L'Inde et le Pakistan ont à nouveau échangé des tirs à la frontière dans la nuit de jeudi à vendredi, en se renvoyant mutuellement la responsabilité de l'escalade des tensions depuis l'attentat commis le 22 avril dans la partie indienne du Cachemire.
L'état de guerre s'installe entre l'Inde et le Pakistan : New Delhi a accusé Islamabad, vendredi 9 mai, d'une nouvelle vague de frappes nocturnes sur son territoire, en dépit des nombreux appels internationaux à la désescalade.
Les attaques entre les deux puissances nucléaires ont causé la mort d'une cinquantaine de civils depuis les frappes indiennes menées mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat commis le 22 avril dans la partie indienne du Cachemire.
L'Inde accuse le Pakistan de soutenir le groupe jihadiste qu'elle soupçonne d'avoir assassiné 26 personnes dans la ville touristique de Pahalgam. Islamabad a fermement démenti toute implication. Les tirs de missiles indiens ont été immédiatement suivis d'une riposte pakistanaise, entraînant les deux pays dans leur confrontation militaire la plus meurtrière depuis plus de deux décennies.
Vendredi matin, l'Inde a rapporté de "multiples attaques" de drones et des tirs pakistanais dans la nuit "tout le long de la frontière". "Les attaques de drones ont été repoussées et fait l'objet d'une réponse appropriée", a ajouté l'armée. Le Pakistan dément avoir frappé en territoire indien. Lors de ces attaques, une civile a été tuée par un tir de mortier dans le secteur d'Uri, a indiqué une source policière indienne sous couvert d'anonymat.
Des drones de fabrication israélienne
Des sources militaires pakistanaises assurent de leur côté que le Pakistan a abattu depuis mercredi soir "77 drones" de fabrication israélienne envoyés par l'Inde sur au moins neuf villes, certaines abritant des QG militaires ou du renseignement, comme Rawalpindi, la ville-jumelle de la capitale Islamabad.
Le ministre pakistanais des Affaires étrangères Ishaq Dar avait affirmé tard jeudi que ces drones avaient "tenté d'attaquer des sites militaires" et "visé des civils", en tuant un et blessant quatre soldats.
Le dernier bilan publié jeudi par l'Inde faisait état de 16 morts civils. Le Pakistan déplorait 37 morts. Des responsables du Cachemire pakistanais ont rapporté que des tirs d'artillerie indiens avaient tué cinq civils dans la nuit, affirmant que "l'armée pakistanaise a mené une intense contre-attaque et visé trois postes indiens le long de la ligne de contrôle", la frontière de facto.
Aéroports, écoles fermés
Les écoles ont été fermées dans tout le Cachemire indien ainsi que dans les régions frontalières du Pakistan des États voisins du Penjab et du Rajasthan. Un total de 24 aéroports du quart nord-ouest de l'Inde ont été fermés pour des raisons de sécurité.
Jeudi soir, la partie indienne du Cachemire, dont le deux pays revendiquent l'entière souveraineté depuis sa partition à leur indépendance en 1947, a été secoué par de nombreuses explosions.
New Delhi les a aussitôt attribuées à une série de frappes de drones et de missiles pakistanais visant des installations militaires. "Pas de pertes. La menace a été neutralisée", a affirmé le ministère indien de la Défense.
Plus tôt dans la journée, c'est Lahore, la grande ville pakistanaise frontalière de l'Inde, qui s'était réveillée au bruit des explosions. L'Inde a confirmé avoir "neutralisé" la défense aérienne qui y était déployée, en réponse à une attaque nocturne de "missiles et de drones pakistanais" qui visait des "cibles militaires".
Après qu'un drone s'est abattu près du stade de cricket de Rawalpindi, Islamabad a annoncé relocaliser son championnat national aux Émirats arabes unis. New Delhi, de son côté, a suspendu vendredi sa très lucrative Première Ligue pour une semaine.
Malgré cette succession d'opérations militaires, les deux pays rivaux continuent publiquement à démentir toute intention agressive.
Médias internationaux bloqués
Le ministre pakistanais de l'Information Attaullah Tarar a accusé les médias indiens de "désinformation". "Nous n'avons fait jusque-là que nous défendre !", a-t-il souligné.
Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a lui aussi déclaré qu'il n'était "pas dans l'intention" de son pays de "causer une nouvelle escalade". Mais il a promis une "réponse très ferme" en cas de nouvelle attaque.
Dans ce climat de guerre, les appels répétés de nombreuses capitales étrangères à la retenue ont de plus en plus de mal à se faire entendre. Le vice-président américain J.D. Vance a, à son tour, appelé jeudi à la "désescalade". "Nous n'allons pas nous impliquer dans une guerre qui n'est fondamentalement pas notre affaire", a-t-il toutefois ajouté lors d'un entretien sur Fox News.
Après une visite à Islamabad, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a poursuivi jeudi sa mission de médiation à New Delhi. L'Iran est "prêt à faire tous les efforts pour aider à réduire les tensions", a-t-il déclaré à l'issue de sa visite.
La confrontation entre les deux pays fait également rage sur le front de l'information. L'Inde a ordonné jeudi à X de bloquer plus de 8 000 comptes, dont ceux de médias internationaux. Le réseau social a dit s'y être conformé à contrecœur, dénonçant une "censure".
New Delhi avait déjà exigé l'interdiction en Inde de plusieurs comptes de figures politiques, de célébrités ou encore de médias pakistanais.