Migrations : les pays du sud de l'Europe réclament davantage de solidarité

Réunion des ministres de Malte, Chypre, Grèce, Italie et d'Espagne à La Valette (Malte)
Réunion des ministres de Malte, Chypre, Grèce, Italie et d'Espagne à La Valette (Malte) Tous droits réservés Rene Rossignaud/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
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Avant une réunion des 27, les ministres des cinq pays méditerranéens les plus exposés à la crise migratoire ont réclamé samedi davantage de solidarité des autres pays de l'UE

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Alors que l'UE peine toujours à s'entendre pour adopter le nouveau "Pacte sur la migration et l'asile" présenté il y a deux ans par la Commission européenne, les ministres des pays les plus exposés aux flux migratoires (Chypre, Grèce, Italie, Malte et Espagne) se sont réunis samedi dans la capitale maltaise avant une réunion des ministres européens. L'occasion de réaffirmer leurs attentes et de dénoncer les dysfonctionnements des mécanismes existants.

Pour mémoire, la réforme européenne, en cours de discussion, a notamment pour objectif de remplacer le controversé règlement Dublin, et de rendre obligatoire la "solidarité" de tous les membres de l'Union européenne avec les pays de première arrivée de migrants lorsque ces derniers sont "sous pression".

Pour le ministre grec des migrations et de l'asile, Notis Mitarachi, la solidarité reste très relative. A peine 1 % des migrants qui sont arrivés l'an dernier dans les pays de première ligne (en Méditerranée) ont été accueillis par d'autres membres de l'UE dans le cadre d'un programme de relocalisation volontaire.

"Nous ne pouvons pas continuer à parler de la nécessité d'imposer davantage de responsabilités aux États membres de la ligne de front, s'il n'existe pas un mécanisme de solidarité tout aussi normatif et obligatoire envers les pays de premier accueil", a insisté Notis Mitarachi.

Le ministre espagnol de l'intérieur, Fernando Grande-Marlaska Gomez, a déclaré que le processus actuel était "trop lent, trop sélectif, avec trop peu de résultats et trop peu de prévisibilité". Il s'est engagé à mettre en place un mécanisme plus efficace lorsque l'Espagne assurera la présidence tournante de l'UE au second semestre 2023.

Les ministres ont également souligné la nécessité de collaborer avec les pays dont sont originaires de nombreux migrants et par lesquels ils transitent. Ces mesures pourraient inclure l'octroi d'une aide financière aux pays d'origine ou de transit afin d'endiguer les flux vers l'Europe, a déclaré le ministre maltais de l'intérieur, Byron Camillieri.

Les ministres ont également demandé à l'agence européenne de gestion des frontières Frontex de déployer davantage de ressources et d'accélérer le rythme de renvoi des personnes qui ne remplissent pas les conditions d'octroi de l'asile.

"Pour la crédibilité du système d'asile, il est essentiel que nous fassions la distinction entre ceux qui ont droit à une protection internationale conformément à la loi, et ceux qui n'y ont pas droit", a déclaré M. Mitarachi. "Et ceux qui ne le sont pas devraient être renvoyés en toute sécurité et dignité dans leur pays d'origine."

Selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés, quelque 160 100 migrants sont arrivés en Europe par la mer Méditerranée en 2022, soit 30 % de plus qu'en 2021.

Le dossier des migrants est un sujet politique très sensible en Italie, pays de première entrée où sont arrivés des centaines de milliers de migrants ces dernières années. Rome reproche à ses partenaires de l'Union européenne un manque de solidarité dans la gestion de cet épineux problème.

Naufrage de migrants en Italie : Georgia Meloni nie toute responsabilité

Sous le feu des critiques, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a rejeté samedi toute responsabilité de son gouvernement dans le naufrage ayant coûté la vie à au moins 69 migrants dans le sud de l'Italie.

"La situation est simple tout en étant tragique : nous n'avons reçu aucun signalement d'urgence de (l'Agence européenne de surveillance des frontières) Frontex", a-t-elle déclaré lors d'un point presse à Abou Dhabi, en marge d'une visite aux Emirats arabes unis.

La justice italienne s'interroge sur l'arrivée trop tardive des secours lors du naufrage de l'embarcation de migrants dimanche au large de Crotone (Calabre), dont le bilan s'est alourdi samedi à 69 morts, après la découverte du corps d'un enfant d'environ trois ans.

Frontex avait indiqué qu'un de ses avions de patrouille avait repéré samedi soir un bateau surchargé parti la semaine précédente d'Izmir en Turquie, se dirigeant vers l'Italie et avait alerté les autorités italiennes.

"Nous avons toujours fait tout notre possible pour sauver des vies dès que nous sommes avertis d'un problème. Dans ce dossier, (...) nous n'avons pas été prévenus", s'est défendue Mme Meloni.

La tragédie a provoqué une grande émotion et ravivé les critiques contre le gouvernement de Giorgia Meloni, connu pour ses positions anti-migrants, l'opposition appelant notamment à la démission du ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi.

"Je cherche des solutions, l'Italie ne peut pas résoudre le problème toute seule, mais pour éviter que davantage de personnes ne meurent il faut stopper les départs illégaux", a répondu la dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d'Italia.

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