Selon les médias israéliens, des colons ont notamment pris pour cible le commandant de la base militaire régionale de Binyamin, dans le centre de la Cisjordanie, le qualifiant de "traître".
Des dizaines de colons israéliens ont allumé des incendies, vandalisé des véhicules militaires, fait des graffitis et attaqué des soldats dans une base militaire située au nord de Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, dans la nuit de dimanche à lundi, a confirmé l'armée.
Selon les médias israéliens, des colons ont notamment pris pour cible le commandant de la base militaire régionale de Binyamin, dans le centre de la Cisjordanie, qu'ils ont traité de "traître".
Ce commandant fait partie d'un groupe de soldats agressés dans la nuit de vendredi à samedi après s'être opposés à des colons qui se dirigeaient vers le village palestinien de Kafr Malek, où trois Palestiniens avaient été tués mercredi par des colons, selon l'Autorité palestinienne.
Suite aux violences de la nuit de vendredi à samedi, six civils israéliens avaient été arrêtés. C'est en représailles à ces arrestations, selon les médias, que des colons se sont à nouveau regroupés dans la nuit de dimanche à lundi.
Des images diffusées par les médias israéliens ont révélé que les assaillants étaient un groupe de jeunes hommes religieux, typiquement associés aux "Jeunes des collines", un mouvement extrémiste de colons israéliens accusé de s'en prendre aux Palestiniens et à leurs biens.
"Ligne rouge"
En réponse à ces violences, l'armée a utilisé des grenades assourdissantes contre des dizaines de colons. L'armée a publié des photos montrant des infrastructures brûlées lors de l'attaque, qui comprenaient, selon elle, "des systèmes qui aident à contrecarrer les attaques terroristes et à maintenir la sécurité".
Lundi, le ministre israélien de la défense, Israël Katz, s'est engagé à "éradiquer cette violence à la racine".
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a condamné l'attaque de dimanche, déclarant qu'"aucun pays civilisé ne peut tolérer des actes violents et anarchiques tels que l'incendie d'une installation militaire, la détérioration de biens de Tsahal et l'attaque de personnel de sécurité par des citoyens du pays".
Le ministre de la sécurité d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, a également condamné l'attentat, ce qui est rare puisqu'il a souvent défendu des Israéliens accusés de crimes similaires.
"Attaquer les forces de sécurité, les installations de sécurité et les soldats de Tsahal qui sont nos frères, nos protecteurs, est une ligne rouge et doit être traité avec la plus grande sévérité. Nous sommes des frères", a-t-il écrit dans un message publié sur X.
Itamar Ben-Gvir a déjà été condamné pour incitation au racisme et soutien à des groupes terroristes, et il a appelé à l'expulsion des citoyens arabes d'Israël. Il était autrefois largement rejeté par les hommes politiques israéliens, mais son influence, notamment parmi les colons extrémistes de Cisjordanie, s'est depuis lors accrue avec le glissement du pays vers la droite.
S'exprimant sur la radio de l'armée israélienne, le chef de l'opposition Yaïr Lapid a qualifié les agresseurs de "terroristes juifs, de bandes de criminels, qui se sentent soutenus par la coalition (gouvernementale)".
Recrudescence des attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie
Cette attaque survient après une série d'attaques perpétrées par des colons israéliens en Cisjordanie au cours des derniers jours.
En réponse aux violences de mercredi, l'adjoint du président palestinien Mahmoud Abbas, Hussein al-Sheikh, a écrit sur X que "la violence et le déchaînement des colons, sous la protection de l'armée d'occupation, est une décision politique du gouvernement israélien, mise en œuvre par les colons". "Le comportement et les décisions du gouvernement israélien poussent la région vers l'explosion", a-t-il ajouté.
Plusieurs ONG de défense des droits humains dénoncent la montée des violences commises par des colons en Cisjordanie et l'impunité dont ils bénéficient.
Les violences ont flambé dans ce territoire palestinien, occupé par Israël depuis 1967, depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. La Cisjordanie abrite quelque 3 millions de Palestiniens, qui vivent sous le joug militaire israélien, et 500 000 colons juifs.
La communauté internationale considère majoritairement que les colonies de Cisjordanie sont illégales.