Plus de 15 millions de Chiliens sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président, avec la possibilité d’un retour de la droite radicale au pouvoir. La criminalité et l'immigration ont dominé la campagne.
Les Chiliens votent dimanche lors d'une élection présidentielle qui oppose la coalition de gauche au pouvoir à plusieurs candidats de droite et qui redéfinira également le pouvoir législatif du pays.
Huit candidats sont en lice et aucun ne devrait obtenir les 50 % des voix plus une nécessaire pour remporter l'élection dès le premier tour.
Quatre ans après l'élection de Gabriel Boric, un jeune président progressiste que beaucoup considéraient comme le symbole d'une nouvelle ère pour la gauche latino-américaine, le pays est aujourd'hui profondément divisé.
De nombreux électeurs s'inquiètent de l'augmentation de l'immigration et de la criminalité liée aux réseaux transnationaux dans ce qui a longtemps été l'un des pays les plus sûrs d'Amérique latine. Ce changement de priorités a surtout profité aux candidats conservateurs.
Alors même qu'ils quittaient leurs bureaux de vote dimanche, différents candidats ont réitéré leur engagement à lutter contre la crime organisé et notamment le narcotrafic.
Les trois principaux candidats représentent des visions très différentes de l'avenir du Chili :
- José Antonio Kast, 59 ans, membre du Parti républicain, classé à l’extrême droite, et frère d'un ancien ministre ayant servi sous la dictature militaire du général Augusto Pinochet, se présente pour la troisième fois et a mis de côté nombre de ses propositions les plus controversées pour se concentrer sur la lutte contre la criminalité et l'immigration clandestine.
- Jeannette Jara, 51 ans, candidate de la gauche unie, ancienne ministre du gouvernement de Boric et membre du Parti communiste. Elle a promis d'augmenter les retraites, de réduire les factures d'électricité et de construire des dizaines de milliers de nouveaux logements.
- Johannes Kaiser, 49 ans, ancien commentateur sur YouTube et législateur depuis 2021, lui aussi d’extrême droite, a remis en question les programmes de vaccination, s'est opposé à l'avortement et a promis de retirer le Chili des accords sur le climat et de la Cour interaméricaine des droits de l'homme.
Vote obligatoire et influence des réseaux sociaux
Une nouvelle loi sur le vote obligatoire pourrait inciter des millions de nouveaux électeurs à se rendre aux urnes, contribuant à l'imprévisibilité du scrutin. Les quelque 15 millions d’électeurs sont également appelés à renouveler la Chambre des députés et la moitié du Sénat.
Sur TikTok, le réseau le plus utilisé par la génération Z, José Antonio Kast a l'avantage. Les électeurs de moins de 30 ans représentent un tiers de l'électorat, et parmi eux, 30 % ont affirmé qu'ils décideraient de leur vote le jour même de l'élection.
La campagne en ligne a été particulièrement agressive. Jeannette Jara et Evelyn Matthei, candidate de la droite traditionnelle, ont accusé José Antonio Kast d'avoir orchestré des campagnes de haine contre elles sur les réseaux sociaux, bien qu'il le nie.
Plusieurs sondages prévoient une progression des conservateurs et de l'extrême droite, avec même la possibilité que ces deux coalitions obtiennent la majorité dans les deux chambres du Parlement.
La loi chilienne interdit les sondages d'opinion 15 jours avant les élections, mais les derniers chiffres donnaient Jeannette Jara, la candidate de la coalition au pouvoir en tête, suivie de José Antonio Kast.
Si ces sondages se confirment, Jara affrontera Kast lors d'un second tour, prévu pour le 14 décembre. Les analystes soulignent que dans un tel scénario, le candidat de l'extrême droite est mieux placé pour hériter de la majorité des voix des autres candidats conservateurs.