Dans une interview d'une heure accordée à la chaîne YouTube Ultrahang, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénigré Volodymyr Zelensky et a déroulé le narratif de Moscou concernant la guerre d'agression menée en Ukraine.
Sergueï Lavrov s'est prêté, ce dimanche 26 octobre, à un exercice de propagande à l'occasion d'une interview accordée à Tamás Király et à Ultrahang, une chaîne Youtube hongroise qui se veut spécialisée dans les relations internationales, la politique étrangère et la géopolitique.
Pendant près d'une heure, le ministre russe des Affaires étrangères a parlé de la guerre menée à l'Ukraine, déroulé un argumentaire pro-Kremlin ainsi que de possibles évolution du conflit, qui dure depuis près de quatre ans.
Et dès le début de l'émission, qui a été regardée par plus de 136 000 personnes en dix-heures, Sergueï Lavrov déroule les éléments de langage de Moscou. "Les territoires ukrainiens occupés par la Russie, y compris les parties non-russes du Donbass, ainsi que les villes de Kherson et Zaporijia, ne sont en fait pas de nouveaux territoires russes, mais des territoires historiques russes", a-t-il affirmé.
S'il affirme que la Russie reconnaît l'indépendance de l'Ukraine, sans que cela ne fasse "aucun doute", il assure, en revanche, que ces territoires ne peuvent être considérés comme "des territoires de seconde zone". "Pour nous, il ne s'agit pas de territoires géographiques. Nous parlons de personnes qui vivent sur ces terres depuis plus de trois siècles", a-t-il déclaré, ajoutant que la majorité de la population "libérée" accueille favorablement l'adhésion à la Russie.
Selon lui, la Crimée et les quatre régions "occupées par l'Ukraine" sont des "territoires historiques russes" et la Russie n'a, selon ses termes, pas l'intention de se retirer tant que "le régime nazi est au pouvoir" en Ukraine, critiquant au passage Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, pour avoir interdit l'apprentissage du russe dans son pays.
Il a également jugé "nécessaire" l'occupation, par Moscou, de territoires ukrainiens, car Kyiv "attaque les territoires situés sur le territoire russe, comme Koursk, Belgorod et d'autres villes".
Les mensonges de Lavrov dénoncés par un expert
Sergueï Lavrov a également réfuté l’accusation selon laquelle Budapest serait un lieu inapproprié pour un éventuel sommet entre Washington et Moscou, en raison des mauvais souvenirs liés à la violation, par la Russie, du mémorandum de Budapest de 1994 lors de l’attaque contre l’Ukraine. Selon lui, ce serait, au contraire, l’Ukraine qui aurait enfreint l’accord, en ne respectant pas ses engagements relatifs à la protection des minorités nationales et au respect de la démocratie.
Le ministre russe des Affaires étrangères a ensuite abordé le mémorandum concernant les armes nucléaires, faisant sciemment de la désinformation selon András Rácz, spécialiste de la Russie. "Tamás Király ne se rend même pas compte que Sergueï Lavrov lui ment yeux dans les yeux quand il parle du mémorandum de Budapest", écrit-il, dans un long post Facebook, détaillant les mensonges de Sergeuï Lavrov et les erreurs de Tamás Király.
"Sergueï Lavrov prétend que le mémorandum stipule uniquement que les États parties n'utiliseront pas d'armes nucléaires contre l'Ukraine, alors que le texte stipule explicitement qu'ils s'abstiendront de toute attaque armée et qu'ils reconnaîtront la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", assure-t-il. "Tamás Király n'a manifestement pas lu le mémorandum de Budapest, sinon il aurait remarqué un tel mensonge", a-t-il écrit.
Durant l'interview, Sergueï Lavrov a également nié la déportation de dizaines de milliers d'enfants ukrainiens en Russie. "En ce qui concerne les enfants, la quantité de mensonges et de propagande est étonnante. Nous avons entendu dire que la Russie avait enlevé des dizaines de milliers d'enfants à leurs parents. Lors des négociations d'Istanbul, on nous a donné les noms de 339 disparus. 339, pas des dizaines de milliers. Même pas des milliers. Et quel âge ont-ils ? Un très grand nombre d'entre eux n'étaient pas des enfants, mais des adultes. Il a été prouvé que nombre d'entre eux se trouvaient en Europe", a conclu le ministre russe des Affaires étrangères.