L’étonnante maîtrise et le savoir-faire exquis, emblème du secteur, ont repris la vedette, tandis que 90 montres et horloges visaient des prix convoités.
Le Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG) a célébré son 25e anniversaire cette année, mettant en lumière la crème de la crème de l’horlogerie de luxe lors d’une cérémonie éclatante le 13 novembre.
Au cours du premier quart de ce siècle, les industries créatives ont dû faire face à des coupes budgétaires, à des pénuries de compétences et à la crainte grandissante d’une prise de contrôle par l’IA.
Mais les « Oscars de l’horlogerie », comme on surnomme le GPHG, montrent que le savoir et le talent éprouvés résistent à la tempête.
« L’horlogerie représente une alliance de l’art et de l’industrie, de la mécanique et de la poésie, du mystère, de la maîtrise du microscopique et de la quête de l’infini », a déclaré Raymond Loretan, président du GPHG. « C’est un art vivant. Malgré les difficultés actuelles, elle fait preuve d’une remarquable vitalité. »
Une fois de plus, l’événement a braqué les projecteurs sur le monde raréfié de l’horlogerie, 90 garde-temps se disputant des prix convoités dans 15 catégories (article en anglais), dont Dames, Hommes, Calendrier et Astronomie, Joaillerie et Mécanique.
La plus haute distinction, le Grand Prix « Aiguille d’Or », est ouverte à toute montre, toutes catégories confondues. L’an dernier, il a été remporté par la Portugieser Eternal Calendar d’IWC Schaffhausen.
Les lauréats ont été désignés par un jury d’experts, composé notamment de collectionneurs, d’horlogers, de journalistes et de commissaires-priseurs.
Les pièces sélectionnées seront exposées à la Dubai Watch Week du 19 au 23 novembre.
Prix « Aiguille d’Or » : distinction suprême
La distinction la plus prestigieuse du GPHG, l’Aiguille d’Or, a été attribuée à la Classique Souscription 2025 de Breguet, une montre qui n’a qu’une seule aiguille. Comme l’a souligné le jury, « elle paraît simple, mais elle incarne l’un des défis majeurs de l’horlogerie : la simplicité ».
La pièce s’inspire de la révolutionnaire montre de poche Souscription de 1796, réinventée en montre de poche. Premier garde-temps à l’architecture simplifiée, le design est illustré par la pureté du cadran en émail blanc et l’affichage du temps par une seule aiguille.
Lauréats des prix horlogers du GPHG
Voici la liste complète des lauréats de cette soirée de remise de prix étincelante :
Dames : montres féminines ne comprenant que les indications suivantes : heures, minutes, secondes, date simple (jour du mois), réserve de marche, phases de lune classiques, et pouvant éventuellement être ornées d’un serti de gemmes de 9 carats maximum.
LAURÉAT 2025 : Gentissima Oursin Fire Opal de Gérald Genta
Les montres en lice pour ce prix ne doivent pas être trop ornées ; celle de Genta s’affirme donc par un cadran aux tons flamboyants entouré de 137 opales de feu serties individuellement. La description du GPHG la qualifie à juste titre d’« élégance audacieuse ».
Complication Dames : montres féminines remarquables par leur créativité et leur complexité mécaniques. Ces montres peuvent présenter toutes sortes de complications et d’indications classiques et/ou innovantes (par exemple calendrier annuel, calendrier perpétuel, équation du temps, phases de lune complexes, tourbillon, chronographe, heure universelle, double fuseau ou autres types de modèles) et n’entrent pas dans la définition des catégories Dames et Exception mécanique.
LAURÉAT 2025 : Imperiale Four Seasons de Chopard
Au cœur de cette création se trouve un disque rotatif qui effectue une révolution complète en 365 jours, suivant le cycle des saisons. Réalisé en marqueterie de nacre peinte et texturée, ce tableau miniature est un paysage en mouvement, se modifiant subtilement avec le temps.
Sa moitié supérieure est ornée d’un motif en dentelle en or blanc éthique 18 carats, sculpté en silhouette de fleur de lotus – motif récurrent de la collection IMPERIALE.
Heure seule : montres à deux ou trois aiguilles sans sertissage, n’affichant que des indications analogiques du temps : heures, minutes, secondes.
LAURÉAT 2025 : Extra Plat en or rose de Daniel Roth
Le jury a déclaré : « l’Extra Plat en or rose représente la pureté et le savoir-faire, équilibrant avec maestria l’élégance moderne et l’artisanat traditionnel. »
Hommes : montres masculines ne comprenant que les indications suivantes : heures, minutes, secondes, date simple (jour du mois), indication de réserve de marche, phases de lune classiques, et pouvant éventuellement présenter un affichage digital/rétrograde ou être ornées d’un serti de gemmes de 9 carats maximum.
LAURÉAT 2025 : UJ-2 d’Urban Jürgensen : échappement naturel à double roue
Au cœur de cette pièce se trouve l’échappement naturel à double roue, un mécanisme dont l’élégance masque la complexité de sa conception. « Chaque composant, des roues finies à la main aux ponts impeccables, jusqu’à la décoration des pièces invisibles à l’œil nu, existe parce que c’est ainsi que cela doit être », a indiqué le jury.
