Les interrogations européennes de la crise italienne

La démission du Premier ministre italien soulève de nombreuses questions dans l'Union européenne. Mario Draghi fut le garant de la monnaie unique lorsqu'en 2012 en pleine crise des dettes souveraines, celui qui était alors président de la Banque centrale européenne, promettait de tout faire "quoi qu'il en coûte" pour sauver l'euro.
Mais le responsable transalpin était aussi une figure rassurante auprès de ses interlocuteurs à Bruxelles lors de la crise du covid-19 et sur les questions énergétiques. Dans ce contexte, cette instabilité gouvernementale pourrait-elle menacer la relance italienne ?
"Est-ce que le prochain gouvernement en place sera capable de poursuivre les réformes nécessaires pour continuer à recevoir l'argent du fonds de relance ? C'est la grande interrogation. Est-ce que l'Italie disposera d'un gouvernement capable de négocier des questions comme le plafonnement de l’énergie ? C'est une autre question majeure", s’interroge Nathalie Tocci, directrice de l’Istituto Affari Internazionali.
Cette nouvelle crise politique soulève aussi des interrogations sur le rôle de l'Italie face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Sous l'impulsion de Mario Draghi, Rome a apporté son soutien aux sanctions contre Moscou. L'envoi d'armes à Kyiv est toutefois l'un des facteurs à l'origine des difficultés gouvernementales.
Mais sur ce point, Nathalie Tocci estime qu’il ne faut pas surdramatiser la situation.
"Parmi les trois partis qui ont causé la chute du gouvernement, deux d'entre eux, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles, ont des liens étroits avec le Kremlin. Mais il y a peu de chance que ces parties fassent un bon score lors des prochaines élections. Donc même dans l'éventualité de ce qui sera probablement un gouvernement de droite, cela ne signifiera pas forcément que l'Italie va remettre en cause son positionnement européen et euro-atlantique", ajoute-t-elle.
Avec la flambée de l'inflation et le risque de pénurie énergétique à l'horizon, les Etats membres n'oublient pas que l'Italie est la troisième économie de l'Union européenne.