Une expérience à l'étranger peut-elle ramener les jeunes vers l'emploi ?

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Une expérience à l'étranger peut-elle ramener les jeunes vers l'emploi ?
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Par Fanny Gauret
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Le projet ALMA, lancé par l'Union européenne en 2022, propose des séjours à l'étranger aux jeunes éloignés de l'emploi. Nous avons rencontré deux jeunes femmes allemandes, Hatice et Jasmin, qui ont récemment participé à cette initiative.

En 2023, 11,2 % des jeunes européens de 15 à 29 ans - soit environ 8 millions de personnes - étaient considérés comme des NEET. Ce sigle anglais désigne des personnes sans emploi, éducation ni formation, généralement issues de milieux pauvres et qui rencontrent souvent des problèmes familiaux ou personnels.

L’Union européenne tente d'encourager l'intégration des NEET via divers programmes sociaux. Au total, presque 11 milliards d’euros ont été débloqués pour des investissements dans ce domaine.

Parmi ces projets, l'initiative ALMA propose une expérience professionnelle et personnelle à l’étranger aux NEET défavorisés de moins de 30 ans, afin de les ramener vers le marché du travail.

Une expérience de découverte personnelle

Hatice Fahel, une jeune femme allemande qui rêve de faire carrière dans la médecine, a récemment eu l'opportunité de vivre et de travailler pendant deux mois à Vercelli, en Italie. 

Cette expérience lui a permis d'acquérir des compétences de travail et de développer sa confiance en elle.

Hatice Fahel pendant son séjour en Italie
Hatice Fahel pendant son séjour en ItalieEuronews

"J'ai rencontré de nouveaux amis italiens et j'ai appris une nouvelle langue", explique la jeune femme de 20 ans. "J'ai aussi travaillé dans un hôtel et j'ai appris beaucoup de choses"

"Aujourd'hui, je me sens plus libre, plus confiante. Cela m'a ouvert les yeux sur de nouvelles perspectives".

À leur retour dans leur pays d'origine, les jeunes comme Hatice sont suivis pendant une période de quatre mois, durant laquelle ils sont accompagnés dans leur projet professionnel.

"Nous les aidons à chercher un emploi, à travailler sur leurs présentations, et ils peuvent voir les résultats des groupes précédents", déclare Andreea Moraru, chef de projet à RE-INIT, une ONG qui implémente l'initiative ALMA en Allemagne. "Dans notre groupe précédent, plus de 50 % des participants ont trouvé un emploi, une école ou une formation".

Selon elle, cette formation permet aux jeunes de se responsabiliser, et leur donne les outils dont ils ont besoin pour prendre conscience de leur potentiel.

"Ils sont autonomes pour la première fois. Ils organisent leur propre emploi du temps, leur propre argent, leur budget, ce qui leur permet de devenir plus indépendants et de croire en eux", explique-t-elle.

Un tremplin pour l'accession à l'emploi

Pour Jasmin Nsimba Kanza, une jeune Allemande qui a travaillé en Grèce dans un hôtel-restaurant dans le cadre du projet ALMA, l'expérience a été une réussite.

Jasmin Nsimba Kanza a vécu et travaillé en Grèce par l'intermédiaire du projet ALMA
Jasmin Nsimba Kanza a vécu et travaillé en Grèce par l'intermédiaire du projet ALMAEuronews

"J'ai beaucoup appris et j'ai vécu de nombreuses premières fois : la plage, la mer, de nouvelles personnes et une culture complètement nouvelle", raconte la jeune femme. "Je suis devenue plus courageuse et plus ouverte au changement".

Suite à son expérience ALMA, Jasmin commencera des études d'assistante de conception en lycée professionnel à la fin de l'année.

Des efforts sont encore nécessaires pour aider les plus vulnérables

En Allemagne, l'un des pays européens comptant le moins de NEET, Jasmin et Hatice ont bénéficié du projet ALMA en partie grâce à leur attitude proactive. Mais tous les jeunes en difficulté ne sont pas dans la même situation.

Pour Mark Levels, professeur à l'université de Maastricht, le statut de NEET regroupe des profils très variés qui nécessitent des approches différentes

"Les expériences telles qu'ALMA peuvent indiquer qu'un individu est capable d'effectuer un certain nombre de tâches qui sont en demande sur le marché du travail", explique-t-il. "Mais pour les personnes les plus vulnérables, les moins qualifiées, elles ne fonctionnent pas. Il faut une approche complètement différente".

Le professeur Mark Levels met l'accent sur la diversité des profils des NEET.
Le professeur Mark Levels met l'accent sur la diversité des profils des NEET.Euronews

La plupart des NEET ont tout de même un point commun : un décrochage scolaire précoce

Pour Mark Levels, il est fondamental que les gouvernements investissent dans leur système éducatif, dans le soutien aux élèves, et dans des programmes qui enseignent aux enfants des compétences recherchées sur le marché du travail. 

Au-delà de l'impact humain, le phénomène des NEET représente un enjeu économique majeur :"Pour la société, le coût total en termes de perte de productivité, de financement des programmes sociaux, mais aussi en matière de lutte contre la criminalité, est énorme. Il s'élève à environ 142 milliards par an", déclare Mark Levels.

Mieux prévenir le décrochage scolaire et investir dans des programmes ciblant les jeunes les plus vulnérables pourrait contribuer à réduire de manière efficace le nombre de NEET, en les accompagnant dans leur accès à l'emploi.

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