Complication Hommes : montres masculines remarquables par leur créativité et leur complexité mécaniques. Ces montres peuvent présenter toutes sortes de complications et d’indications classiques et/ou innovantes (par exemple heure universelle, double fuseau ou autres types de modèles) et n’entrent pas dans la définition des catégories Hommes et Exception mécanique.
LAURÉAT 2025 : Récital 30 de Bovet 1822
Avant les Récital 28 et Récital 30, tous les world timers étaient erronés pendant les périodes d’heure d’été. Les collectionneurs devaient soit régler leurs world timers sur les pays qui changeaient d’heure, soit sur ceux qui ne changeaient pas.
La percée a consisté à utiliser des rouleaux plutôt qu’un affichage conventionnel. Les 24 rouleaux de villes sont imprimés sur quatre faces, et le rouleau des périodes est imprimé avec les quatre périodes différentes. Lorsque vous appuyez sur le poussoir supérieur du Récital 30, tous les rouleaux pivotent de 90 degrés simultanément.
Iconique : montres issues d’une collection ou d’un modèle emblématique exerçant une influence durable sur l’histoire de l’horlogerie et le marché depuis plus de 20 ans, ou proposant une réinterprétation contemporaine.
LAURÉAT 2025 : Royal Oak Perpetual Calendar d’Audemars Piguet
Pour marquer le début de ses célébrations des 150 ans, Audemars Piguet dévoile une nouvelle génération de mouvement de calendrier perpétuel à remontage automatique, le calibre 7138, qui, pour la première fois, améliore le confort d’utilisation en rendant possibles les corrections de toutes les fonctions via sa couronne « tout-en-un ».
Tourbillon : montres mécaniques comportant au moins un tourbillon. Des indications et/ou complications supplémentaires sont admises.
LAURÉAT 2025 : Octo Finissimo Ultra Tourbillon de Bvlgari
En intégrant un tourbillon squelette au mouvement de cette montre d’une épaisseur totale de seulement 1,85 mm, la division horlogère suisse du joaillier romain démontre son expertise avec la complication la plus emblématique de l’horlogerie.
Aujourd’hui, Bvlgari pousse la squelettisation encore plus loin sur la nouvelle Octo Finissimo Ultra Tourbillon, afin de maximiser la diffusion de la lumière à travers le mouvement.
Exception mécanique : montres dotées d’un mécanisme particulier, tel qu’un affichage innovant ou sophistiqué, un automate, une fonction de frappe ou toute autre fonction acoustique, un échappement spécial, un mouvement à courroie, ou comportant un autre concept horloger original et/ou exceptionnel.
LAURÉAT 2025 : Nano Foudroyante de Greubel Forsey
Au cœur de ce garde-temps réside une idée disruptive : la nanomécanique – le contrôle de l’énergie à l’échelle du nanojoule au sein d’un mouvement mécanique. Cela permet à la Nano Foudroyante d’animer sa complication éponyme avec seulement 16 nanojoules par saut, contre 30 microjoules dans les conceptions traditionnelles, soit une réduction stupéfiante par un facteur de 1 800 – « fulgurante » comme le suggère son nom.
Chronographe : montres mécaniques comportant au moins une indication de chronographe. Des indications et/ou complications supplémentaires sont admises.
LAURÉAT 2025 : Chronographe Télémètre en or jaune d’Angelus
« Cette montre calcule la distance d’un événement en se fondant sur l’écart entre la vitesse de la lumière et celle du son, une indication qui rivalise avec les équipements modernes les plus sophistiqués », a indiqué le jury.
Sport : montres liées au monde du sport, dont les fonctions, matériaux et design sont adaptés à l’exercice physique.
LAURÉAT 2025 : Alpine Eagle 41 SL Cadence 8HF de Chopard
Avec cette troisième édition de montres à haute fréquence, Chopard signe l’exploit d’introduire la montre la plus légère jamais proposée dans sa collection. La technologie de pointe s’accompagne d’une esthétique épurée : le titane céramisé arbore une finition sportive microbillée, tandis que le cadran en titane Pitch Black joue sur les contrastes avec de subtils accents orange.
Joaillerie : montres témoignant d’une maîtrise exceptionnelle de l’art de la joaillerie et du sertissage, et se distinguant aussi par le choix des pierres.
LAURÉAT 2025 : La D de Dior Buisson Couture de Dior Montres
Cette montre s’inscrit dans la collection de Haute Joaillerie Les Jardins de la Couture, marquant l’avènement d’une nouvelle façon d’exprimer la nature, avec des guirlandes fleuries de « buissons couture » qui évoquent l’art des broderies florales minutieusement travaillées. La nouvelle La D de Dior reflète un savoir-faire méticuleux, avec des pierres choisies pour leur teinte et leur forme afin de reproduire un jardin luxuriant mais délicat. « On en devine presque le parfum », a commenté le jury.
Métiers d’art : montres témoignant d’une maîtrise exceptionnelle d’une ou plusieurs techniques artistiques telles que l’émaillage, la laque, la gravure, le guillochage (moteur), le squelettage, etc.
