Dans l'émission "State of the Union", le journaliste Stefan Grobe revient cette semaine sur les difficultés que rencontrent actuellement les petites exploitations familiales en Europe.
Les agriculteurs, qui représentent l'un des secteurs économiques les plus importants, sont l'un des groupes qui causent toujours des maux de tête aux gouvernements français.
Dans son discours, le nouveau Premier ministre français Michel Barnier a promis de nouvelles aides aux agriculteurs, mais la situation exige de repenser fondamentalement la manière dont l'agriculture est gérée en Europe, et pas seulement en France.
Personne n'a encore oublié les manifestations massives d'agriculteurs dans toute l'Europe au début de l'année.
Pour approfondir cette question dans l'émission "State of the Union", le journaliste Stefan Grobe a interviewé Marco Contiero, directeur de la politique agricole de l'Union européenne chez Greenpeace.
Greenpeace vient de publier un nouveau rapport qui met en garde contre le fait qu'il y a de moins en moins d'exploitations agricoles familiales et beaucoup plus de « méga-exploitations ». Pourquoi est-ce une mauvaise chose ?
Marco Contiero : Le problème, c'est que si nous voulons maintenir des zones rurales dotées d'exploitations agricoles où il y a des emplois ruraux, en particulier des travailleurs agricoles, et des communautés rurales qui vivent autour de ces exploitations, nous devons maintenir les agriculteurs sur le terrain. Si nous nous orientons vers des modèles américains où les exploitations agricoles ont en moyenne 300 hectares par exploitation, nous allons vider les zones rurales. Et c'est quelque chose qui aura clairement des impacts négatifs en termes de réalités sociales et économiques sur le terrain.
Parlons de cet impact. Quelles sont les conséquences de cette évolution pour l'agriculture, pour les consommateurs et pour la société ?
Marco Contiero : Le problème est que nous avons traité les agriculteurs comme s'il s'agissait d'une seule entité. Ce rapport montre clairement qu'il existe une majorité d'exploitations familiales de petite taille qui connaissent des difficultés économiques et qui, dans de nombreux cas, sont en train de mettre la clé sous la porte. En revanche, il y a une très petite minorité d'exploitations à grande échelle qui ont vu leurs bénéfices augmenter. Il y a donc un fossé qui se creuse massivement et nous devons trouver des solutions politiques pour empêcher ce fossé de se creuser et pour commencer à aider les petites exploitations familiales, les agriculteurs et les entreprises qui doivent être maintenus en vie parce qu'ils sont victimes d'un système.
Enfin, que diriez-vous aux jeunes qui envisagent une vie professionnelle dans l'agriculture ? Les soutiendriez-vous ou plutôt les décourageriez-vous ?
Marco Contiero : Je veux pouvoir les encourager à se lancer dans l'agriculture, parce qu'il est clair que c'est une très bonne chose. Le problème auquel nous sommes confrontés dans le secteur agricole est qu'il y a une population importante, l'âge moyen des agriculteurs est inférieur à 57 ans, et nous avons absolument besoin d'un renouvellement des générations. Mais pour que ce renouvellement des générations ait lieu, nous devons offrir aux jeunes agriculteurs qui entrent dans la vie active de nombreuses possibilités de réussite. À l'heure actuelle, c'est extrêmement difficile pour eux, car les prix des terres sont très élevés. Cette hausse est également due à la politique agricole commune, qui rémunère les agriculteurs sur la base des terres qu'ils possèdent ou qu'ils exploitent. Nous devons passer à un système où nous récompensons les agriculteurs qui font ce qu'il faut afin de les amener à une situation où ils peuvent tirer un bon revenu de leur activité.