Cette décision a été prise par le gouvernement iranien après les frappes israéliennes et américaines sur les sites nucléaires iraniens de Natanz, Fordo et Ispahan. Cependant, l'Iran ne ferme pas la porte aux négociations.
Le président iranien Massoud Pezechkian a ordonné, ce mercredi 2 juillet, la suspension de la coopération de l'Iran avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'**organe de surveillance nucléaire de l'ONU. Une annonce faite une semaine après l'adoption, par le Parlement, du projet de loi. Jeudi, c'est le Conseil des Gardiens de la révolution, organe de surveillance de la constitution iranienne, qui a donné son aval.
Cependant, l'ordre du président ne comportait aucun calendrier ni aucun détail sur les conséquences de cette décision. En revanche, elle restera en vigueur "jusqu'à ce que certaines conditions soient remplies, comme la garantie de la sécurité des installations nucléaires et des scientifiques", a assuré la télévision d'État.
Selon le député iranien Alireza Salimi, cité par l'agence Isna, les inspecteurs auront désormais besoin de l'accord du Conseil suprême de sécurité nationale pour accéder aux sites. Un diplomate proche de l'AIEA assure, de son côté, que les inspecteurs de l'Agence de l'ONU sont encore sur place. L'Agence internationale de l'énergie atomique a, elle, dit qu'elle attendait une communication officielle de Téhéran.
La décision de suspendre sa coopération avec l'AIEA intervient près de trois semaines après les premières frappes israéliennes et en réponse aux bombardements américains sur les sites nucléaires iraniens de Fordo, Natanz et Ispahan. Ces frappes ont tué 935 "citoyens iraniens", dont 38 enfants et 102 femmes, selon Téhéran, qui a l'habitude de présenter des bilans moins élevés en cas de troubles liés à des considérations politiques.
La colère d'Israël
"L'Iran vient de faire une annonce scandaleuse", a rapidement condamné le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar. "Il s'agit d'un renoncement complet à toutes ses obligations et à tous ses engagements internationaux en matière nucléaire", a-t-il ajouté.
Il a également exhorté les pays européens ayant signé l'accord sur le nucléaire iranien, en 2015, à mettre en œuvre la clause dite de "snapback", visant à réimposer toutes les sanctions de l'ONU initialement levées par l'accord que Téhéran avait passé avec les puissances mondiales.
Israël est aujourd'hui considéré comme le seul pays de la région à être doté de l'arme nucléaire et n'autorise pas l'AIEA à accéder à ses informations. L'État hébreu a également refusé de signer le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, dont l'Iran est signataire. Ce traité prévoit que les pays s'engagent à ne pas fabriquer ou obtenir d'armes nucléaires et autorise l'AIEA à mener des inspections pour vérifier que les pays ont correctement déclaré leurs programmes.
Uranium à 60 %
L'accord nucléaire iranien a permis à l'Iran d'enrichir l'uranium à 3,67 %, ce qui est suffisant pour alimenter une centrale nucléaire, mais bien en deçà du seuil de 90 % nécessaire pour obtenir de l'uranium de qualité militaire. Il a également permis de réduire considérablement les stocks d'uranium de l'Iran, de limiter son utilisation des centrifugeuses et de s'appuyer sur l'AIEA pour surveiller le respect de l'accord par Téhéran au moyen d'un contrôle supplémentaire, qui a été le principal évaluateur de l'engagement de l'Iran vis-à-vis de l'accord.
Mais Donald Trump, au cours de son premier mandat, a unilatéralement retiré Washington de l'accord, insistant sur le fait qu'il n'était pas assez strict et qu'il ne traitait pas du programme de missiles de l'Iran ou de son soutien à des groupes militants dans le Moyen-Orient.
Depuis, l'Iran a enrichi son uranium jusqu'à 60 %, ce qui représente une courte étape avant d'atteindre des niveaux de qualité militaire. Il dispose également d'un stock suffisant pour fabriquer plusieurs bombes nucléaires, s'il le souhaite.
L'Iran a longtemps insisté sur le fait que son programme nucléaire était destiné à des fins pacifiques, mais l'AIEA, les agences de renseignement occidentales et d'autres organismes affirment que Téhéran disposait d'un programme d'armement organisé jusqu'en 2003.
Le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, estime que l'Iran pourrait être en mesure de relancer l'enrichissement de l'uranium dans "quelques mois", malgré les dernières frappes, a-t-il affirmé sur CBS News, samedi.
Donald Trump a, lui, déclaré que les sanctions contre l'Iran pourraient être levées s'ils le pays acceptait de revenir à la table des négociations, affirmant même que les pourparlers pourraient reprendre "dès la semaine prochaine". "Je ne pense pas que les négociations reprendront aussi rapidement", a répondu Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères. "Mais les portes de la diplomatie ne se fermeront jamais", a-t-il ajouté.