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Les capitales européennes sont-elles menacées par les drones kamikazes russes ?

FICHIER - Un drone explosif iranien Shahed lancé par la Russie vole dans le ciel quelques secondes avant de frapper des bâtiments à Kyiv, en Ukraine, le 17 octobre 2022.
FICHIER - Un drone explosif iranien Shahed lancé par la Russie vole dans le ciel quelques secondes avant de frapper des bâtiments à Kyiv, en Ukraine, le 17 octobre 2022. Tous droits réservés  Efrem Lukatsky/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Efrem Lukatsky/Copyright 2022 The AP. All rights reserved
Par Johanna Urbancik & Aleksandra Galka Reczko & Mateusz Jaroński
Publié le
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Mercredi, l'armée polonaise a abattu plusieurs drones d'attaque russes. Ces appareils chargés d'explosifs auraient également pu atteindre d'autres villes européennes.

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Pour la première fois depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, la Pologne a abattu mercredi soir des drones d'attaque russes au-dessus du territoire de l'OTAN.

Le gouvernement polonais a enregistré 19 drones, dont certains ont été lancés depuis l'espace aérien biélorusse.

Aucune victime n'a été signalée. Une maison à Wyryki-Wola, à quelques kilomètres seulement des frontières ukrainienne et biélorusse, a été gravement endommagée par l'un des drones.

Le Premier ministre Donald Tusk a déclaré que l'alliance prenait cette menace « très au sérieux ».

Le ministère biélorusse de la Défense a affirmé avoir également abattu des drones russes au-dessus de son territoire et avoir partagé des informations avec la Pologne entre 23 heures mardi et 4 heures mercredi.

Tusk a toutefois condamné le fait que plusieurs drones soient entrés en Pologne directement depuis l'espace aérien biélorusse.

Les drones russes pourraient-ils atteindre Varsovie, Bruxelles ou Berlin ?

En principe, oui.

Les drones Shahed fabriqués à Téhéran, rebaptisés Geran-2 en Russie, auraient une portée maximale de 2 500 kilomètres et une vitesse maximale de 185 km/h.

Située à moins de 1 000 kilomètres et bordant à la fois le Bélarus et l'Ukraine, Varsovie est plus vulnérable à d'éventuelles attaques. Un Geran-2 mettrait environ quatre heures pour atteindre la capitale polonaise, s'il n'était pas abattu auparavant par ses forces.

La distance entre Briansk en Russie et Berlin est d'environ 1 500 kilomètres, soit un vol de drone d'environ huit heures. Tout drone tentant d'atteindre l'Allemagne devrait toutefois traverser l'espace aérien polonais, ce qui déclencherait vraisemblablement sa défense aérienne.

Géographiquement plus proche se trouve l'enclave russe de Kaliningrad. À un peu plus de 500 kilomètres de Berlin, les drones pourraient atteindre la capitale allemande en moins de trois heures, mais là encore, ils devraient d'abord traverser la Pologne.

La distance entre Bruxelles et Briansk n'est que de 2 000 kilomètres, ce qui reste dans le rayon d'action d'un Geran-2, mais il faudrait plus de 10 heures pour atteindre la capitale belge et le siège du pouvoir de l'UE.

De plus, le drone devrait traverser les espaces aériens polonais et allemand. Le temps de trajet diminue encore si le drone part de Kaliningrad, passant d'environ 10 heures à 6 heures pour seulement 1 200 kilomètres.

Même la capitale française se trouve techniquement toujours dans le rayon d'action du Geran-2. Pour atteindre Paris, le drone devrait voler pendant 11 heures sans être détecté, en passant par la Pologne et l'Allemagne, et parcourir plus de 2 200 kilomètres.

Un officier ukrainien examine un drone Shahed équipé d'une charge thermobarique lancé par la Russie dans un laboratoire de recherche situé dans un lieu tenu secret, 14.11.24
Un officier ukrainien examine un drone Shahed équipé d'une charge thermobarique lancé par la Russie dans un laboratoire de recherche situé dans un lieu tenu secret, 14.11.24 Efrem Lukatsky/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Mercredi matin, l'armée polonaise aurait abattu des Geran-2.

