Selon Zelensky, les forces armées ukrainiennes renforcent désormais leurs positions et augmentent le nombre de Russes capturés, qui devraient être échangés à l'avenir contre des Ukrainiens.
PUBLICITÉL'Ukraine contrôle plus de 1 250 kilomètres carrés du territoire russe, dont 92 localités, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une réunion lundi avec les chefs des missions diplomatiques étrangères du pays.
M. Zelensky a également déclaré que l'Ukraine avait capturé le plus grand nombre de prisonniers russes en une seule opération, et que cette opération représentait l'effort le plus important de l'Ukraine pour libérer les Ukrainiens de la captivité russe. Il a reconnu la semaine dernière que les prisonniers russes capturés pourraient faire partie d'un échange de prisonniers.
"Nos actions défensives actives de part et d'autre de la frontière ainsi que l'incapacité de Poutine à défendre son territoire contre nos actions défensives sont très révélatrices. Notre défense proactive et préventive est le moyen le plus efficace de contrer le terrorisme russe et de causer des difficultés considérables à l'État agresseur", a-t-il ajouté.
Les autorités russes affirment que plus de 121 000 personnes ont été évacuées de la région de Koursk depuis le début de l'incursion. 120 centres d'hébergement temporaire ont été ouverts dans 23 régions de la Russie pour accueillir les personnes déplacées. La télévision d'État russe a montré l'un de ces centres, situé dans un gymnase.
L'Ukraine veut créer une "zone tampon"
Dimanche, M. Zelensky a déclaré que l'incursion militaire dans la région russe de Koursk avait pour but de créer une "zone tampon" afin d'empêcher d'autres attaques de Moscou de l'autre côté de la frontière.
C'est la première fois qu'il énonce clairement l'objectif de l'opération qui a débuté le 6 août.
Il a ajouté que si les partenaires de l'Ukraine levaient les restrictions sur l'utilisation d'armes à longue portée sur le territoire russe, l'Ukraine "n'aurait pas besoin de pénétrer physiquement, en particulier dans la région de Koursk, pour protéger nos citoyens ukrainiens dans les communautés frontalières et éliminer le potentiel d'agression de la Russie".
Une "aventure audacieuse"
Au 16 août, selon les estimations du département d’analyse de Meduza, basées sur des photos et des vidéos de la région des opérations, l’armée ukrainienne contrôlerait 862 kilomètres carrés de territoire russe et 65 localités. Dans le même temps, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, a affirmé le 15 août que 82 localités sur 1 150 kilomètres carrés de territoire étaient sous le contrôle des forces armées ukrainiennes.
L’offensive des forces armées ukrainiennes dans la région de Koursk a été « une aventure audacieuse, née du désespoir et dans une atmosphère de grand secret », écrit The Economist. Les journalistes ont discuté des préparations de ce raid, menées dans le plus grand secret par Syrsky, avec des sources proches du commandant en chef, ainsi qu'avec des militaires ukrainiens directement impliqués dans l'opération sur le territoire russe.
D'une part, note la publication, l'invasion inattendue a remonté le moral de l'armée ukrainienne et a démontré de nouvelles tactiques de combat des forces armées ukrainiennes. Cependant, après presque deux semaines d’offensive, son rythme a ralenti et la Russie commence à réagir, non seulement dans la région de Koursk, mais également sur d’autres lignes de front.
Mais l'incursion connaît toujours des succès stratégiques - les forces ukrainiennes ont détruit le troisième et dernier pont d'avant-guerre sur la rivière Seïm dans la région de Koursk, compliquant au maximum le ravitaillement des troupes russes.
Selon des responsables russes, le pont du village de Karyj a été endommagé pendant la nuit par des « bombardements » ukrainiens ciblés. Il s'agissait du dernier passage important sur cette partie du front, après la destruction vendredi et samedi de deux ponts plus à l'est sur le même fleuve.
