Expulser les migrants économiques de Lampedusa ?

Selon l'ONU, quelque 8 500 migrants ont débarqué récemment à Lampedusa à bord de 199 embarcations.
Selon l'ONU, quelque 8 500 migrants ont débarqué récemment à Lampedusa à bord de 199 embarcations. Tous droits réservés Fotograma EBU
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Par Alberto De Filippis et Amaranta Zermeno (adapté de l'anglais)
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Le ministre de l'Intérieur français veut aider l'Italie à expulser les migrants économiques francophones vers les pays africains amis de la France. Des experts contactés par euronews sont dubitatifs.

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L'afflux de migrants, la semaine dernière, sur la petite île italienne de Lampedusa a de nouveau été abondamment commenté en Europe. 

Entre la crainte d'une "invasion"  dénoncée par les mouvements anti-migrants et l'appel à la solidarité européenne pour mieux répartir ces populations en détresse,les mêmes questions se reposent quant au rôle de l'Union européenne pour venir en aide aux pays méditerranéens particulièrement exposés à la question migratoire. 

Or, faute d'accord unanime entre les vingt-sept pays membres de l'UE, il n'existe à ce stade qu'un mécanisme volontaire de répartition des migrants.

A ce titre, la France a-t-elle annoncé qu'aucun des migrants de Lampedusa ne serait transféré sur son territoire.Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a par ailleurs proposé l'aide de la France pour organiser les expulsions de migrants économiques.

"Nous avons dit à nos amis italiens que nous étions prêts à les aider pour reconduire des personnes dans des pays où nous avons de bonnes relations diplomatiques", a précisé le ministre tout en rappelant que parmi les migrants débarqués à Lampedusa, beaucoup semblaient francophones.

"Si les personnes sont éligibles à l'asile, (si) elles sont persécutées sexuellement, politiquement, religieusement, évidemment c'est le devoir de la France comme d'autres pays européens de les accueillir", a-t-il reconnu.

Mais de minimiser la présence de demandeurs d'asile parmi les migrants de Lampedusa, affirmant que la majorité de ces derniers ne fuyaient pas des persécutions. "Ce ne sont pas des Afghans, ce ne sont pas des Syriens", a-t-il insisté.

Ces annonces ont suscité de vives réactions en France, comme en Italie. Quant aux experts en questions migratoires, certains restent dubitatifs. 

Michele Levoy, directrice de la Plateforme de coopération internationale sur les migrants sans papiers (PICUM) : "Légalement parlant, il est très peu probable que cela puisse être fait à moins que la France n'ait conclu des accords spécifiques avec des pays particuliers. Mais il existe des normes, des processus informels pour le retour des personnes qui devraient également respecter les normes les plus élevées en matière de droits de l'homme."

D'autres experts soulignent également que les migrants parvenant à traverser la Méditerranée ne représentent qu’une petite fraction de toutes les personnes déplacées qui fuient leur pays chaque année.

Camille Le Coz, directrice associée du Migration Policy Institute (MPI) Europe : "Les gens vont continuer à quitter leur pays. Mais nous devons comprendre que la plupart des gens ne viennent pas en Europe. La plupart des gens vont dans un pays voisin. Quelques-uns d'entre eux viennent en Europe. Et donc, que devons-nous penser comme Européens ? Est-ce la meilleure manière d'organiser un système lorsque les gens arrivent sur les côtes européennes, afin d'éviter le genre de crise politique, de crise politique constante que nous ne cessons de constater" ?

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