Corruption : une vice-présidente du Parlement européen interpellée à Bruxelles

Archives : hémicycle du Parlement européen à Bruxelles, le 17 juin 2020
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Par Euronews
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Le Parlement européen est éclaboussé par des soupçons de corruption impliquant le Qatar. L'eurodéputée grecque Eva Kaili, une des vice-présidentes du Parlement européen, a été interpellée vendredi soir à Bruxelles.

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L'eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili, une des vice-présidentes du Parlement européen, a été interpellée vendredi soir à Bruxelles dans une enquête sur des soupçons de corruption impliquant le Qatar, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Quatre autres arrestations avaient déjà eu lieu dans la capitale belge dans la matinée dans ce même dossier. Eva Kaili, qui est la compagne d'un de ces quatre suspects, a été "interpellée pour être auditionnée" par la police, a précisé cette source.

À Athènes, le parti socialiste grec (Pasok-Kinal) dont est membre l'eurodéputée, a annoncé dans la soirée qu'elle en était "écartée". 

Une source du Parlement européen a par ailleurs indiqué à Euronews que son bureau à Bruxelles avait été placé sous scellé, au même titre que ceux des eurodéputés belges Maria Arena et Marc Tarabella.

Au cœur de l'enquête, pilotée par un juge d'instruction bruxellois : les agissements d'un "pays du Golfe" soupçonné "d'influencer les décisions économiques et politiques du parlement européen en versant des sommes d'argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique significative" au sein de cette institution, souligne le parquet fédéral.

Si le parquet n'a pas nommé le pays du Golfe concerné, une source proche du dossier a confirmé à l'AFP les informations de presse identifiant le Qatar.

Parmi les quatre personnes interpellées plus tôt dans la journée figurent un assistant parlementaire attaché au groupe Socialistes et Démocrates (S&D), qui est le compagnon d'Eva Kaili, ainsi que l'ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri, lui aussi socialiste. Les deux autres sont un directeur d'ONG et un leader syndical de nationalité italienne.

Un demi-million en liquide

L'opération de police a donné lieu à seize perquisitions au total dans diverses communes de la capitale belge, où le Parlement européen a son siège. Au cours de l'opération, la police a mis la main sur "environ 600 000 euros en liquide", ainsi que "du matériel informatique et des téléphones portables" dont les contenus seront analysés.

Les cadeaux ou avantages offerts pourraient être liés à la volonté du Qatar d'améliorer sa réputation décriée en matière de droits humains et de traitement des travailleurs étrangers.

Les déclarations sur le Qatar

Eva Kaili, ancienne présentatrice télé de 44 ans, qui est un des quatorze vice-président du Parlement européen, avait rencontré au Qatar peu avant le début du Mondial de football le ministre qatari du Travail Ali bin Samikh Al Marri.

L'élue grecque avait salué à cette occasion, au nom de l'UE, l'engagement du Qatar à "poursuivre les réformes du travail", selon un tweet de l'ambassadeur de l'Union à Doha Cristian Tudor.

"Aujourd'hui, la Coupe du monde de football au Qatar est une preuve concrète de la façon dont la diplomatie sportive peut aboutir à une transformation historique d'un pays dont les réformes ont inspiré le monde arabe", avait aussi déclaré Eva Kaili à la tribune du Parlement européen le 22 novembre.

"Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail", avait-elle affirmé.

Le Qatar, pays organisateur du Mondial-2022, a été accusé par des ONG de négliger les conditions de travail et de vie de ses centaines de milliers de travailleurs migrants venus d'Asie et d'Afrique.

En réponse, Doha a fait valoir des réformes inédites du code de travail, saluées par des organisations syndicales, qui appellent néanmoins à une application plus rigoureuse.

Un chiffre a fait couler beaucoup d'encre: celui de 6 500 étrangers morts au Qatar depuis l'attribution du Mondial en 2010, avancé en février 2021 par le quotidien britannique The Guardian.

Les autorités qataries ont vivement démenti. Et l'Organisation internationale du travail (OIT), présente à Doha depuis 2018, a documenté de son côté cinquante accidents du travail mortels d'employés sur une année, en 2020, et 500 blessures graves. Elle a toutefois relevé le manque de données disponibles.

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