Le projet de loi demande au ministère de la Justice de divulguer tous les dossiers, à quelques exceptions près, relatifs aux enquêtes sur Jeffrey Epstein et sa partenaire et complice de longue date, Ghislaine Maxwell, ainsi que les dossiers concernant son décès en prison.
Donald Trump a fini par céder à la pression. Ce mercredi 19 novembre, le président états-unien a signé une loi contraignant son gouvernement à rendre public l'ensemble des documents des autorités dans l'affaire Jeffrey Epstein, criminel sexuel condamné.
"Les démocrates ont utilisé la question “Epstein”, qui les concerne bien plus que le Parti républicain, pour tenter de détourner l’attention de nos VICTOIRES INCROYABLES", a écrit Donald Trump dans un message sur son réseau Truth Social. "Peut-être que la vérité sur ces démocrates et leurs liens avec Jeffrey Epstein sera bientôt révélée, car JE VIENS DE SIGNER LE PROJET DE LOI VISANT À RENDRE PUBLIQUES LES DOSSIERS EPSTEIN !", a-t-il également déclaré.
Le ministère de la Justice dispose désormais de trente jours pour rendre publics les dossiers relatifs aux enquêtes sur Jeffrey Epstein, ainsi que sur sa partenaire et complice de longue date, Ghislaine Maxwell, qui purge une peine de 20 ans de prison.
Ce texte demande également la divulgation des dossiers relatifs au suicide de Jeffrey Epstein en prison, en 2019, avant la tenue de son procès pour crimes sexuels. Sa mort avait alimenté une myriade de théories du complot selon lesquelles l'homme d'affaires aurait été assassiné pour empêcher des révélations embarrassantes.
Cependant, certaines exceptions s'appliquent. Le projet de loi autorise le ministère à retenir ou caviarder des documents sous certaines conditions, notamment ceux qui permettraient l'identification des victimes, ceux relatifs aux abus sexuels commis sur des enfants ainsi que ceux détenant des informations que l'administration considère comme classifiées pour des raisons de défense nationale ou de politique étrangère.
Le flou demeure désormais sur l'étendue des révélations qui seront faites via ce projet de loi.
Un dossier de 100 000 pages
C’est un retournement de situation inattendu pour ce qui n’était au départ qu’une tentative improbable d’imposer la divulgation des dossiers, menée par une coalition inhabituelle de démocrates, d’un adversaire républicain du président et de quelques anciens fidèles de Donald Trump.
La semaine passée, l’administration du président états-unien avait même convoqué l’une des élues républicaines favorables à la publication des dossiers, la représentante du Colorado Lauren Boebert, dans la salle de crise de la Maison-Blanche pour discuter du sujet.
Dans un premier temps, Donald Trump s'était opposé à la publication de ces dossiers, car certaines rumeurs affirmaient qu'il pouvait être personnellement impliqué. Toutefois, la pression exercée par ses adversaires politiques et par son propre parti s'est accrue, le poussant à faire preuve d'une plus grande transparence à l'égard des dossiers.
Donald Trump aurait pu choisir de rendre publics de nombreux dossiers lui-même des mois auparavant. Mais il l'a fait quand il apparaissait certain que le Congrès allait agir.
La Chambre des représentants a adopté la loi par 427 voix contre 1, le seul opposant étant le représentant Clay Higgins, républicain de Louisiane. Il a soutenu que la formulation du texte pourrait conduire à la publication d’informations concernant des personnes innocentes mentionnées dans l’enquête fédérale. Le Sénat l’a ensuite approuvée à l’unanimité, sans passer par un vote formel.
Le nombre total de dossiers s'élève à environ 100 000 pages, selon un juge fédéral qui a examiné l'affaire.
Une enquête tentaculaire
Jeffrey Epstein a été accusé d'avoir exploité sexuellement des femmes, souvent mineures, et de les avoir forcées à se livrer à des actes sur ses amis, essentiellement des entrepreneurs, des législateurs et des personnes fortunées des États-Unis et de l'étranger. Pour ce faire, il aurait organisé des soirées sur son île privées de Little Saint James, dans les Îles Vierges américaines.
De nombreuses personnes parmi les plus riches et les plus influentes du monde auraient participé aux soirées de Jeffrey Epstein, comme Donald Trump, Elon Musk, l'ancien prince Andrew, Bill Gates, Bill Clinton et d'autres, qui ont tous réfuté avoir commis des actes répréhensibles.
Le président états-unien a nié à plusieurs reprises tout acte répréhensible, affirmant qu'il avait coupé les ponts avec Jeffrey Epstein depuis des années. Cependant, dans des mails rendus publics le 12 novembre, le criminel sexuel affirme que Donald Trump avait "passé des heures" à son domicile avec une femme. Dans un autre message datant de 2019 adressé au journaliste Michael Wolff, il affirme que le président "savait pour les filles", car "il a demandé à Ghislane [Maxwell] d'arrêter".
Des allégations ont commencé à faire surface autour des crimes de Jeffrey Epstein en 2005. Un an plus tard, il a été inculpé pour la première fois devant un tribunal de Floride pour sollicitation de prostitution.
Depuis lors, de nombreuses autres victimes se sont manifestées, accusant l'homme d'affaires de les avoir exploité avec l'aide de sa partenaire Ghislaine Maxwell.
Jeffrey Epstein a été arrêté en 2019, après plus d'une décennie d'accusations à son encontre. Il a été inculpé de trafic sexuel de mineurs et d'association de malfaiteurs en vue de commettre un trafic sexuel de mineurs.