Des soldats israéliens ont ouvert le feu sur une délégation diplomatique composée d'environ 25 ambassadeurs et représentants, lors d'une visite officielle au camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, ont rapporté des sources locales.
Une délégation qui effectuait une visite de terrain mercredi pour observer la situation humanitaire dans la région a essuyé des tirs qui ont suscité une vague de condamnations dans les milieux diplomatiques.
Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, les quelque 25 ambassadeurs et représentants étaient accompagnés de journalistes près de la barrière de fer installée par l'armée israélienne à l'entrée est du camp lorsqu'ils ont essuyé des tirs.
La délégation comprenait des ambassadeurs de nombreux pays, parmi lesquels l'Égypte, la Chine, le Brésil, la Turquie, la Russie, le Mexique, le Canada, la France et le Royaume-Uni ainsi que des représentants de l'Union européenne.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné les tirs israéliens, estimant qu'il s'agissait d'une grave violation des règles diplomatiques fondamentales stipulées dans la convention de Vienne de 1961, qui prévoit la protection des missions et des délégations diplomatiques.
Le ministère a également publié une vidéo sur X dans laquelle on peut entendre des coups de feu au poste de contrôle, et décrit l'incident comme une tentative d'intimidation.
Dans un communiqué, l'armée israélienne affirme que la délégation diplomatique était arrivée dans une zone restreinte du camp de Jénine et avait dépassé l'itinéraire convenu à l'avance, qui avait été déterminé en raison de sa présence dans une zone de combat active.
Le communiqué affirme que les soldats présents dans la zone "n'étaient pas au courant de la présence d'une mission diplomatique à proximité et ont donc tiré en l'air, et non pas directement sur eux, afin de les faire fuir" et ajoute qu'"il n'y a pas eu de dégâts ni de blessés".
Le général de brigade Hisham Ibrahim a présenté ses excuses "pour les désagréments causés par cet incident", après qu'une enquête a été ouverte pour en déterminer les circonstances exactes.
Vives condamnations en Europe
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a immédiatement condamné l'incident, affirmant que toute menace contre des diplomates était "inacceptable".
Dans la foulée les gouvernements français, italien et espagnol ont convoqué les ambassadeurs israéliens pour demander des éclaircissements, tandis que la Belgique a exigé des autorités israéliennes "des explications convaincantes".
Ce nouvel incident intervient dans un contexte particulièrement tendu entre Israël et les pays européens, alors que l'État hébreu étend ses opérations militaires pour s'emparer de la totalité de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de personnes sont exposées à un risque critique de famine, selon les ONG.
L'aide humanitaire "de base" autorisée par Israël à entrer à Gaza - qui a été qualifié de "goutte d'eau dans l'océan" par Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l'ONU - n'avait toujours pas été livrée à la population mercredi, selon les Nations unies.
Dans une déclaration commune publiée lundi, Paris, Londres et Ottawa ont menacé Israël de "mesures concrètes" si l'État hébreu "ne met pas fin à la nouvelle offensive militaire et ne lève pas ses restrictions sur l'aide humanitaire".
Enfin, Bruxelles a menacé mardi de revoir son accord d'association avec Israël après que 17 des 27 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont soutenu la proposition présentée au début du mois par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.