Moscou continue d'affirmer qu'un drone ukrainien a attaqué la résidence de Vladimir Poutine dans la nuit de dimanche à lundi, ce que Kyiv, l'Union européenne et les États-Unis considèrent comme un moyen de perturber les pourparlers de paix.
Moscou a une fois de plus campé sur ses positions et a réitéré ses accusations affirmant que l'Ukraine avait attaqué une datcha de Vladimir Poutine avec 91 drones à longue portée. Ce mercredi 31 décembre, le Kremlin, ministère russe de la Défense, a publié une vidéo montrant un drone qui aurait été lancé, par Kyiv, sur la résidence de président russe à Novgorod, dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 décembre.
La vidéo montre un drone endommagé au côté duquel se trouve un soldat au visage dissimulé. Ce dernier affirme que le drone portait une charge explosive de six kilos.
"Dans la nuit du 29 décembre, on a tenté de lancer un drone de type aéronautique sur le territoire d'une installation protégée", ont assuré deux autres soldats, plus tard dans la vidéo. Euronews n'a pas pu vérifier de manière indépendante l'authenticité des images ou le lieu où elles ont été filmées.
En réalité, aucune preuve n'a été fournie pour confirmer que la prétendue attaque de drone a eu lieu près de la résidence de Vladimir Poutine. Mardi, le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, avait d'abord rejeté l'idée de fournir des preuves supplémentaires pour étayer les affirmations de Moscou.
"De telles actions imprudentes ne resteront pas sans réponse", a déclaré Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, à l'agence de presse Interfax. "Les conséquences se traduiront par un durcissement de la position de négociation de la Russie", a-t-il affirmé. Il n'a pas précisé si Vladimir Poutine était présent à la résidence lors de l'attaque présumée.
"Pas de bruit, pas d'explosion", affirment les habitants de Valdai
La résidence de Vladimir Poutine, également connue sous le nom de Dolgiye Borody ou "longues barbes", est située à proximité de la ville de Valdai. Pourtant, les habitants de cette ville située entre Moscou et Saint-Pétersbourg, ont assuré aux médias nationaux n'avoir été témoins d'aucune attaque de drone.
"Il n'y a pas eu de bruit cette nuit-là, pas d'explosions, rien", a déclaré un habitant au média Mozhem Obyasnit. "Si quelque chose de semblable s'était produit, toute la ville en aurait parlé", a-t-il assuré.
La datcha de Vladimir Poutine à Valdai, lieu de villégiature des hauts fonctionnaires depuis l'époque soviétique, est protégée par d'importantes installations de défense aérienne, dont au moins une douzaine de batteries sol-air, selon certaines sources.
Distraction délibérée
Kyiv a immédiatement rejeté les allégations de Moscou. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répliqué aux affirmations de Moscou, les qualifiant de "nouveau mensonge de la Fédération de Russie".
"Hier, nous avons eu une réunion avec [le président Donald] Trump, et il est clair que pour les Russes, s'il n'y a pas de scandale entre nous et les États-Unis et que nous faisons des progrès, c'est un échec", a déclaré le président ukrainien, lundi après-midi. "Ils ne veulent pas mettre fin à cette guerre", a-t-il ajouté.
Depuis, plusieurs responsables européens et états-uniens ont affiché leur soutien à l'Ukraine, accusant Moscou de faire délibérément dérailler les pourparlers de paix menés par les États-Unis.
Mercredi, la responsable de la politique étrangère de l'UE, Kaja Kallas, a accusé la Russie de promouvoir des "affirmations infondées", qualifiant l'allégation de "distraction délibérée". "Moscou cherche à faire dérailler les progrès réels de l'Ukraine et de ses partenaires occidentaux vers la paix", a-t-elle écrit sur X.
Un jour plus tôt, l'ambassadeur américain auprès de l'Otan, Matthew Whitaker, a également mis en doute les allégations de la Russie, déclarant qu'il préférait faire confiance aux renseignements états-uniens. "Il n'est pas certain que cela se soit réellement produit", a-t-il tranché lors d'une interview accordée à Fox Business.
"Il me semble un peu indélicat d'être si près d'un accord de paix, l'Ukraine souhaitant vraiment conclure un accord de paix, et de faire quelque chose qui serait considéré comme imprudent ou peu utile", a-t-il ajouté.
L'Ukraine et ses alliés ont déjà accusé Moscou de retarder intentionnellement tout cessez-le-feu ou accord de paix, tandis que le Kremlin continuait à répéter ses exigences maximalistes comme condition préalable à l'avancement des pourparlers.
Merz met en garde contre une guerre hybride
Lundi, le Kremlin a déclaré que Vladimir Poutine avait informé le président américain Donald Trump de l'attaque ukrainienne présumée au cours de l'appel et que cela avait conduit Moscou à modifier sa position dans les négociations, comme l'avait annoncé Sergueï Lavrov, ont rapporté les médias d'État russes.
Interrogé sur cette attaque présumée plus tard dans la journée, Donald Trump, qui s'est adressé à la presse en Floride en compagnie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a assuré qu'il "n'aimait pas ça". "C'est une période délicate, ce n'est pas le bon moment. C'est une chose d'être offensif [...] c'est une autre chose d'attaquer sa maison", a-t-il ajouté, avant de préciser être "très en colère à ce sujet".
"Vous dites que l'attaque n'a peut-être pas eu lieu, c'est possible aussi, je suppose", a-t-il assuré, ne donnant aucune information sur les renseignements dont il dispose. "Mais le président Vladimir Poutine m'a dit ce matin qu'elle avait eu lieu."
Dans le même temps, le chancelier allemand Friedrich Merz a accusé la Russie de mener une guerre hybride contre l'Europe dans son discours du Nouvel An. "Une guerre terrible fait rage en Europe. Elle menace directement notre liberté et notre sécurité. La Russie poursuit sa guerre d'agression contre l'Ukraine avec la même intensité", a-t-il déclaré.
"Il ne s'agit pas d'une guerre lointaine qui ne nous concerne pas. En effet, nous voyons de plus en plus clairement que l'agression de la Russie faisait et fait toujours partie d'un plan visant l'ensemble de l'Europe. L'Allemagne est également confrontée quotidiennement à des actes de sabotage, d'espionnage et de cyberattaque", a-t-il conclu.