Quel sort pour les milliers de personnes arrêtées lors du soulèvement au Kazakhstan ?

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Par euronews  avec AFP, AP
Barrage de police dans une des avenues d'Almaty, capitale économique du Kazakhstan, le 12/01/2022
Barrage de police dans une des avenues d'Almaty, capitale économique du Kazakhstan, le 12/01/2022   -  Tous droits réservés  AP/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved

Les suites du soulèvement au Kazakhstan. Que deviennent les milliers de personnes arrêtées ? Leurs proches sont sans nouvelles.

La tension est retombée au Kazakhstan, une semaine après les émeutes qui ont secoué le pays. Les forces de sécurité patrouillent, pour empêcher les rassemblements.

Mais que sont devenues les milliers de personnes arrêtées ? Leurs proches aimeraient bien le savoir.

"J'ai un ami, que je considère comme mon frère, et il a été arrêté le 4 janvier, explique Renat. Il a d'abord été détenu dans un bureau du ministère des Affaires intérieures, puis on nous a dit qu'il était dans un autre département. Je suis venu ici à l'extérieur du bâtiment. Mais en fait, je ne sais même pas s'il est encore vivant."

Un peu plus loin, Galym Ageleuov, militant des droits de l'Homme, fait part de son désarroi.

"Il y a un centre de détention au sous-sol du Ministère des Affaires intérieures. C'est assez grand. Et c'est là que les gens sont détenus. Mais ni les avocats, ni les proches, personne ne peut y entrer. Les avocats devraient être présents lors des interrogatoires, mais comme vous voyez, personne ne peut passer. Il y a un barrage de police qui bloque l'accès. On ne peut pas savoir ce qui se passe. On n'a même pas la liste des détenus."

Il y a un barrage de police qui bloque l'accès (au ministère des Affaires intérieures). On ne peut pas savoir ce qui se passe. On n'a même pas la liste des personnes détenues !
Galym Ageleuov
Militant des droits de l'Homme

D'après le ministère des Affaires intérieurs, près de 8000 personnes ont été arrêtées suite aux violences de la semaine dernière.

Des violences qui ont fait plusieurs dizaines de morts et plus d'un millier de blessés, toujours selon les autorités.

Critiques contre Nazarbaïev

Le président kazakh s'en est pris mardi à son puissant prédécesseur, pour la première fois après des émeutes sanglantes.

Kassym-Jomart Tokaïev a accusé son mentor et prédécesseur, Noursoultan Nazarbaïev, d'avoir favorisé l'émergence d'une "caste de riches" dominant cet Etat regorgeant d'hydrocarbures, une critique inédite à l'égard de celui qui détient le titre honorifique de "Chef de la Nation" et bénéficiait jusqu'ici d'un culte de la personnalité.

Lors des troubles, des manifestants avaient scandé leur colère contre l'ancien dirigeant de 81 ans. Depuis, les rumeurs sur une fuite à l'étranger de M. Nazarbaïev se sont multipliées, mais les autorités kazakhes n'ont donné aucune information sur sa localisation.

Troupes russes

2 000 soldats étrangers se sont déployés ces derniers jours à la demande du président kazakh, dans le cadre d'une force militaire menée par la Russie.

Kassym-Jomart Tokaïev estime à présent que leur mission est accomplie, et donc, que leur retrait peut débuter cette semaine.

"Le retrait progressif du contingent unifié de l'OTSC débutera dans deux jours. Ce processus ne prendra pas plus de dix jours", a dit M. Tokaïev.

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a indiqué de son côté mardi que le départ se ferait une fois la situation "totalement stabilisée" et "sur décision" des autorités kazakhes.