquer pourquoi la situation est si difficile, pourquoi les gens vivent dans la pauvreté, pourquoi le revenu moyen des foyers diminue depuis 8 ans en Russie.

Les autorités peuvent dire qu'elles ne volent pas l'argent, c'est à cause des Occidentaux, de l'Otan, des Etats-Unis et de l'Europe qui nous pressent avec leurs sanctions. Or nous demandons des sanctions personnelles. Nous plaidons pour viser Vladimir Poutine personnellement. La richesse de Vladimir Poutine et de ses amis sont le coeur de la question. Le président est intelligent vous trouverez difficilement un compte en banque avec le nom de Vladimir Poutine. Mais il y a une liste importante et détaillée de proches qui prêtent leurs noms et ces fonds lui appartiennent en fait.

Euronews :

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban estime qu'il faut arrêter les sanctions contre la Russie et discuter avec Moscou. Qu'en pensez-vous? Comment l'Union européenne peut être unie quand vous avez 27 intérêts différents ?

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Leonid Volkov :

Viktor Orban n'est pas pro-Russie, il est pro-Poutine. Et c'est là le vrai problème. Ce qui se déroule malheureusement en Hongrie est similaire à ce qui s'est passé il y a 15 ans en Russie, une attaque contre la liberté d'expression, une attaque contre les opposants politiques. Ce n'est pas du Poutinisme, c'est du Poutinisme très allégé. C'est du Poutinisme décaféiné, mais nous avons ce triste exemple et on sait comment cela peut évoluer si cela continue sur la même voie. J'espère sincèrement que le peuple hongrois changera le cours des événements.

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