Afghanistan : des ONG reprennent partiellement leurs activités avec du personnel féminin

Une conseillère en nutrition de Save the Children, à droite, explique à une mère de famille afghane, comment nourrir sa fille, jeudi 29 septembre 2022.
Une conseillère en nutrition de Save the Children, à droite, explique à une mère de famille afghane, comment nourrir sa fille, jeudi 29 septembre 2022. Tous droits réservés AP/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
Par euronews avec AFP
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Au moins trois ONG internationales ont repris partiellement leurs activités avec du personnel féminin en Afghanistan, après avoir reçu l'assurance des autorités talibanes que les femmes pouvaient continuer à travailler dans le secteur de la santé.

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L'Afghanistan reçoit à nouveau de l'aide des ONG. Les Talibans qui contrôlent le pays, ont accepté que certaines ONG internationales reprennent leurs activités avec du personnel féminin. C'est le cas notamment de Care et Save the Children.

Cet accord ne concerne pour l'heure que le domaine de la Santé et de la nutrition. Dans les autres secteurs, les ONG ne peuvent plus employer de femmes.

Les ONG apportent une aide essentielle dans ce pays dont plus de la moitié des 38 millions d'habitants sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.

Le 24 décembre, le ministère afghan de l'Economie avait annoncé que les ONG avaient désormais interdiction de travailler avec des femmes afghanes, en raison de "plaintes sérieuses" quant au non-respect du port du hijab, qui doit couvrir entièrement le corps et le visage.

Plusieurs ONG, dont International Rescue Committee (IRC), Save the Children ou encore Care, avaient immédiatement annoncé la suspension de leurs activités dans le pays en guise de protestation.

Ces derniers jours, ces ONG ont néanmoins recommencé à fournir de l'aide dans certaines provinces avec l'appui de leur personnel féminin, dans le secteur de la santé et de la nutrition.

"Nous avons reçu des autorités compétentes des assurances claires et fiables que notre personnel féminin sera en sécurité et pourra travailler sans entrave", a indiqué Save the Children dans un communiqué.

"Toutefois, l'interdiction générale étant toujours en vigueur, nos autres activités pour lesquelles nous n'avons pas d'assurance fiable que nos collègues féminines peuvent travailler, restent en suspens", a ajouté l'ONG.

Sévères restrictions

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans ont imposé de sévères restrictions aux femmes afghanes, les écartant des emplois publics, leur interdisant de fréquenter les écoles secondaires et les universités, ou encore de se rendre dans les parcs.

Quelque 1260 ONG exercent une activité dans le pays, selon le ministère de l'Economie, et emploient plusieurs milliers de femmes à des postes essentiels, dans des programmes d'aide alimentaire, dans les domaines de la santé ou encore de l'éducation.

La communauté internationale n'a cessé de réclamer au gouvernement afghan qu'il revienne sur l'interdiction faite aux femmes, prévenant qu'elle aurait un lourd impact sur le volume d'aide fourni au pays.

D'autres secteurs pourraient être ouverts aux femmes

Les autorités pourraient décider "d'ouvrir de manière sélective" d'autres secteurs aux femmes, a expliqué l'un de ses homologues d'une autre ONG, qui a aussi réclamé l'anonymat.

Un haut responsable taliban s'exprimant aussi sous couvert d'anonymat a indiqué à l'AFP que les ONG devront justifier les raisons pour lesquelles elles ont besoin d'employer des femmes.

"Le ministère de l'Economie regardera ces raisons et si un accord est conclu, alors les ONG se verront demander de garantir une bonne atmosphère de travail à leurs employées femmes", a-t-il rapporté.

Les ONG ont dénoncé les raisons invoquées par les talibans pour imposer l'interdiction, assurant faire respecter scrupuleusement le port du voile intégral et le principe de ségrégation entre hommes et femmes sur le lieu de travail.

Des discussions sont en cours entre une délégation de l'ONU et le pouvoir en place. Le secrétaire général de l'Organisation Antonio Guterres a dénoncé devant le Conseil de sécurité les "attaques systémiques sans précédent contre les femmes et les filles" afghanes, qui créent selon lui un "apartheid basé sur le genre".

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