Les chaînes ukrainiennes qui surveillent les frappes russes sur l'Ukraine ont publié une carte montrant que ces drones avaient probablement été lancés depuis les régions russes de Koursk et de Briansk.

Au moment où ils ont atteint la Pologne, les drones avaient déjà parcouru près de 1 000 kilomètres.

Un drone Geran-2 mesure 3,5 mètres de long et a une envergure de 2,5 mètres. Il peut transporter entre 50 et 90 kilogrammes d'explosifs.

L'OTAN est-elle prête ?

La Russie cible l'Ukraine presque quotidiennement avec des centaines de drones, qui sont interceptés à l'aide de diverses armes, notamment des unités mobiles équipées d'armes automatiques.

L'année dernière, les développeurs de drones « Wild Hornets » ont déclaré à Euronews qu'ils pensaient que les pays de l'OTAN s'appuyaient sur des systèmes de défense aérienne beaucoup trop coûteux pour contrer des drones bon marché, qui sont généralement déployés en grand nombre.

En Pologne, des avions de chasse ont été mobilisés pour neutraliser les drones.

L'ancien général américain Ben Hodges a écrit sur X que l'OTAN n'était pas prête à faire face à de tels scénarios si elle continuait à déployer des avions de combat coûteux contre des drones bon marché.

« L'OTAN et l'USEUCOM doivent mener de toute urgence des exercices de défense aérienne et antimissile, attendus depuis longtemps, sur l'ensemble du théâtre d'opérations afin de contrer et de dissuader de futures attaques russes », a-t-il écrit, ajoutant que le Kremlin était actuellement en train de « tester nos temps de réponse et nos capacités ».

Le déploiement d'avions de chasse contre des drones est presque toujours irrationnel sur le plan économique : selon certaines informations, la production d'un Shahed coûterait entre 17 000 et 43 000 euros seulement. En raison de leur faible coût, de leur altitude réduite et de leur conception kamikaze, ils sont parfois surnommés « les missiles de croisière des pauvres ».

Le commandement opérationnel des forces armées polonaises (DORSZ) a relevé son niveau de préparation en réponse à cet incident. En plus des systèmes terrestres, des avions d'alerte précoce ont été mis en patrouille.

L'action impliquant les alliés de l'OTAN a consisté à envoyer dans la région deux F-35, deux F-16, des hélicoptères Mi-17, des Mi-24 et un Black Hawk.

Un F35 Lockheed Martin vole au Salon du Bourget, mardi 17 juin 2025, au nord de Paris.
Un F35 Lockheed Martin vole au Salon du Bourget, mardi 17 juin 2025, au nord de Paris. Michel Euler/Copyright 2025 The AP. All rights reserved.

L'Allemagne pourrait-elle abattre des drones au-dessus de son propre territoire ?

L'inspecteur général de la Bundeswehr, Carsten Breuer, a déclaré à la chaîne de télévision allemande ARD au début de l'année que l'abattage d'un drone n'était « pas si simple », comme l'a montré un incident survenu en 2023 impliquant un drone au-dessus d'une caserne de l'armée allemande.

Dans ce cas précis, il ne s'agissait pas d'un drone d'attaque russe chargé d'explosifs, mais d'un drone de reconnaissance, généralement utilisé pour photographier des infrastructures militaires ou critiques.

Jusqu'à présent, aucun drone d'attaque russe n'a pénétré dans l'espace aérien allemand. En Allemagne, la chaîne de responsabilité est plus complexe lorsqu'il s'agit de drones de reconnaissance ou d'espionnage.

Si des drones sont aperçus au-dessus des infrastructures de la Bundeswehr, l'armée doit réagir de manière proportionnée, en veillant à ne présenter aucun risque pour les passants, surtout s'il n'est pas certain que le drone soit armé.

Si des drones sont repérés au-dessus d'infrastructures critiques, la responsabilité incombe à la police.

Le ministère allemand de l'Intérieur a déclaré à Euronews dans un communiqué écrit que les autorités fédérales et régionales restent « en contact permanent, notamment avec les opérateurs d'infrastructures et d'autres parties prenantes ».

Des canaux de communication et de signalement établis sont en place, a ajouté le ministère, mais « la coopération est ajustée si nécessaire, en fonction de l'évolution de la situation en matière de menaces ».

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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