Le ministère israélien des Affaires étrangères a présenté des excuses officielles pour la frappe, tandis que Tsahal affirme avoir ouvert une enquête sur l'attaque de la seule église catholique de Gaza.
Au moins trois personnes ont été tuées et une dizaine d'autres ont été blessées, ce jeudi 17 juillet, après qu'un obus israélien a frappé l'Église de la Sainte-Famille, dans le nord de Gaza, ont déclaré le Patriarcat latin de Jérusalem, à Euronews.
"Nous prions pour le repos de leurs âmes et pour la fin de cette guerre barbare. Rien ne peut justifier que des civils innocents soient pris pour cible", a-t-il ajouté.
L'organisation catholique Caritas Jérusalem a déclaré que deux des victimes étaient le concierge de la paroisse, âgé de 60 ans, et une femme de 84 ans, qui recevait une aide psychosociale dans l'enceinte de l'édifice.
L'Église catholique de Deir Al, la seule de l'enclave palestinienne, abritait quelque 600 civils, catholique comme musulmans. 54 d'enfants handicapés y avaient également trouvé refuge, selon Fadel Naem, directeur par intérim de l'hôpital Al-Ahli, qui a accueilli les blessés, dont un enfant handicapé, deux femmes et une personne âgée. Selon lui, la zone autour de l'Église et de l'hôpital a été frappée à plusieurs reprises la semaine passée.
Le père Gabriel Romanelli, prêtre de la paroisse, a également été blessé dans le bombardement. Il était connu pour ses conversations quotidiennes qu'il avait avec le pape François. Avant sa mort, le souverain pontife appelait le père Romanelli pour prendre des nouvelles des fidèles de Gaza et des personnes réfugiées dans l'Église.
"Nous avons été frappés alors que tous les gens qui s'y trouvaient étaient des anciens, des innocents et des enfants", a assuré Shady Abu Dawood, dont la mère a été blessée à la tête par des éclats d'obus. "Nous aimons la paix et nous l'appelons de nos vœux, mais il s'agit là d'une action brutale et injustifiée de l'occupation israélienne."
La frappe a été également endommagée l'édifice religieux.
Une autre frappe israélienne vise deux écoles
Fait rare, le ministère israélien des Affaires étrangères a présenté ses excuses. "Israël exprime sa profonde tristesse pour les dommages causés à l'église de la Sainte-Famille dans la ville de Gaza et pour toute victime civile", a écrit le ministère sur les réseaux sociaux.
De son côté, l'armée israélienne a déclaré qu'une enquête avait été ouverte. Elle a aussi assuré faire "tous les efforts possibles pour atténuer les dommages causés aux civils et aux structures civiles, y compris les sites religieux" et dit regretter "les dommages qui leur ont été causés".
Israël a frappé à plusieurs reprises des écoles, des abris, des hôpitaux et d'autres bâtiments civils, accusant les militants du Hamas de s'y abriter et les rendant responsables de la mort de civils. Mais les Palestiniens affirment ne plus se sentir en sécurité depuis qu'Israël a lancé son offensive en réponse à l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Depuis cette date, plus de 58 000 Palestiniens, en majorité des enfants et des femmes, ont été tués par Israël, selon le bilan du ministère de la Santé de Gaza, jugé fiable par l'ONU.
Cibler un lieu saint "est un affront flagrant à la dignité humaine et une grave violation du caractère sacré de la vie et de l'inviolabilité des sites religieux, qui sont censés servir de refuge en temps de guerre", a déclaré l'Église dans un communiqué.
Dans le même temps, une personne a été tuée et dix-sept autres blessées lors d'une attaque contre deux écoles abritant des personnes déplacées dans le camp de réfugiés d'Al-Bureij, dans le centre de Gaza, selon l'hôpital Al-Awda. L'armée israélienne n'a pas immédiatement commenté cette attaque.
Une attaque dénoncée par Giorgia Meloni et Léon XIV
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a critiqué Israël pour cette attaque. "Les attaques contre la population civile dont Israël fait preuve depuis des mois sont inacceptables. Aucune action militaire ne peut justifier une telle attitude", a-t-elle assuré.
De son côté, le pape Léon XIV a renouvelé son appel à un cessez-le-feu immédiat. Dans un télégramme de condoléances aux victimes, il a exprimé "son profond espoir de dialogue, de réconciliation et de paix durable dans la région". Le pape s'est dit "profondément attristé d'apprendre les pertes en vies humaines et les blessures causées par l'attaque militaire" et a exprimé sa proximité avec le prêtre Gabriel Romanelli et toute la paroisse.
Selon le rapport du département d'État américain sur la liberté religieuse dans le monde publié en 2024, seuls 1 000 chrétiens vivent à Gaza, un territoire majoritairement musulman. La plupart d'entre eux sont des Grecs orthodoxes. La population chrétienne a diminué au cours des dernières décennies, de nombreux chrétiens ayant émigré pour échapper à la guerre. Les dirigeants chrétiens locaux ont récemment dénoncé les attaques des colons israéliens et des extrémistes juifs.
Ces frappes interviennent alors qu'Israël et le Hamas poursuivent leurs pourparlers en vue d'un cessez-le-feu à Gaza, bien que peu de progrès aient été réalisés. Israël avait mis fin, en mars dernier, à une trêve signée entre les deux belligérants.