Donald Trump a enregistré une chanson avec des détenus poursuivis pour l'assaut du Capitole

Intitulé "Justice for All" il s'agit d'un remix de l'hymne national américain The Star-Spangled Banner
Intitulé "Justice for All" il s'agit d'un remix de l'hymne national américain The Star-Spangled Banner Tous droits réservés AP Photo
Par David Mouriquand
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Le titre, intitulé "Justice for All", est un remix de l'hymne américain, entrecoupé par les déclarations de l'ancien président américain, qui récite le Serment d'allégeance au drapeau des États-Unis.

PUBLICITÉ

Le célèbre écrivain espagnol Miguel de Cervantes a écrit un jour : "Là où il y a de la musique, il ne peut y avoir de mal."

Mais de ce cas particulier, il aurait peut-être tord. Juste au moment où vous pensiez que Donald Trump ne pouvait pas faire quelque chose de plus bizarre, l'ancien président des États-Unis et accro aux "faits alternatifs" a sorti une chanson.

Intitulé Justice for All (Justice pour Tous en français, ndlr), il s'agit d'un remix de l'hymne national américain The Star-Spangled Banner, chanté par ceux qui se font appeler "le J6 Prison Choir", soit la chorale des prisonniers du 6 Janvier, formée par une vingtaine de détenus ayant pris part à l'assaut contre le Capitole américain le 6 janvier 2021.

Sur la pochette, on peut voir une cellule de prison grisâtre, dont est visible depuis la fenêtre un drapeau américain. La qualité de l'enregistrement est mauvaise. Et pour cause. Pour l'enregistrement, la chorale s'est produite derrière un téléphone de la prison. À la fin de la chanson, ils proclament: "U-S-A!, U-S-A!".

Mais en réalité, il s'agit plutôt d'une collaboration, puisqu'à plusieurs reprises dans le morceau, on peut entendre Donald Trump réciter le Serment d'allégeance au drapeau des États-Unis. Comme l'a révélé le magazine Forbes, l'ancien président américain, mis au courant du projet, a décidé de s'y impliquer personnellement, en s'enregistrant depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride.

Cette collaboration, entre des détenus accusés d'avoir fomenté un coup d'État, et l'ancien président qu'ils entendaient garder au pouvoir, n'a pas manqué de faire réagir. D'ailleurs, le milliardaire a déjà indiqué qu'il pardonnerait les personnes condamnées pour l'assaut du 6 janvier 2021 s'il était réélu, et qu'il les soutenait déjà financièrement. En novembre dernier, il a annoncé qu'il serait candidat à l'élection présidentielle américaine de 2024.

Le magazine Forbes révèle de son côté que les bénéfices de la chanson dévoilée vendredi, "produite par un artiste majeur qui n'a pas été identifié" et disponible sur toutes les plateformes de streaming, iront aux familles des détenus, à l'exception de ceux qui ont agressé un policier. 

Robert Maguire, directeur de recherche pour le chien de garde Citizens for Responsibility and Ethics à Washington, a déclaré: "Je n'ai jamais été plus repoussé par la simple existence d'une chanson que celle chantée par un président qui a tenté de faire un coup d'État et un "chœur" d'insurgés qui ont essayé de l'aider."

Barb McQuade, professeure de droit à l'Université du Michigan et ancienne avocate américaine, a décrit la chanson comme "une tactique de désinformation tout droit sortie d'un mode d'emploi de jeu autoritaire" et que Trump "enveloppait ses mensonges de patriotisme".

Outre-Atlantique, la question de ces détenus est éminemment politique. Les trumpistes les plus fervents considèrent ces sécessionnistes comme des héros nationaux. L'élue républicaine complotiste de GéorgieMarjorie Taylor Greene leur a même rendu visite en novembre 2021 dans leur prison de Washington.

Selon une enquête de Business Insider, une quarantaine de détenus poursuivis pour leur rôle joué dans l'assaut du Capitole sont détenus dans la capitale fédérale. Ils auraient rebaptisé le quartier où ils sont tous retenus "l'aile patriote", et chanteraient tous les soirs à 21h tapantes l'hymne américain.

Pour l'instant, sur YouTube, le clip du titre Justice for All culmine à 300.000 vus, quatre jours après sa publication.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Trump, inculpé, fustige le système judiciaire américain face à ses partisans

Les déclarations d’impôts de Donald Trump dévoilées au public

L'Atlas archéologique de la France raconte le passé du pays depuis la préhistoire