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Défense : la Pologne a réussi un test mais n'est pas encore prête, estime le lieutenant-général Gromadzinski

La police et la police militaire sécurisent les pièces d'un objet endommagé abattu à Wohyń. Le général Gromadzinski déclare que la Pologne a réussi le test.
La police et la police militaire sécurisent les pièces d'un objet endommagé abattu à Wohyń. Le général Gromadzinski déclare que la Pologne a réussi le test. Tous droits réservés  Rafal Niedzielski/Copyright 2025 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Rafal Niedzielski/Copyright 2025 The AP. All rights reserved
Par Aleksandra Galka Reczko
Publié le
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L'utilisation d'avions F-35 pour abattre des drones montre que la Pologne n'est pas encore prête, estime le lieutenant-général Jaroslaw Gromadzinski dans une interview accordée à Euronews. Selon lui, le véritable test est à venir.

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Dans la nuit du 9 au 10 septembre, l'espace aérien polonais a été violé à plusieurs reprises, notamment par des drones russes Shahed.

Selon le Premier ministre Donald Tusk, au moins 19 violations ont été enregistrées, mais comme il l'a assuré - avec le président polonais Karol Nawrocki et le ministre de la Défense nationale Władysław Kosiniak-Kamysz - "toutes les procédures ont fonctionné correctement". Le chef du gouvernement a également estimé que la Pologne n'avait jamais été aussi proche d'un conflit ouvert depuis la Seconde Guerre mondiale.

L'incident a coïncidé avec les exercices militaires russo-biélorusses Zapad 2025, qui se déroulent à proximité immédiate de la frontière polonaise. Il s'agit du premier test aussi massif de la défense aérienne polonaise depuis le début de la guerre en Ukraine.

"Une action hybride combinée"

Le lieutenant-général de réserve Jaroslaw Gromadzinski, qui a observé l'évolution de la situation en temps réel, a relevé un élément caractéristique de l'opération : la coordination des attaques physiques avec une campagne de désinformation.

"Je n'ai pas dormi de la nuit. À partir de 2 heures du matin, il y a eu une forte intensité de désinformation de la part de divers trolls diffusant des informations selon lesquelles les drones auraient déjà atteint les environs de Ciechanów (ndlr : à 97 km de Varsovie). Il s'agissait clairement d'une action hybride combinée : la frappe de Shaheds et l'activité dans les médias", explique-t-il dans une interview accordée à Euronews.

Selon lui, cela prouve que l'action était clairement provocatrice, les Russes testant les capacités et les délais de réaction polonais. "L'incendie a été éteint dans la matinée, ce qui signifie que nos services ont commencé à réagir. C'était un grand test pour nos capacités", ajoute-t-il.

La Pologne a-t-elle réussi ce test ?

Dans l'ensemble, le général est satisfait de la réaction polonaise, en particulier de la décision courageuse de fermer l'espace aérien au trafic civil et d'utiliser les forces de l'Otan.

"Je soutiens sans réserve la décision d'autoriser l'entrée d'avions militaires, ce qui a permis d'éliminer la menace. Le plus important est qu'il ne s'agissait pas seulement de nos avions, mais d'avions alliés basés en Pologne dans le cadre de leur mission. Cela a montré la force de l'OTAN", souligne l'ancien commandant de l'Eurocorps, l'état-major multinational regroupant 11 nations dont l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France, la Pologne, ou encore l'Italie.

"Le plus important maintenant, c'est ce que la diplomatie polonaise et les alliés vont faire", prévient-il. Sans une réponse ferme de l'ensemble de l'Alliance, "cela enhardira la partie russe et nous aurons des drones plus souvent et plus profondément dans notre pays".