LAURÉAT 2025 : 28GML SOUYOU de Voutilainen
Ce garde-temps scintillant met à l’honneur la maîtrise de l’art de la laque japonaise de M. Tatsuo Kitamura, nécessitant plus de mille heures de travail minutieux. Il intègre également des matières premières telles que l’« Urushi » (sève d’arbre), le « Kinpun » (diverses poudres d’or), le « Kirigane » (feuilles d’or découpées) et le « Kirigai » (nacre découpée issue de l’ormeau de Nouvelle-Zélande et du grand turban vert).
« Petite Aiguille » : montres dont le prix public se situe entre 3 000 CHF et 10 000 CHF. Les montres connectées sont admises dans cette catégorie.
LAURÉAT 2025 : M.A.D.2 Green de M.A.D. Editions
Le projet M.A.D. Editions a été créé comme un label alternatif et accessible par MB&F. La M.A.D.2 est née de l’esprit d’Eric Giroud – designer, esprit rebelle et ami de longue date de MB&F – et constitue une lettre d’amour à l’esprit sauvage et électrisant de la culture club des années 1990, intégrant une platine de DJ et un éclairage stroboscopique. Elle n’est disponible que par tirage au sort.
Challenge : montres dont le prix public est inférieur ou égal à 3 000 CHF. Les montres connectées sont admises dans cette catégorie.
LAURÉAT 2025 : Natural Stone Tiger Eye In Gold de Dennison
Cette montre ravive un boîtier coussin classique Dennison, rendant hommage à l’élégance des années 1960. Le cadran est en œil de tigre naturel, une pierre choisie pour sa chaleur et ses motifs, chacun étant découpé et poli pour révéler son caractère unique.
Le jury a salué « un exploit en soi » que de produire une telle montre à moins de 3 000 CHF.
Horloge mécanique : instruments mécaniques dont la fonction principale est la mesure du temps, tels que les horloges de parquet et les pendules de table. Les montres-bracelets ne sont pas autorisées dans cette catégorie.
LAURÉAT 2025 : Albatross L’Epée 1839 X MB&F de L’Epée 1839
Albatross propose une fonction de sonnerie des heures – frappant à la fois les heures exactes à l’heure et un coup unique à la demi-heure – et un automate composé de 16 paires d’hélices qui se mettent en action toutes les heures. Un ordinateur mécanique permet au propriétaire de choisir entre le mode fonctionnement complet, le mode silence complet, le mode silencieux avec les hélices en marche, ou uniquement la sonnerie. Il existe aussi un bouton « répétition à la demande » pour répéter le réglage prédéfini de sonnerie/automate ou pour activer les hélices en mouvement continu autonome.
Prix de l’Audace : récompense le meilleur garde-temps en compétition adoptant une approche non conformiste et décalée de l’horlogerie. Il vise à encourager l’audace créative.
LAURÉAT 2025 : Möbius de Fam Al Hut
Le MARK 1 Möbius de Fam Al Hut est un premier opus audacieux qui redéfinit la miniaturisation technique et la conception spatiale en haute horlogerie. Son cœur abrite un tourbillon biaxe de manufacture, logé dans l’un des formats de montre-bracelet les plus compacts jamais créés.
C’est la première fois que la maison chinoise participe à ces prix.
Prix de la Révélation Horlogère : récompense un garde-temps en compétition créé par une jeune marque (moins de dix ans d’existence depuis la commercialisation de son premier modèle).
LAURÉAT 2025 : Horloge Tourbillon St. Petersburg Easter Egg d’Anton Suhanov
L’horloge Tourbillon St. Petersburg Easter Egg d’Anton Suhanov s’éloigne nettement de la tradition. À l’opposé des créations fastueuses de Carl Fabergé, Suhanov a visé le minimalisme et voulu offrir au genre des horloges œuf de Pâques une vision différente, moderne et pertinente.
Cette version demeure mystérieusement en position parfaitement verticale, sans éléments de soutien apparents.
Prix de la Chronométrie : récompense le meilleur garde-temps en compétition se distinguant par des performances de précision remarquables (échappement spécial ou dispositif de régulation distinctif) et officiellement certifié (norme ISO 3159) par un organisme de contrôle tel que le COSC, TIMELAB, l’Observatoire de Besançon, etc.
LAURÉAT 2025 : Calibre 135 G.F.J. de Zenith
Cette montre porte en elle l’histoire de Zenith, qui produit des garde-temps depuis 160 ans. Cette nouvelle version du mouvement reprend les dimensions, l’apparence et l’architecture de son ancêtre. Mais il s’agit d’une réingénierie moderne intégrant des solutions techniques et des matériaux actuels partout où c’est possible.
Prix Spécial du Jury : récompense une personnalité, une institution ou une initiative ayant joué un rôle fondamental dans la promotion d’une horlogerie de haute qualité. Il ne peut être attribué à une montre, ni à une marque en tant que telle.
LAURÉAT 2025 : Alain Dominique Perrin, fondateur de la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain.