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Mémoires de Juan Carlos I : l'ex-roi espagnol défend son héritage, mais regrette ses "faiblesses"

DOSSIER : Le roi émérite Juan Carlos I d'Espagne quitte la salle après l'ouverture officielle du Parlement à Madrid, mardi 27 décembre 2011.
DOSSIER : Le roi émérite Juan Carlos I d'Espagne quitte la salle après l'ouverture officielle du Parlement à Madrid, mardi 27 décembre 2011. Tous droits réservés  AP
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Par Rafael Salido
Publié le Mis à jour
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Dans ses mémoires publiés en exclusivité en France, l'ex-monarque revient sur un demi-siècle d'histoire : son rôle dans la transition post-franquiste, les relations tendues avec sa famille, dont son fils Felipe VI, et les erreurs qu'il reconnaît avoir commises.

L'ancien roi espagnol Juan Carlos Ier a revendiqué son rôle dans l'avènement de la démocratie en Espagne, tout en exprimant son "respect" pour le dictateur Francisco Franco. Il a également regretté les "faiblesses" qui l'ont conduit à commettre des erreurs au cours de son règne, ce qui l'a finalement amené à s'éloigner de sa famille.

À la veille du 50e anniversaire de la mort du général, le monarque de 87 ans affirme que _"la démocratie espagnole n'est pas tombée du ciel"_et que c'est lui-même qui l'a "voulue depuis le début", comme il l'a déclaré dans plusieurs interviews accordées à des médias français, dontLe Monde et Le Figaro, à l'occasion de la publication de ses mémoires "Reconciliación. Mémoires. Juan Carlos Ier d'Espagne", écrit avec la collaboration de l'historienne Laurence Debray.

Cette nouvelle biographie, qui paraîtra le 5 novembre en France, aux éditions Stock, et début décembre en Espagne, coïncide avec le demi-siècle de la mort de Franco, le 20 novembre 1975, et avec le cinquantième anniversaire de la proclamation de Juan Carlos comme roi, le 22 novembre de la même année. Dans ces pages, le roi émérite déclare que son témoignage vise à "rappeler aux nouvelles générations ce que la liberté a coûté", à un moment où, regrette-t-il, "l'esprit de la transition s'est perdu".

Juan Carlos évoque égalementla relation complexe qu'il a entretenue avec le dictateur, à l'égard duquel il dit éprouver un sentiment "paternel". "Je le respectais énormément, j'appréciais son intelligence et son sens politique. C'est grâce à lui que j'ai été roi", reconnaît-il. Selon l'ex-monarque, Franco a fait de lui son successeur "pour créer un régime plus ouvert". Et il ajoute qu'il n'a jamais permis que l'on dise du mal du dictateur devant lui.

Au sujet de la tentative de coup d'État de 1981, l'ex-roi nie toute sympathie pour les rebelles et affirme s'être senti "trahi" par l'un de ses plus proches amis, le général Alfonso Armada, qu'il accuse d'avoir "convaincu les généraux" qu'il parlait en leur nom. "Il n'y a pas eu un coup d'État, mais trois", affirme-t-il : celui d'Antonio Tejero, celui d'Armada et "celui de certains élus proches du franquisme".

Pendant la transition, il met en avant sa décision de légaliser le Parti communiste en 1977, une mesure qu'il a négociée avec le dirigeant roumain de l'époque, Nicolae Ceaușescu, afin d'entrer en contact avec Santiago Carrillo. "C'était une époque où la gauche respectait les institutions", souligne-t-il.

Relations familiales et éloignement de la Couronne

Le monarque consacre également une partie de ses mémoires à sa famille. Il révèle que son fils, le roi Felipe VI, a tenté de le dissuader d'écrire ce livre et regrette la froideur qui règne entre eux depuis son départ pour Abu Dhabi en 2020. "Je comprends qu'en tant que roi, il doive avoir une position publique ferme, mais j'ai souffert de son insensibilité", confie-t-il. De leur réunion de famille à Noël 2020, il a gardé un "silence d'incompréhension et de douleur".

Juan Carlos reconnaît également sa relation tendue avec l'actuelle reine Letizia, dont l'arrivée, dit-il, "n'a pas aidé à la cohésion de la famille". En revanche, il exprime son affection pour son épouse, la reine Sofía, même s'il regrette qu_'"elle ne soit pas allée lui rendre visite"_ dans les Émirats. Il mentionne également qu'il n'a pratiquement pas vu ses petits-enfants, à l'exception du prince Froilán, qui vit avec lui, et avoue se sentir "blessé par un sentiment d'abandon".

Erreurs, fortunes et regrets

Le monarque émérite reconnaît ouvertement avoir commis des erreurs et avoir des "faiblesses". Parmi celles-ci, il considère comme une "grave erreur" d'avoir acceptéle cadeau de 100 millions de dollars (86 millions d'euros) du roi Abdallah d'Arabie saoudite en 2008. "Je n'ai pas su le refuser", admet-il, tout en soulignant que toutes les procédures judiciaires y afférentes ont été closes. Il regrette également son voyage au Botswana en 2012, "un voyage lointain et coûteux qui a pu paraître surprenant au regard de la situation du pays", alors en pleine crise.

Dans son récit, il affirme s'être entouré d'un "entourage mal intentionné" et avoir fait confiance à des "hommes d'affaires peu scrupuleux", ce qui l'a conduit à se retrouver "au milieu d'un gâchis financier" sur lequel il n'avait aucune prise. "Ils ont agi en mon nom, mais pour leur propre compte", affirme-t-il.

Depuis son exil, Juan Carlos Ier dit que l'Espagne lui manque et qu'il espère pouvoir y retourner un jour. "Je suis résigné, mais blessé par un sentiment d'abandon. Ma maison me manque", écrit le monarque, qui conclut par une confession intime : "J'ai donné la liberté au peuple espagnol en établissant la démocratie, mais je n'ai jamais pu jouir de cette liberté pour moi-même."

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