Le lieutenant général de l'armée polonaise Jaroslaw Gromadzinski
Le général de corps d'armée polonais Jaroslaw Gromadzinski Archiwum prywatne

Le silence de Washington "irrite les oreilles"

Alors que l'ambassadeur des États-Unis auprès de l'Otan, Matthew Whitaker, s'est déclaré prêt à défendre "chaque pouce du territoire de l'Otan", la Maison Blanche, le département d'État et le Pentagone restent silencieux. L'ancien ambassadeur de Pologne aux États-Unis, Marek Magierowski, a qualifié ce silence d'"irritant pour les oreilles" dans un article d'opinion par Wirtualna Polska.

Le général Gromadzinski insiste sur la nécessité d'afficher une unité sans faille. "Les alliés doivent se mettre d'accord sur tout en coulisses, puis faire une déclaration d'une seule voix. C'est là que réside la force de notre diplomatie : allons-nous convaincre tout le monde, en particulier les États-Unis, de donner une réponse radicale ?".

Il ne s'agit pas seulement d'une action militaire, mais "d'un renforcement des sanctions, de blocus, peut-être d'une fermeture de l'espace aérien au-dessus de Kaliningrad ou de conséquences pour les pays qui coopèrent avec la Russie".

"Tirer au canon sur une mouche"

L'ancien commandant des forces terrestres américaines en Europe, le général Ben Hodges, a fait une évaluation critique de l'utilisation d'avions de chasse ultramodernes pour la guerre des drones. "L'Otan et l'USEUCOM (ndlr : commandement des forces des États-Unis en Europe) ont besoin de mener des exercices de défense aérienne sur l'ensemble du théâtre d'opérations, ce qui est nécessaire depuis longtemps. L'utilisation de F-35 et de F-22 contre des drones montre que nous ne sommes pas encore prêts", a-t-il écrit sur X.

Un constat approvué par le général Gromadzinski. "Cela revient à tirer au canon sur une mouche. Nous devrions construire un système de défense aérienne multicouche qui, à l'altitude la plus basse, prenne en compte à la fois les systèmes cinétiques et les systèmes de brouillage", explique-t-il.

Il est important de connaître les caractéristiques des drones et, par conséquent, d'analyser la vitesse, la trajectoire de vol, la portée et la manœuvrabilité pour assurer une défense efficace. "Les drones ne peuvent pas seulement être noyés, l'élimination cinétique est également essentielle."

Une lacune dans la défense

Le problème de la défense contre les drones est apparu il y a deux ans, lorsque l'Ukraine a commencé à les utiliser massivement. "Tous les pays ont découvert qu'ils avaient une lacune dans cette couche inférieure de la défense. C'est la raison pour laquelle des avions ont été utilisés aujourd'hui, parce que nous n'avons pas eu le choix", admet le général Gromadzinski.

"Idéalement, nous devrions disposer d'éléments de reconnaissance à tous les niveaux, déployés le long de la frontière", diagnostique l'expert. Selon lui, l'intégration des différents systèmes de défense sera essentielle.

"Le plafond contre les missiles les plus élevés est le plus compliqué à bâtir. Nous l'avons prévu dès la construction de notre système multicouche, mais avons perdu le niveau le plus bas. Aujourd'hui, un système de reconnaissance de guerre anti-drone doit être construit à court terme à ce niveau le plus bas. Il doit être intégré au système principal, afin que nous puissions identifier la cible et déterminer avec quels moyens nous la détruisons".

Manque de communication stratégique

Le général Gromadzinski insiste sur le fait qu'en cette période de tension et de peur, il convient de faire confiance aux experts et non aux influenceurs sur Internet. Il dénonce également un autre retard dans la structure de défense du pays : le chaos informationnel en temps de crise.

"Nous ne disposons pas d'outils de communication stratégique au niveau gouvernemental. {...} Un poste de police local a donné des informations sur la découverte d'un drone. Cela ne devrait pas exister", critique-t-il. "Il devrait y avoir une information centralisée pour éviter les fausses nouvelles. Le citoyen devrait savoir qu'il n'obtient des informations que de cette source. Il s'agit d'une guerre de l'information dans laquelle la Russie excelle."

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