Les forces armées ukrainiennes sont désormais prêtes à avancer depuis leur tête de pont existante autour de la ville russe de Soudja, capturée il y a deux semaines lors d’une offensive surprise. Ils cherchent à encercler les troupes russes – dont certains sont des conscrits – bloquées au sud du fleuve, dans le district de Korenevski.
Si l’opération réussit, l’Ukraine gagnera 700 kilomètres carrés supplémentaires de territoire russe. La Russie a construit des ponts flottants sur le fleuve afin de ravitailler ses forces, mais ceux-ci sont vulnérables aux frappes ukrainiennes à courte portée des systèmes HIMARS, des lance-roquettes mobiles montés sur camion, fournis par les États-Unis.
Lundi, Kyiv a capturé deux autres villages russes, Snagost et Apanasovka. Le rythme de sa progression dans l’oblast de Koursk a toutefois ralenti ces derniers jours. Le Kremlin a mobilisé ses réserves pour tenter d'empêcher les unités de combat ukrainiennes d'avancer davantage.
PUBLICITÉLa Russie presse dans l'est de l'Ukraine
Pourtant, l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine ne baisse pas d'intensité. Ainsi, les troupes de Moscou ont occupé encore trois localités dans la région de Donetsk, et de violents combats pour le village de Niou-Iork se poursuivent, rapporte le DeepState.
Les forces ukrainiennes, en particulier la 53ᵉ brigade mécanisée des FAU, continuent d'assurer la défense dans la partie nord de Niu-Iork, même si dernier rapport de l'Institut américain pour l'étude de la guerre, qui cite des blogueurs de guerre russes, évoque la possible capture du village.
Les Russes concentrent leurs attaques dans la direction Pokrovsk avec plus de 60 affrontements lundi. Les autorités de Pokrovsk et Myrnohrad, dans la région de Donetsk en Ukraine, ont appelé les habitants locaux à évacuer en prévision de l'offensive de l'armée russe.
Les gens doivent quitter Pokrovsk dans un délai de deux semaines et les habitants de Myrnohrad, à proximité, devraient quitter la ville dans les prochains jours, ont indiqué les autorités locales.
PUBLICITÉSelon les autorités locales, la semaine dernière, l'armée russe se trouvait à un peu plus de dix kilomètres de la périphérie de Pokrovsk, un centre logistique stratégique dans l'est de l'Ukraine.
Lundi, l’administrateur militaire de Pokrovsk, Serhii Dobryak, a déclaré que les combats allaient probablement engloutir la ville dans moins de deux semaines. Il a exhorté les habitants à faire leurs bagages et à partir. Environ 60 % d’entre eux sont déjà partis, a-t-il déclaré. Il a ajouté que les familles avec enfants seraient bientôt obligées d’évacuer en vertu des mesures d’urgence.
Dans la ville voisine de Myrnohrad, à quelques kilomètres seulement de la ligne de front, moins de 16 000 personnes sont restées. Les banques, les pharmacies, les magasins et les marchés ont fermé, ainsi que toutes les organisations et institutions. L’hôpital de la ville a également fermé ses portes, à l’exception de quelques médecins qui soignaient les blessés.
L’attaque imminente de la Russie contre Pokrovsk va compliquer les tentatives de l’Ukraine de défendre sa région du Donbass, où la guerre fait rage depuis 2014. Les Russes sont sur le point de capturer une autoroute qui relie Pokrovsk à une série de grandes villes au nord, notamment les garnisons de Kramatorsk et de Sloviansk.
PUBLICITÉLe raid sur Koursk a été conçu en partie comme un moyen de soulager la pression sur Pokrovsk et la ville de Toretsk, également sous le feu intense des Russes. Jusqu'à présent, cependant, le Kremlin a transféré des forces irrégulières de l'arrière, ainsi que des unités basées dans le sud occupé de l'Ukraine. Au contraire, cela a permis d'investir davantage de ressources dans la bataille de Pokrovsk.