Élu pour deux mandats après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, l'ex-Premier ministre britannique a été un soutien inconditionnel à George W. Bush et à l'invasion de l'Irak. Après avoir démissionné, Tony Blair s'est reconverti en conseiller sur la région du Moyen-Orient.
Le nom de Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, est redevenu une figure centrale dans le monde arabe, avec la présentation par le président Donald Trump du "plan de paix" visant à mettre fin à la guerre à Gaza et de ses 20 dispositions. L'une stipule la création d'un organe de contrôle international appelé "Conseil de la paix", présidé par Trump lui-même, avec Tony Blair comme membre et partenaire.
Les deux dirigeants travailleront pour surveiller le comité palestinien technocratique et apolitique qui prendra en charge la gouvernance de la bande de Gaza après que le Hamas aura été écarté de la scène, selon le plan présenté.
Plusieurs articles ont vu dans l'annonce de Trump un nouveau règne et une nouvelle influence pour Tony Blair dans le monde arabe, dont il n'a jamais été absent, même après avoir démissionné de son poste en 2007 en raison de son impopularité. Le public britannique lui reprochait d'avoir soutenu l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Le journal hébreu Yedioth Ahronoth a déclaré que l'ex-Premier ministre était revenu dans la région comme s'il ne l'avait jamais quittée. Qui est ce revenant qui n'a jamais quitté la scène du Moyen-Orient ?
Blair en tant que Premier ministre britannique
Né en 1953 à Édimbourg, Blair fait ses études à l'université d'Oxford, devient avocat et, en 1983, est élu à la Chambre des communes en tant que député travailliste de Sedgefield.
Ses talents d'orateur l'ont rendu populaire auprès des électeurs sur plusieurs questions locales, et il était le candidat idéal pour prendre la tête du parti travailliste après le décès soudain du leader de l'époque, John Smith.
En 1997, les travaillistes remportent une victoire écrasante aux élections législatives, faisant de Blair, à l'âge de 43 ans, le plus jeune premier ministre que la Grande-Bretagne ait connu depuis Lord Liverpool en 1812.
Un soutien inconditionnel à George Bush et à l'invasion de l'Irak
Au tournant du millénaire, Tony Blair est réélu pour deux mandats consécutifs après les événements du 11 septembre 2001, mais il doit faire face à une période de leadership turbulente. Son soutien militaire à la "guerre contre le terrorisme" américaine ainsi qu'à l'invasion de l'Irak ont suscité des inquiétudes au sein de son parti. Sous la présidence de George W. Bush, les Etats-Unis avaient mené cette campagne en Afghanistan et envahis l'Irak en 2003 pour renverser le régime de l'ancien président Saddam Hussein sous le prétexte d'empêcher la dissémination d'armes de destruction massive. Ce soutien au président américain a contribué à une baisse de sa popularité après que Londres n'a pas réussi à prouver l'existence de ces armes, ce qui l'a finalement poussé à démissionner en 2007.
Selon le journal britannique The Guardian, Tony Blair ne savait pas à l'époque à quel point son ingérence dans les dossiers étrangers affectait la politique britannique. Il rapporte que le 28 avril 2003, quelques semaines après la chute de Bagdad, Sir John Scarrett, président du Joint Intelligence Committee, est entré dans le bureau de l'attaché de presse de Tony Blair, Alistair Campbell, et lui a posé la question suivante : "À quel point nous serions en difficulté s'il s'avérait que nous n'avions trouvé aucune preuve du programme d'armes de destruction massive de Saddam ?"
Même si la réponse était évidente, Blair ne pouvait pas imaginer que cette expérience créerait une crise durable de confiance de l'opinion publique envers les dirigeants travaillistes successifs et les services de renseignement, et qu'elle contribuerait à paralyser le processus d'autorisation de l'usage de la force à l'étranger.
Blair a été accusé de crimes de guerre en Irak par plusieurs personnalités, dont l'ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad.
En octobre 2015, il s'est excusé lors d'une interview sur CNN pour ses "erreurs" dans la guerre d'Irak et a reconnu qu'il y avait des "éléments de vérité" dans l'opinion selon laquelle l'invasion a favorisé la montée d'ISIS, mais il ne s'est pas rétracté et ne s'est pas excusé pour son soutien aux États-Unis.
Envoyé au Moyen-Orient
Après sa démission, il a été immédiatement nommé envoyé au Moyen-Orient auprès du Quartet des Nations unies, des États-Unis, de l'Union européenne et de la Russie, chargé de soutenir la mise en place des institutions palestiniennes, de promouvoir le développement économique et de coordonner les réformes en matière de sécurité et de gouvernance.
Bien qu'il ait démissionné en 2015, il a maintenu des liens étroits avec le monde arabe et n'était pas absent de la région. Il a travaillé comme consultant après avoir fondé l'Institut Blair, qui aurait été très rentable, voire un emploi fictif. Selon The Guardian, l'ancien premier ministre britannique a utilisé sa position au sein du Quartet pour créer un réseau "obscur" d'intérêts s'étendant des Émirats arabes unis, au Kazakhstan et à l'Amérique.
Conseiller de Bin Salman et de Sisi
En 2011, Tony Blair a négocié un accord entre l'Arabie saoudite et la Chine pour Petro Saudi, une société appartenant au prince Turki bin Abdullah, fils du défunt roi saoudien Abdullah bin Abdulaziz, en échange de 41 000 livres sterling (47 000 euros) par mois pour son entreprise et d'une commission de 2 % sur tous les contrats de plusieurs millions de livres sterling qu'il a aidé à conclure.
Le Telegraph estime qu'il a conseillé Riyad sur des contrats d'une valeur allant jusqu'à 9 millions de livres (10 millions d'euros), ainsi que les Émirats arabes unis, qui lui ont alloué d'importantes sommes d'argent provenant de leur fonds souverain.
En outre, des rapports du Sunday Times révèlent que l'ex-Premier ministre a été nommé conseiller du prince Mohammed bin Salman après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat de Riyad à Istanbul en 2018, dans lequel le prince héritier a été accusé d'être impliqué malgré son démenti, et des sources confirment que Blair soutient et participe au programme "Vision 2030" du Royaume.
Le président Abdel Fattah al-Sisi a également bénéficié du sens politique de Tony Blair : selon Campbell, ce dernier a accepté de conseiller le président égyptien, arrivé au pouvoir après un coup d'État militaire, dans le cadre d'un programme financé par les Émirats arabes unis par l'intermédiaire d'une société d'investissement au Caire.