Fossé nord-sud en Italie : les fonds européens ne suffiront pas à le combler

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Par Giorgia Orlandi
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L'Italie est l'État membre qui bénéficiera le plus du plan de relance européen en recevant près de 200 milliards d'euros. Mais l'enveloppe ne suffira pas à couvrir tous les besoins au niveau des administrations publiques et des infrastructures notamment, en particulier dans le sud du pays.

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À l'approche des élections générales en Italie, la dotation italienne dans le cadre du plan de relance européen fait partie des thèmes de campagne. Alors que le pays est l'État membre qui doit toucher la plus grande part des fonds européens, à savoir près de 200 milliards d'euros, beaucoup s'interrogent sur les limites de ces financements vu l'ampleur des défis à relever dans les infrastructures et les administrations publiques, en particulier dans le sud de l'Italie, en moins bonne posture économique que le nord.

L'Italie doit recevoir la plus grande part des fonds européens post-pandémie. Mais l'enveloppe prévue de près de 200 milliards d'euros sera-t-elle suffisante pour combler le fossé entre le nord et le sud du pays ?

Les financements européens serviront notamment à moderniser les infrastructures, principalement à achever les projets en souffrance comme en Sicile, celui d'une ligne ferroviaire reliant des villes importantes de la région. Mais sur place, d'autres financements seront nécessaires pour couvrir tous les besoins.

"D'une part, il n'y a pas assez de professionnels pour gérer les fonds et les municipalités doivent en quelque sorte s'organiser," explique Marco Falcone, ministre des Infrastructures de la région de la Sicile. "D'autre part, contrairement au plan original, les fonds de relance ne couvriront pas tous les besoins dans le secteur des infrastructures," poursuit-il. "Si les routes et autoroutes sont écartées et que les opérations ne concernent qu'une partie du réseau ferroviaire, alors le risque, c'est que l'objectif ne soit pas atteint," prévient-il.

La Sicile a déjà touché plus de 230 millions d'euros de fonds européens pour les investir dans le logement, principalement dans l'habitat social.

Reconversion de biens confisqués à la mafia

Dans un quartier populaire à l'extérieur de Catane, nous découvrons des immeubles qui seront rénovés. Mais parmi les projets financés par les fonds post-pandémie, on trouve aussi des propriétés confisquées par la mafia comme un ancien supermarché de ce même quartier qui appartenait à l'une des plus puissantes familles de la mafia locale. Il sera transformé en centre d'aide pour les familles en situation précaire.

La réutilisation de cet espace de plus de 600 m² aura un impact significatif sur le quartier, estime Michele Cristaldi, adjoint au maire de Catane en charge des biens confisqués à la mafia. "C'est un symbole de la lutte contre la criminalité mafieuse qui sera utilisé pour soutenir les nombreuses personnes dans le besoin qui vivent dans ce quartier," fait-il remarquer. "Ici, les organisations criminelles sont encore fortes et elles ont tendance à recruter des jeunes qui deviennent à leur tour des criminels," explique-t-il.

"Le problème est de savoir comment transformer ces fonds en résultats concrets"

Mais selon le professeur d'économie politique de l'Université de Catane Maurizio Caserta, il n'y a pas que le montant des ressources déployées qui compte.

"Le problème est de savoir comment transformer ces fonds en résultats concrets," déclare-t-il. "Cela nécessite des compétences en matière de planification, des règles claires et une transparence dans les procédures de l'administration publique... Tous ces aspects font défaut ici," affirme-t-il. 

"Il ne suffit pas de faire un virement bancaire - ce n'est que le point de départ - et nous devons montrer à l'Union européenne que nous sommes à la hauteur de la tâche," insiste-t-il.

Nul doute que les lacunes au sein des administrations du sud de l'Italie et plus généralement, la question du fossé nord-sud ne seront pas résolues par les seuls fonds européens.

Journaliste • Giorgia Orlandi

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