L'icône de la danse Jeny Bonsenge, alias Jeny BSG, a lancé un défi de danse début juin en appel à l’action en soutien aux réfugiés. À l'occasion de la "Journée mondiale des réfugiés", elle s'est entretenue avec Euronews sur son envie de travailler avec le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés.
"Wake up, wake up", voici les paroles du refrain de la musique de Felix Flavour que Jeny BSG a chorégraphiée pour la campagne Dance4Refugees postée sur Instagram depuis le Palais des Beaux-Arts à Bruxelles.
C'est aussi un appel à l'action lancé aux personnes du monde entier pour qu'elles s'expriment et manifestent leur soutien aux réfugiés.
"Tout le monde doit se réveiller. Il est temps d'en parler, il est temps d'aider, il est temps de réagir. Nous ne pouvons pas rester silencieux, nous devons parler au nom des opprimés et c'est ce que je fais", a-t-elle déclaré sur Euronews.
La campagne sur les réseaux sociaux invite les gens à poster leurs versions de la chorégraphie sur Instagram et à faire des dons. Elle s'adresse principalement aux jeunes, avec lesquels Jeny travaille dans son école de danse ou lorsqu'elle voyage dans le monde.
"J'essaie de toucher la jeune génération parce que pour moi, ils sont le changement, ils peuvent faire la différence dans ce monde", explique t-elle, "pour moi, la danse était un excellent moyen d'attirer l'attention et de changer le discours, de célébrer la force, le potentiel et la résilience des réfugiés".
Un "héritage" du conflit en RDC
La danseuse et chorégraphe est née en Belgique, où sa famille s'est réfugiée pour fuir le conflit qui sévit depuis des décennies en République démocratique du Congo (RDC). Un contexte qui a marqué l'artiste et l'a amenée à militer en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
"Ma famille a fui la violence dans les années 1990. Mes frères aînés ont passé du temps dans un camp de réfugiés. Ma mère et mon père ont connu le déplacement, la violence, la peur, la lutte", se souvient-elle.
Selon le HCR, plus de 6,9 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de la RDC auxquelles s'ajoutent un million de réfugiés et de demandeurs d'asile dans les pays voisins.
Cet "héritage" a entraîné des responsabilités supplémentaires pour Jeny, qui s'est donné pour mission de "ne pas échouer" et d'être la voix de la diaspora congolaise : "Aujourd'hui, je suis la preuve vivante que l'origine des réfugiés ne définit pas leurs limites, mais plutôt leurs forces".
Il ne s'agit pas de chiffres, mais de vies qui comptent
Jeny utilise sa plateforme pour promouvoir les voix marginalisées. Elle a fondé l'AfroHouseBelgium, une école de danse basée à Bruxelles et depuis l'année dernière, elle travaille également avec le HCR pour faire connaître les histoires de ceux qui sont contraints de fuir.
"La danse est universelle et aujourd'hui, la cause des réfugiés l'est aussi. Nous savons que les réfugiés viennent du monde entier : Ukraine, Afghanistan, Syrie, RDC et plein d'autres pays. Mais ils ne sont pas seulement des statistiques ou des chiffres. Leurs vies comptent et ils sont comme nous", dit-elle.
Les Nations unies indiquent qu'il y a actuellement 123 millions de personnes déplacées de force dans le monde, soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Près de 37 millions d'entre elles sont des réfugiés. L'organisation avertit que les récentes coupes budgétaires dans le financement de l'aide humanitaire décidées notamment par les États-Unis, mettent leur vie en danger.
Le financement de l'agence est aujourd'hui à peu près au même niveau qu'il y a dix ans, a déclaré Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, lors du lancement du rapport annuel sur les tendances mondiales le 12 juin.
« Nous vivons à une époque d'intense volatilité dans les relations internationales, les guerres modernes créant un paysage fragile et déchirant, marqué par de graves souffrances humaines », a souligné Filippo Grandi.
Le rapport révèle, contrairement à une idée reçue dans les régions les plus riches, qu'environ 67 % des réfugiés restent dans les pays voisins, les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire accueillant 73 % des réfugiés dans le monde.