Expert en économie, Mark Carney prend la tête du Parti libéral du Canada, succédant à Justin Trudeau. Dans un contexte politique tendu, il promet de résister fermement aux politiques de Donald Trump.
PUBLICITÉ
Au Canada, Mark Carney sera prochainement investi Premier ministre, succédant à Justin Trudeau à la tête du Parti libéral.
Ce dernier a démissionné le 6 janvier, accablé par des difficultés internes qui ont précipité une chute de popularité, amplifiée par une série de crises économiques et sociales.
Après avoir promis de rester en fonction jusqu'à l'élection de son successeur, Justin Trudeau a finalement cédé sous la pression croissante de son propre parti, miné par des sondages désastreux et un climat politique de plus en plus hostile.
L'élection de Mark Carney à la tête du Parti libéral s'est faite de manière décisive, avec un impressionnant 86 % des voix, loin devant Chrystia Freeland, l'ancienne vice-première ministre et ministre des Finances, qui n’a récolté que 8 % des voix.
Un parcours dans la finance mondiale
Bien que n'ayant pas d'expérience politique propre, Mark Carney est un poids lourd du secteur financier et un stratège aguerri.
À la tête de la Banque du Canada, il avait piloté la sortie de crise après l'effondrement économique mondial de 2008, ce qui lui a valu une reconnaissance internationale.
Sa nomination à la tête de la Banque d'Angleterre en 2013, en tant que premier non-citoyen à occuper ce poste depuis la création de l'institution en 1694, a renforcé son image d'expert en gestion économique.
Enfin, son passage par Goldman Sachs et ses mandats internationaux ont forgé son profil d’homme d'État pragmatique, désireux de protéger l'économie canadienne des menaces extérieures.
En 2020, il est également devenu l'envoyé spécial des Nations unies pour l'action climatique et le financement, sous la direction du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
Une politique de fermeté face à Washington
Dès sa prise de fonction, Carney a promis de défendre les valeurs fondamentales du Canada, notamment son système de santé universel et sa souveraineté, face aux attaques constantes de Donald Trump.
En riposte à l'application de droits de douane de 25 % sur de nombreux produits en provenance du Canada, Mark Carney a déclaré que le Canada maintiendrait ses droits de douane de rétorsion jusqu'à ce que "les Américains nous montrent du respect".
"Il y a quelqu'un qui essaie d'affaiblir notre économie", a prévenu M. Carney. "Donald Trump [...] Comme nous le savons, a mis en place des droits de douane injustifiés sur ce que nous construisons, sur ce que nous vendons et sur la façon dont nous gagnons notre vie. Il s'attaque aux familles, aux travailleurs et aux entreprises du Canada et nous ne pouvons pas le laisser réussir et nous ne le ferons pas".
La guerre commerciale de Trump et son projet de faire du Canada le 51e État américain ont exaspéré les Canadiens. Nombre d'entre eux annulent leurs voyages au sud de la frontière et évitent d'acheter des produits américains lorsque c'est possible.
De nouvelles élections générales avant le 20 octobre prochain
L'arrivée au pouvoir de Mark Carney pourrait toutefois n’être que de courte durée, les partis d’opposition étant déjà prêts à imposer des élections anticipées.
Les élections générales, prévues au plus tard pour le 20 octobre, pourraient précipiter une nouvelle phase politique au Canada.
Justin Trudeau a exhorté les sympathisants libéraux à s'impliquer et à soutenir le nouveau chef. "Il s'agit d'un moment décisif pour la nation. La démocratie n'est pas acquise. Les libertés ne sont pas acquises. Même le Canada n'est pas un acquis." a t-il déclaré.