L'ONG Oxfam fait état d'une très forte augmentation de la richesse des 1 % les plus riches au cours de la dernière décennie. Cette somme suffirait à mettre fin à la pauvreté dans le monde plus de 20 fois, souligne le rapport.
Dans son dernier rapport consacré aux richesses privées, l'ONG britannique Oxfam dresse le constat accablant d'écart de richesse abyssaux en hausse. Alors que près de la moitié de la population mondiale - plus de 3,7 milliards de personnes - vit dans la pauvreté, les 3 000 milliardaires de la planète ont gagné 342 000 milliards de dollars au cours des dix dernières années, soit l'équivalent de 14,6 % du PIB mondial.
Selon Oxfam, ce montatest 22 fois suffisant pour mettre fin à la pauvreté dans le monde. Cette évaluation se fonde sur des données de la Banque mondiale datant de 2021, qui montrent que les personnes vivant dans la pauvreté ont besoin de 8,30 dollars supplémentaires par jour en moyenne pour subvenir à leurs besoins fondamentaux.
Pour mettre fin à la pauvreté, mais aussi pour atteindre tous les autres objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, y compris la protection de la planète, la somme nécessaire s'élèverait à 4 000 milliards de dollars par an.
"Des milliers de milliards de dollars existent pour atteindre les objectifs mondiaux, mais ils sont bloqués sur les comptes privés des ultra-riches", a déclaré Amitabh Behar, directeur exécutif d'Oxfam International, dans le rapport.
Alors que la richesse privée augmente, les gouvernements réduisent l'aide
Selon le rapport, les gouvernements riches ont procédé aux coupes les plus importantes dans l'aide à l'étranger depuis le début de l'enregistrement des données en 1960.
"Les pays du G7, qui représentent à eux seuls environ trois quarts de l'aide publique, réduisent leur aide de 28 % en 2026 par rapport à 2024", a déclaré le groupe.
Le rapport note également que 60 % des pays à faible revenu, où cette aide est la plus nécessaire, sont au bord d'une crise de la dette. Les pays à faible revenu sont souvent considérés comme "risqués", et ils paient donc beaucoup plus cher pour financer leur dette sur le marché en raison des taux d'intérêt élevés, ce qui laisse moins de fonds pour les soins de santé ou l'éducation.
Oxfam note dans son rapport que le financement du développement ne devrait pas reposer sur des investissements privés, et recommande plutôt une "approche publique d'abord".
"Les pays riches ont placé Wall Street aux commandes du développement mondial. Il s'agit d'une prise de contrôle de la finance privée mondiale qui a pris le pas sur les méthodes éprouvées de lutte contre la pauvreté par le biais d'investissements publics et d'une fiscalité équitable", a déclaré M. Behar.
Oxfam a suggéré que les gouvernements investissent dans le développement dirigé par l'État afin de garantir "des soins de santé universels de haute qualité, des services d'éducation et de soins, et d'explorer les biens fournis par l'État dans des secteurs allant de l'énergie au transport".
Cependant, les gouvernements occidentaux sont confrontés à une dette qui est souvent égale ou supérieure à leur production économique annuelle, ce qui exerce une pression sur les gouvernements.
La richesse publique ne croît pas aussi vite que la richesse privée.
Entre 1995 et 2023, la richesse privée mondiale a augmenté huit fois plus que la richesse publique, qui n'a progressé que de 44 billions de dollars (38 billions d'euros). La richesse privée a augmenté de 342 billions de dollars (292 billions d'euros) au cours de cette période. À titre de comparaison, le PIB mondial annuel est d'environ 100 billions de dollars (85 billions d'euros).
Oxfam a suggéré aux gouvernements de reconsidérer l'imposition des ultra-riches, affirmant que les milliardaires paient des taux d'imposition effectifs proches de 0,3 % de leur richesse.
Oxfam International et Greenpeace ont commandé une enquête pour savoir ce que les gens pensent de l'imposition des riches dans 13 pays, dont le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie.
"Les résultats d'une nouvelle enquête mondiale montrent que 9 personnes sur 10 sont favorables à l'idée de financer les services publics et l'action climatique en taxant les super-riches", indique l'étude, ajoutant qu'il existe un besoin alarmant de financement pour les objectifs de développement des Nations unies.
"Seuls 16 % des objectifs mondiaux sont sur la bonne voie pour 2030", conclut l'étude.